Prendre le virage électrique en 10 questions

Prendre le virage électrique en 10 questions

Par Simon Diotte

Crédit photo: iStock

Que faire pour lutter contre les dérèglements climatiques ? Un des gestes qu’un automobiliste peut poser, c’est de rouler en mode électrique. Voici les éléments dont il faut tenir compte avant de dire : bye-bye pétrolières!

En février dernier, Carl Tremblay, 65 ans, a acquis sa première voiture électrique (VE), une Chevrolet Bolt EUV. Six mois plus tard, il est tombé sous son charme. «J’aime sa vitesse d’accélération, son moteur silencieux, son extrême maniabilité. C’est la voiture quasi parfaite», témoigne ce retraité du monde de l’enseignement. 

Ce qui l’a motivé à électrifier ses déplacements ? La réduction de son empreinte carbone. Mais le sexagénaire apprécie également le roulement plus économique de son nouveau véhicule.  «J’épargne 300$ par mois en roulant à l’électricité plutôt qu’au pétrole, ce qui compense le surcoût du VE par rapport aux modèles à essence», dit-il. 

Comme ce Montréalais, de plus en plus de Québécois troquent leur bagnole à essence pour un véhicule électrique. Au 31 décembre 2022, le Québec comptait 170 592 VE immatriculés, ce qui représente 42% du total canadien. L’an dernier seulement, près de 42 000 véhicules électriques se sont ajoutés au parc automobile québécois. Une année record.  

On veut suivre le courant? Voici 10 questions à se poser avant de prendre le virage électrique.  

1. De quelle autonomie a-t-on besoin?

Depuis le début de l’électrification du parc automobile, l’autonomie des batteries constitue un enjeu. Cette préoccupation s’amoindrit toutefois avec les progrès technologiques. «Désormais, presque tous les nouveaux VE possèdent une autonomie de plus ou moins 400 km, répondant aux besoins de la vaste majorité des automobilistes», dit Jesse Caron, expert automobile à CAA-Québec. Au-delà de 400 km, c’est notre vessie qui risque de craquer! Signalons que l’autonomie de certains véhicules dépasse aujourd’hui les 500 km.  

2. Quel est l’impact du froid sur l’autonomie?

En hiver, la baisse d’autonomie varie de 30 à 50%. «Cette chute dépend de la température extérieure et du modèle de voiture, certaines étant plus sensibles au froid que d’autres», prévient Jesse Caron. Mais pour subir une baisse de 50%, il faut qu’il fasse vraiment froid. Et les températures sibériennes se raréfient avec le réchauffement climatique, ce qui peut s’avérer avantageux pour les détenteurs de VE. «Il faut prendre en considération qu’en hiver, rares sont les gens qui parcourent de longues distances. Qui va aux chutes Niagara en janvier? La perte d’autonomie hivernale n’affecte donc pas la majorité des électromobilistes», soutient Simon-Pierre Rioux, fondateur de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). Pour évaluer l’autonomie dont on aura besoin, on tient compte de la longue distance qu’on parcourt le plus souvent, par exemple de la maison au chalet, en considérant que l’autonomie du VE peut chuter de 30% en hiver

3. Peut-on réduire l’impact du froid?

Le couperet de l’autonomie, provoqué par une perte de capacité de la batterie et par les conditions routières hivernales plus difficiles (neige, vent, résistance à l’air, etc.), ne constitue pas une fatalité. Divers trucs existent pour conserver une plus longue autonomie par temps froid. «La meilleure façon de préserver l’autonomie, c’est de recharger le véhicule jusqu’à la dernière minute avant de s’en servir. Le chargement augmente la température de la batterie, ce qui la rend plus efficace», explique Stéphane Pascalon, président du Club Tesla Québec, une association qui promeut l’électrification des transports depuis 2013. Autre truc: préchauffer l’habitacle du véhicule tout en se connectant à une borne de recharge. On puise ainsi l’énergie provenant de la borne plutôt que celle de la batterie. L’entreposage dans un garage s’avère aussi bénéfique. «Une fois sur la route, on utilise les sièges et le volant chauffants plutôt que de réchauffer l’habitacle, qui est plus énergivore, et on diminue notre vitesse de croisière. En roulant à 95 km/h plutôt qu’à 110 km/h, la consommation énergétique baisse radicalement», ajoute M. Pascalon. 

