Et si on s’entendait mieux?

Et si on s’entendait mieux?

Par Anne-Christine Schnyder

Crédit photo: JD Mason via Unsplash

Communiquer, écouter et être entendu va de soi pour la plupart d’entre nous. Mais la perte progressive de l’audition – qui survient de plus en plus tôt – rend les interactions plus laborieuses et peut finir par nous couper du monde.

«Les gens ne réalisent pas toujours que la surdité a non seulement un impact sur la personne, mais aussi sur sa vie sociale et son entourage», constate l’audiologiste Christine Turgeon, cofondatrice des Cliniques MultiSens. «Quand il s’agit de la surdité due à l’âge, ça se fait tellement progressivement que le quotidien change sans qu’on se rende trop compte que c’est parce qu’on a des problèmes d’audition».

Qu’est-ce que tu dis?

Plusieurs signes peuvent nous faire réaliser qu’on devient dur de la feuille: tendance à s’isoler, à réduire les conversations, à moins répondre si on ne voit pas le visage de l’interlocuteur, évitement des endroits bruyants de peur de répondre n’importe quoi, ne pas entendre l’autre quand on n’est pas dans la même pièce, ou encore faire souvent répéter, énumère Mme Turgeon. Cesser de téléphoner à ses proches, ne plus avoir envie de jouer aux cartes peut aussi indiquer une perte de l’ouïe. «Quand on demande aux gens pourquoi ils ont arrêté telle ou telle activité, ils disent moins aimer ça, mais on se rend compte que c’est parce qu’ils ont du mal à entendre et à suivre les conversations», témoigne l’audiologiste.

Prévenir le déclin cognitif

Quand leur ouïe baisse, beaucoup de gens sont réticents à consulter, puis à porter leur appareil. «C’est encore très stigmatisé: ils associent ça à la vieillesse et ils ont encore l’image des prothèses auditives d’il y a 50 ans», déclare Mme Turgeon. Pour les convaincre de voir un spécialiste, elle conseille de les sensibiliser à l’impact que la baisse d’audition a sur leur quotidien, leur vie sociale, et à quel point ça les isole, petit à petit.

Autre aspect non négligeable, selon l’audiologiste: les études démontrent que les gens qui ont des problèmes de surdité et qui ne sont pas appareillés ont généralement des problèmes cognitifs plus tôt dans leur vie. «Quand on entend moins, on est moins stimulé; c’est pour ça que ça affecte la cognition», dit-elle. À cet égard, mieux vaut agir vite, car plus on vieillit, plus la surdité est sévère et plus on a du mal à s’adapter à la prothèse qui aboutit dans un tiroir. «La surdité continue à progresser avec l’âge, reconnaît Mme Turgeon. Par contre, les gens qui portent une prothèse vont préserver plus longtemps une meilleure compréhension des mots, là encore parce que leur cerveau reste stimulé.»

À bon entendeur...

Les problèmes d’audition concernent près de 700 000 personnes au Québec. Faisant valoir combien notre santé auditive est essentielle à notre équilibre et à notre santé en général, et à quel point il est vital de préserver notre capital auditif, l’association Journée Nationale de l’Audition Québec se bat pour que l’audition soit intégrée aux bilans de santé habituels. D’ailleurs, à l’occasion de sa 3e édition, JNA-Québec propose un dépistage auditif sans frais, le 7 mai, chez de nombreux professionnels à travers la province. Info: journee-audition.ca.

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