Quand les enfants annoncent une mauvaise nouvelle

Quand les enfants annoncent une mauvaise nouvelle

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStockphoto.com

Selon la croyance populaire, lorsqu’un bébé ne se rend pas à terme ou meurt à la naissance, les parents s’en remettent plus vite que s’ils avaient vécu avec l’enfant. Or, les recherches démontrent que les parents peuvent ressentir une grande perte à n’importe quel moment de la grossesse, et que leur chagrin peut être aussi intense que s’ils avaient vécu avec le petit. Pour les parents, un lien affectif s’établit bien avant la naissance du bébé. 

Pour l’entourage, c’est différent, l’attachement n’est pas encore créé. Il est donc difficile pour les proches de comprendre toute la peine ressentie par les parents, et surtout son intensité et sa durée. La peine est pourtant bel et bien réelle. Au cours des semaines qui suivent une telle perte, les parents traverseront immanquablement une période de deuil marquée par toute une gamme d’émotions. Les mêmes qu’à la mort d’un être cher. Leur deuil durera de quelques semaines à plusieurs mois. En général, plus le décès survient à un stade avancé de la grossesse, plus le deuil risque d’être long. Mais peu importe le stade de la grossesse, il est important de ne pas minimiser la douleur que cause la mort d’un bébé à naître. 

Ne soyez pas mal à l’aise de parler de cette perte avec votre fille. Au contraire. Les personnes endeuillées ont besoin de partager le drame qu’elles vivent. Écoutez votre enfant dire sa colère, sa tristesse, son amour pour son bébé perdu, sans la juger. Réconfortez-la aussi. Mais évitez les formulations du genre : «C’est pour le mieux, il n’aurait pas été normal», «T’es chanceuse, tu en as un autre» ou «Vous êtes jeunes, vous pouvez en avoir un autre.» Demandez-lui plutôt ce que vous pouvez faire pour l’aider à traverser cette épreuve. Soyez disponible et attentif à ses besoins. Laissez-lui le temps de faire son deuil. N’insistez pas pour qu’elle se débarrasse vite des objets destinés au bébé et qu’elle démonte sa chambre. Une bonne idée : suggérez-lui de se joindre à un groupe de soutien ou à des forums sur Internet pour parents endeuillés afin de partager son histoire avec des personnes qui comprennent sa douleur. 

Rien n’y fait? Après une telle perte, certaines mères se culpabilisent, se sentent responsables. Elles cherchent les erreurs qu’elles auraient pu commettre. Elles ont l’impression de ne pas avoir été à la hauteur. C’est pourquoi elles n’arrivent pas à faire leur deuil. Si c’est le cas, conseillez à votre fille de consulter un professionnel. Une fois la période de deuil passée, il ne faut surtout pas faire comme si le bébé n’avait jamais existé. Certaines personnes vont en effet tirer un trait sur l’événement afin de ne pas raviver la douleur des parents. Mais pour ces derniers, cet épisode fait partie de l’histoire de leur famille. Il a une place dans leur vie. Acceptez qu’il en soit ainsi. Acceptez aussi que votre fille puisse connaître de temps à autre des petits moments de tristesse, notamment à la date de décès de bébé. Si votre enfant veut en parler, écoutez-la simplement. 

«Il vient de m’annoncer qu’il souffre d’un cancer»

Lorsqu’un enfant tombe gravement malade, c’est toute sa vie, mais aussi celle de ses proches, qui bascule. À la suite d’une telle annonce, vous vivrez donc vous aussi plusieurs émotions, allant du déni à la tristesse, en passant par l’anxiété, la peur et la colère. Normal. Mieux vaut toutefois éviter de les partager avec votre enfant. Pris lui-même dans un tourbillon d’émotions intenses, il n’est pas en mesure de vous écouter ni de vous soutenir. De plus, il risque de refouler ses propres sentiments afin de vous protéger. Cela dit, ne mettez pas vos émotions en veilleuse pour autant. Il est important d’avoir quelqu’un à qui confier ce que vous ressentez. Cherchez du soutien auprès de votre partenaire, de vos proches, de vos amis, d’une association d’entraide ou d’un professionnel. Vous préserverez ainsi votre rôle d’aidant et gérerez mieux la suite des choses. 

Demandez à votre enfant de vous expliquer clairement la situation. L’erreur à éviter : décider de ce dont il a besoin. Si vous vous imposez ainsi, il se sentira envahi. En revanche, si vous attendez qu’il vous fasse signe pour agir, il pourrait percevoir votre attitude comme un geste d’éloignement. Sans compter que les gens malades n’ont pas toujours le réflexe d’aller vers les autres. Pour éviter tout malentendu, demandez simplement à votre enfant de quelle façon vous pouvez l’épauler. Ne vous contentez pas de dire : «Si tu as besoin d’aide, dis-le moi.» Apportez un soutien concret, en fonction de ses besoins et de vos capacités, comme l’accompagner à ses rendez-vous médicaux, faire le marché, aller chercher ses ordonnances, accomplir des tâches ménagères, vous occuper des enfants, préparer des repas à congeler, etc.