4. Comment calculer le temps de recharge?

À cette question simple, pas de réponse simple, car il existe plusieurs options de recharge.  

  •  Prise de 120 volts: la recharge sera très lente, avec un gain d’environ 6 km par heure. «C’est une solution de dépannage», dit Jesse Caron, de CAA Québec.
  • Bornes rapides: on les désigne aussi comme «bornes de niveau 2». Ce sont celles qu’on installe à la maison et sur les lieux de travail. Branchées sur un circuit de 240 volts (comme une cuisinière), elles augmentent la capacité de la batterie jusqu’à 40 km par heure. «On recharge la batterie durant la nuit et, le lendemain, elle est pleine», mentionne Simon-Pierre Rioux, de l’AVEQ.
  •  Bornes de recharge ultrarapide: aussi désignées par le sigle BRCC, pour «bornes de recharge à courant continu», elles servent de mode de recharge durant les longs déplacements. Leur puissance varie de 50 à 350 kW. À 50 kW, on gagne 240 km et plus d’autonomie par heure. 

5. Combien coûte la recharge?

Au Québec, l’électricité se vend à prix d’aubaine, alors autant en profiter! Le guide Roulons électrique estime qu’il en coûte sept fois plus cher de rouler au pétrole (à 1,75$/L) qu’en mode électrique. Toujours selon cette campagne menée – entre autres – par le gouvernement du Québec, en parcourant 20 000 km, un électromobiliste économise 2810$ par année en frais énergétiques. 

6. Où peut-on recharger un véhicule électrique?

En plus des bornes à domicile, il existe un vaste réseau de bornes publiques au Québec, l’équivalent des pompes à essence dans le monde de l’électromobilité. Le réseau le plus important est le Circuit électrique que pilote Hydro-Québec, avec 4533 bornes de recharge. En ajoutant les autres réseaux privés, le Québec compte 9095 bornes publiques, soit un nombre supérieur aux stations d’essence (2821 stations en 2019). 

7. Combien coûte l’entretien d’une voiture électrique?

Par ici, les économies! Car les voitures sans pot d’échappement sont dotées d’une mécanique beaucoup plus simple, qui facilite leur entretien. Pas de changement d’huile, pas de liquide refroidisseur, pas de courroies... alouette! Il en résulte des économies annuelles de 40 à 50% comparativement à une voiture à essence. «Ça ne veut pas dire qu’on ne visite pas notre garagiste de temps à autre», dit Jesse Caron, de CAA-Québec. Après tout, les pneus s’usent, les essuie-glaces aussi. Quant aux freins, ils exigent une attention particulière, car ils sont moins actifs dans un VE en raison du freinage régénératif, une technologie qui récupère l’énergie du freinage tout en rechargeant la batterie. «Les freins ont donc tendance à rouiller», souligne l’expert de CAA-Québec.  

8. Est-ce que les véhicules électriques coûtent plus cher?

Oui. On est encore loin de la parité. «Malgré les incitatifs financiers, le coût d’un VE reste supérieur à celui des voitures à essence», affirme Jesse Caron. Ce qui dore la pilule, ce sont les économies en énergie et en entretien qui s’ensuivent. «Plus on roule, plus le retour sur investissement se fait rapidement», renchérit Simon-Pierre Rioux.  

9. La batterie tiendra-t-elle le coup?

Les batteries perdent de leur efficacité au fil des cycles de recharge. «Toutefois, les pertes annuelles sont minimes, dit Jesse Caron. On parle d’un à deux pour cent par année.» La plupart des manufacturiers garantissent leur batterie pour une durée de huit ans, ou 160 000 km, et assurent qu’elles conserveront au moins 70% de leur capacité pendant cette période.  

10. Quels sont les incitatifs financiers pour se procurer un VE?

Le gouvernement québécois offre un rabais jusqu’à 7000$ pour l’achat ou la location d’un véhicule neuf entièrement électrique, ainsi que jusqu’à 5000 $ pour l’achat ou la location d’un véhicule hybride rechargeable. Le gouvernement fédéral ajoute à ce montant jusqu’à 5000 $, selon les modèles. Les consommateurs peuvent donc soustraire jusqu’à 12 000 $ de leur facture. Québec offre également une aide financière de 600$ pour l’achat et l’installation d’une borne de recharge à domicile. 

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