Grand-parent confident: pour le meilleur et pour le pire

Grand-parent confident: pour le meilleur et pour le pire

Par Marie-Josée Roy

Crédit photo: iStock

Recevoir les confidences de ses petits-enfants fait partie des privilèges qui viennent avec le rôle de grand-parent, mais encore faut-il trouver le juste équilibre. Voici quelques pistes de réflexion pour bâtir une relation enrichissante. 

Qui ne s’est pas un jour tourné vers un grand-parent pour trouver une oreille attentive? Si les enfants ont parfois tendance à garder leurs secrets à l’abri de leurs parents, certains d’entre eux n’hésitent pas à se confier à grand-papa ou à grand-maman. «Contrairement aux parents, les grands-parents ne représentent pas une figure d’autorité. Ils sont plutôt une figure stable et rassurante», explique Sébastien Grenier, psychologue clinicien, chercheur et professeur agrégé au département de psychologie de l’Université de Montréal. Ne craignant pas une éventuelle punition de leurs grands-parents, les jeunes se confient à eux plus facilement. 

Un rôle privilégié 

Délestés des responsabilités inhérentes au rôle de parent, les grands-parents peuvent miser sur une relation complice avec leurs petits-enfants et obtenir du temps de qualité en leur compagnie. Les jeunes, pour leur part, ont souvent l’impression qu’ils seront moins jugés et mieux écoutés par leurs aïeuls que par leurs parents.

«On sait que les grands-parents sont souvent une source d’affection, d’attention, de sécurité et d’amour. Les enfants seront mieux armés dans la vie en sachant qu’ils peuvent compter sur un grand-père ou une grand-mère, mentionne la psychologue Mélanie Vilandré, fondatrice de la clinique De fil en famille, dans le quartier Rosemont, à Montréal. Il y a aussi toute la transmission de l’histoire familiale, des traditions, de la culture, des recettes, par exemple. Ce lien intergénérationnel-là est très intéressant.»  

Jeunes de cœur 

La création d’un lien privilégié entre papi, mamie et les petits a des effets bénéfiques sur le plan psychologique. «Ça permet une meilleure gestion du stress et ça peut contribuer à réduire l’anxiété et même les symptômes dépressifs. Je ne dis pas que c’est un traitement contre la dépression, mais ça peut remonter le moral de quelqu’un qui se sent déprimé», affirme Sébastien Grenier. De plus, côtoyer les jeunes générations est un moyen en or de rester connecté à un monde qui tourne à vitesse grand V. «Les aînés ne nient pas qu’ils sont en train de vieillir, mais de côtoyer leurs petits-enfants leur permet d’être jeunes de cœur.» Il faut dire que les propos des petits et des ados ont parfois de quoi les surprendre…   

Le choc des générations 

L’enfance et l’adolescence sont des périodes propres au questionnement et à l’exploration, d’où les confidences parfois déconcertantes des principaux intéressés. «Les grands-parents peuvent se sentir inconfortables, surtout s’il y a des différences dans la discipline, la culture, la religion, ou l’éducation», précise Mélanie Vilandré. Comment doit-on réagir si les propos de notre petit-enfant nous déstabilisent ou qu’ils vont à l’encontre de nos valeurs?

«Le premier conseil que je donne, c’est d’écouter sans intervenir, mentionne Sébastien Grenier. Essayer de se mettre dans les souliers de son petit-enfant et ne pas minimiser ce qu’il vit. Celui-ci ne voit peut-être pas la vie de la même façon que son grand-parent. Ce sont deux réalités différentes et ce qui peut sembler anodin aux yeux de papi ou mamie peut être jugé très sérieux par le jeune, comme une peine d’amour, par exemple.»

La curiosité et l’ouverture d’esprit sont des alliées de taille quand on est confronté au choc des générations, comme le précise Mélanie Vilandré. «Il faut être capable de dire: "Même si je ne comprends pas, je t’aime et ça ne doit pas être facile." L’important est de valider leur expérience et leurs émotions, tout en mettant une limite à ce qu’on peut garder comme secret.» 

Motus et bouche cousue ? 

Les confidences des petits-enfants peuvent se transformer en fardeau si on a l’impression que leur santé ou leur sécurité est menacée, d’où l’importance de savoir où tracer la ligne. « C’est vraiment l’intérêt des jeunes qui prime, rappelle Mélanie Vilandré. C’est correct de dire à son petit-enfant que même si on désire préserver ses secrets, on devra en parler à quelqu’un parce qu’on est inquiet pour lui. On peut en parler aux parents de l’enfant si c’est sécuritaire, à un intervenant ou à un employé de son école, par exemple.»

Si la situation le permet, le grand-parent peut aussi jouer les médiateurs entre le petit-enfant et ses parents, mentionne Sébastien Grenier. «Parfois, les jeunes ne savent pas comment le dire à leurs parents, alors le grand-parent peut servir de pont entre les deux parties. L’idée, c’est de trouver un terrain d’entente avec son petit-enfant.» En misant sur la bienveillance, l’ouverture et l’honnêteté, papi ou mamie s’assure de préserver le lien unique qu’il entretient avec son petit-enfant, mais aussi de veiller à son bien-être. N’est-ce pas là le plus important? 

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