Si certaines personnes expriment clairement leurs besoins, d’autres le font difficilement. Dans un tel cas, mettez- vous en mode écoute afin de décoder ce que voudrait votre enfant. S’il vit en couple, discutez-en avec son conjoint ou sa conjointe. Soyez proactif, mais sans être envahissant. N’essayez pas de prendre les choses en main.

Même si c’est bouleversant pour vous, encouragez votre enfant à exprimer ouvertement ce qu’il ressent, mais sans insister. Respectez son rythme et ses silences. Ne vous croyez pas obligé d’entretenir la conversation en sa présence. Être simplement là, tenir sa main, montrer de l’intérêt pour ce qu’il vit, l’écouter, c’est l’aider. Et il vaut mieux ne rien dire que de lancer des paroles du genre: «Ne t’en fais pas, je suis sûr que tout ira bien!» ou «T’es fait fort, tu vas t’en sortir.» En tenant un tel discours, on fait comme si on ne voulait pas entendre parler de sa souffrance. Ce genre de commentaire est davantage fait pour se convaincre soi-même que pour convaincre l’autre. Évitez également de raconter l’expérience du cancer d’une autre personne. Chaque histoire diffère.

Par ailleurs, il se pourrait que votre enfant souhaite un jour discuter de sujets délicats, telles la possibilité que le cancer soit incurable ou la nécessité qu’il rédige rapidement son testament. Soyez prêt. Au besoin, admettez que vous ne savez pas quoi dire ou que vous trouvez difficile de parler de ces sujets. Le dire ouvertement rend la situation moins pénible et ouvre la discussion.

Il minimise la maladie ou refuse de se battre? Il peut s’agir d’une réaction de protection. Inutile d’essayer de le convaincre du contraire. Instaurez plutôt un dialogue afin de comprendre ses motivations. Laissez le temps faire son oeuvre. Enfin, respectez sa vie privée en ne divulguant pas la nouvelle à gauche et à droite et, encore moins, sur les réseaux sociaux. Il n’a probablement pas envie que tout un chacun le sache.

«Mon enfant a perdu son emploi»

La situation vous inquiète. Vous craignez pour la santé financière et, peut-être même, psychologique de votre enfant. C’est normal. Mais inutile de dramatiser. Oui, il a perdu un emploi, mais ce n’est pas l’échec d’une vie. En revanche, il ne s’agit pas non plus de minimiser la situation en disant: «Ce n’est pas grave. Tu vas vite te retrouver du boulot.» Celui qui perd son emploi vivra immanquablement une période plus ou moins longue de doute, d’insécurité, de changement, de remise en question et de deuil (emploi, collègues, prestige, etc.). Votre rôle consiste à l’encourager à exprimer ses émotions, sans le culpabiliser, le blâmer ou le prendre en pitié, et à lui offrir votre soutien. Au besoin, suggérez-lui de consulter un professionnel. 

Il est important de savoir dans quel contexte il a perdu son emploi. Si le licenciement fait suite à des coupures de postes liées à des difficultés financières ou à un remaniement de l’entreprise, l’impact sera marquant, mais moins que s’il est causé par une incompétence ou un mauvais comportement au travail. Si les aptitudes professionnelles de votre enfant ne sont pas en jeu, il n’aura sans doute pas trop de difficulté à trouver un autre boulot. Ce sera peut-être même l’occasion rêvée pour réorienter sa carrière. 

Si possible, évaluez ses ressources financières. Est-il en mesure de survivre durant quelques mois ou, au contraire, peine-t-il à boucler son budget à la fin du mois ? Aider financièrement votre enfant, c’est bien. Mais encore faut-il que vous ayez les moyens de le faire, même sous forme de prêt. Ne mettez pas vos propres finances en péril. Si vous lui proposez votre soutien, établissez des limites quant à la somme et à la durée de l’aide. Ne devenez pas son pourvoyeur. Il pourrait ne pas sentir l’urgence de trouver un travail. C’est un adulte. Il doit regagner son autonomie rapidement. 

Enfin, mieux vaut ne pas lui proposer de revenir habiter à la maison si cela ne vous convient pas. Aidez-le autrement. Par exemple, si vous avez des contacts dans son domaine de travail, guidez-le au moment de ses démarches. Ou encore aidez-le à préparer son CV. 

Merci à Stéphanie Léonard et Josée Jacques, psychologues, ainsi qu’à la Société canadienne du cancer et à l’Institut national de santé publique du Québec, pour leur collaboration.


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