«S’il vous plaît, appelez-moi madame la complice, pas madame la ministre! C’est plus charmant. Ça favorise les rapprochements.» Voilà. La discussion était lancée. Bel Âge Magazine avait demandé une entrevue à Marguerite Blais, députée libérale de Saint-Henri-Sainte-Anne et ministre responsable des aînés.
Qui, dans la Belle Province, ne connaît pas Marguerite Blais? Animatrice radio et télé, conférencière recherchée, porte-parole de plusieurs organismes charitables, elle a fait connaissance avec le milieu des aînés en 1979, lorsqu’elle a animé une chronique radio sur le sujet. En 1987, elle est appelée à siéger à un comité d’étude sur les abus perpétrés contre les personnes âgées. En 2003, elle est nommée présidente du Conseil de la famille et de l’enfance, fonction qu’elle occupera jusqu’en 2007. Quand nous l’avons jointe, madame la complice préparait fébrilement la consultation publique sur les conditions de vie des aînés, vaste exercice qui la mènera aux quatre coins du Québec.
Bel Âge Magazine. Vous avez été présidente du Conseil de la famille et de l’enfance pendant trois ans. Quelle différence y a-t-il avec la fonction de ministre?
Marguerite Blais. J’ai maintenant le pouvoir d’agir concrètement, de faire avancer les choses sur le terrain. J’ai un budget et des ressources. Au Conseil de la famille et de l’enfance, je n’avais qu’un pouvoir de recommandation.
B. Â. Quel est l’objectif de la consultation publique sur les conditions de vie des aînés?
M. B. J’ai voulu donner à la population du Québec une belle occasion de s’exprimer librement sur divers sujets tels que la reconnaissance de l’apport et des besoins des aidants naturels, le soutien à domicile, les solidarités intergénérationnelles, la solitude, l’abus et la violence envers les aînés, ainsi que leur contribution à la société.
Nous allons parcourir 17 régions de la province pour écouter les gens, trouver des solutions à différents problèmes.
Vous savez, les tabous, ça me fatigue. Prenez le vieillissement. Beaucoup de personnes croient qu’en vieillissant, elles n’ont plus de vie affective et ne participent plus au développement de la société québécoise. Quelle erreur! Comme si une personne qui prend sa retraite se coupait automatiquement de son réseau! De plus, le suicide chez les aînés me trouble beaucoup. La consultation publique sera une excellente occasion de faire le point sur cette question dont on parle trop peu. Le Dr Michel Préville, qui a organisé un colloque sur le sujet, sera invité à nous faire part des résultats de ses travaux. Je voudrais aussi que l’on discute des stéréotypes et des préjugés à l’égard du vieillissement.
B. Â. Plusieurs observateurs souhaitaient que l’accent soit mis sur les conditions de vie dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD)…
M. B. Je ne voulais pas que l’on se concentre exclusivement sur cette question, même si elle est fort importante. Au Québec, seuls 3,8% des aînés sont traités en CHSLD. Qu’aurait-on fait des 96,2% qui sont actifs et en bonne santé?
La consultation publique sur les conditions de vie des aînés
B. Â. En juin 2005, la ministre Carole Théberge a présenté le rapport intitulé Une pleine participation des aînés au développement du Québec. Ce document dressait un portrait assez exhaustif de la situation des aînés au Québec. Qu’est-ce que votre consultation publique va nous apprendre que l’on ne sache déjà?
M. B. Comme son nom l’indique, ce rapport dresse un portrait de la participation active des aînés à notre société. On y trouve 17 recommandations, dont une dizaine ont trouvé réponse par le gouvernement. Notre gouvernement compte poursuivre son action et a choisi d’organiser une consultation publique pour planifier les prochaines étapes et pour établir les priorités qui permettront d’améliorer encore davantage les conditions de vie des aînés.
B. Â. Donnez-nous un exemple d’un geste concret fait par le gouvernement.
M. B. Je pense au nouveau crédit d’impôt pour un bénévole qui soutient un aidant naturel. Le gouvernement veut ainsi reconnaître l’action bénévole des citoyens qui soutiennent les aidants naturels. Près de 10 000 personnes devraient profiter de cet encouragement fiscal. Vous en avez parlé dans Bel Âge Magazine (juin 2007). Cette mesure réglera-t-elle les difficultés que rencontrent les aidants naturels? Bien sûr que non. On doit aller plus loin. Regardez les efforts que nous déployons actuellement afin de favoriser le maintien à domicile. Voilà des pas dans la bonne direction.
B. Â. La FADOQ-Mouvement des aînés du Québec a toujours été réticente à la création d’un poste de ministre exclusivement dédié aux aînés. Pour elle, un tel ministère «réduira l’accessibilité à l’appareil gouvernemental pour les associations d’aînés et de retraités». Elle ajoute : «On peut se demander en quoi la nomination d’une ministre “réservée” aura davantage d’impact que le Secrétariat aux aînés et le Conseil des aînés pour sensibiliser les autres ministres aux besoins des aînés.» Que répondez-vous à la FADOQ?
M. B. Je crois que la FADOQ a réagi trop rapidement. Elle craignait que la nomination d’une ministre dédiée aux aînés ne réponde qu’à des considérations partisanes, que ce serait du «remplissage» de promesses électorales, qu’il ne se passerait rien. Au contraire! J’ai des employés et un budget. De plus, 6,4 millions de dollars d’argent neuf par année se sont ajoutés. Cela sans compter l’aide que je peux obtenir auprès de mes collègues ministres. Nous avons les moyens de travailler plus que jamais pour les personnes âgées.
B. Â. Le Conseil des aînés et le Secrétariat aux aînés demeurent-ils en place?
M. B. Absolument. Le Conseil des aînés a pour mission de me conseiller sur toute question qui touche les personnes âgées, notamment quant aux solidarités intergénérationnelles. Il a aussi pour mission de promouvoir les droits des aînés, leur intérêt et leur participation à la vie collective. Pour ce qui est du Secrétariat aux aînés, il fait parti du ministère de la Famille et des Aînés. Son rôle est de mettre en œuvre les mesures que j’implante pour les personnes âgées. Sa mission est aussi de favoriser le développement de la contribution sociale, civique, économique et professionnelle des aînés au développement du Québec.
B. Â. Vous êtes une communicatrice bien connue. Cela vous nuit-il dans votre travail de ministre?
M. B. Au début, ça m’a causé des difficultés, parce que les journalistes trouvaient que j’étais une ministre silencieuse… Même si je suis issue du secteur des médias, je dois apprendre un nouveau métier, celui de ministre, et de ministre… pas silencieuse du tout!
Mise à jour: novembre 2007
Bonjour j’aimerais que vous vous penchiez sur le sujet des communications avec les organismes gouvernementaux. J’ai reçu un communiqué de Retraite Quebec qui dit qu’à l’avenir je n’aurai plus mes relevés papier 1 fois/l’an, je devrai dorénavant aller chercher mes informations moi-même sur internet. Déjà que moi et la technologie c’est pas facile mais je pense à mon père qui lui n’a aucune connaissance ni matériel informatique. Je trouve que ça ouvre la place aux fraudes car ces personnes vont se tourner vers d’autres personnes parfois même des étrangers pour les aider donnant ainsi accès à leurs données personnelles. Merci