Ophtalmologie: coup d’œil sur les cliniques privées

Ophtalmologie: coup d’œil sur les cliniques privées

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStock

De plus en plus de gens se tournent vers les cliniques d’ophtalmologie privées pour être traités. On y songe? Vivement un tour de piste des services offerts pour y voir plus clair.

Les maux du réseau de santé public ne sont plus à démontrer: délais d’attente excessifs, reports de chirurgies électives (non urgentes), pénurie de personnel… Pas étonnant que les demandes pour les services au privé ne cessent de croître, notamment en ophtalmologie. De nombreuses personnes voient dans ces cliniques une porte de sortie pour contourner un réseau engorgé et régler rapidement leur problème.

Le cas de Cécile

Lors de la dernière visite de Cécile chez l’optométriste, celle-ci l’a avisée que ses cataractes avaient progressé considérablement et qu’elle ne pourrait plus conduire le soir si elle ne se faisait pas opérer sans tarder. «Elle a fait une demande au public et au privé pour que je sois rencontrée d’urgence, raconte-elle. J’ai rapidement obtenu un rendez-vous dans les deux cas. La grande différence concernait le temps d’attente pour la chirurgie: il était de moins d’un mois au privé et… de plus de six mois au public! J’ai opté pour le privé.» Un choix qu’elle ne regrette pas.

«Dans le milieu hospitalier, il peut effectivement exister un délai plus ou moins important entre la première rencontre et la chirurgie pour les troubles non urgents, mentionne le Dr Patrick Boulos, ophtalmologiste formé en oculoplastie, directeur médical de la Clinique O et professeur agrégé au département d’ophtalmologie de l’Université de Montréal. La pandémie a créé des retards qu’on tente encore de rattraper. Par exemple, le gouvernement s’est engagé à ce que les chirurgies des cataractes soient réalisées à l’intérieur de six mois, mais la réalité est bien différente.

Dans certaines régions, l’attente dépasse souvent un an. La pandémie a aussi affecté les cliniques privées, qui doivent jongler avec des listes d’attente pour certains soins. Toutefois, il est vrai que les patients nécessitant une chirurgie élective sont traités plus vite dans le privé, généralement en quelques semaines. Par contre, les patients souffrant d’un problème urgent, comme une tumeur, une perforation oculaire ou un décollement de la rétine, seront rapidement pris en charge tant au public qu’au privé.»

Évidemment, le fait de passer plus rapidement n’est pas le seul avantage de faire affaire avec un ophtalmologiste du privé. En règle générale, le médecin a plus de temps à consacrer à chaque patient. Il dispose également d’équipements à la fine pointe de la technologie médicale et esthétique qui facilitent le diagnostic et le traitement. Et le service y est convivial et personnalisé.

Mais d’abord, il faut voir notre médecin ou notre optométriste. Selon le Dr Paul Harasymowycz, directeur médical des cliniques d’ophtalmologie Bellevue et de l’Institut du glaucome de Montréal, un rendez-vous en cabinet privé nécessite habituellement une requête de consultation d’un professionnel de la santé.

Des services pour tous

L’ophtalmologiste est un médecin spécialisé dans le dépistage, le diagnostic et le traitement des maladies et des troubles liés à l’œil et ses annexes. «Plusieurs ophtalmologistes sont également surspécialisés, par exemple en glaucome, en cornée, en rétine ou en oculoplastie, précise Sylvie Gariépy, directrice de l’Association des médecins ophtalmologistes du Québec. L’oculoplastie est une spécialité qui s’intéresse à la fois à la chirurgie réparatrice de l’oeil et à la chirurgie esthétique.»

Cela dit, on pense souvent, à tort, que les cabinets privés sont davantage centrés sur l’esthétique oculaire que sur les soins médicaux. En réalité, ils couvrent tous les domaines. Certaines cliniques se spécialisent dans les services médicaux, d’autres dans les services oculoplastiques et d’autres encore combinent les deux.

Les services médicaux incluent les maladies de l’œil, y compris les cataractes, la dégénérescence maculaire, le glaucome et la rétinopathie. Les services d’oculoplastie regroupent les interventions portant sur les paupières (tumeurs, affaissement des paupières supérieures, entropion, ectropion, etc.), les voies lacrymales (larmoiement chronique), l’orbite et les procédures esthétiques de rajeunissement du regard (blépharoplastie, injection de botox et d’acide hyaluronique, etc.).

«L’oculoplastie corrige également les petites lésions fréquentes comme les marques de naissance, les grains de beauté, les tétines sur les paupières et la sécheresse oculaire», rappelle le Dr Boulos.

«Il faut aussi savoir que les cabinets privés et les hôpitaux collaborent ensemble, déclare le Dr Harasymowycz. Par exemple, si un ophtalmologiste en cabinet diagnostique un trou dans la rétine d’un patient, il peut utiliser un laser pour le refermer et prévenir son décollement. Par contre, si la rétine est décollée, il le référera dans un centre hospitalier.»

Qui paie quoi?

C’est connu: se faire soigner au privé n’est pas donné à tout le monde. N’empêche. Certaines choses ont changé au cours des dernières années.

«Au Québec, la majorité des ophtalmologistes qui pratiquent en cabinet privé participent au régime d’assurance maladie, mentionne Sylvie Gariépy. Par conséquent, plusieurs services offerts sont couverts par la RAMQ et ces frais ne peuvent être réclamés aux patients. Parmi ceux-ci: les frais de consultation, de suivi, de diagnostic et d’interventions médicales incluant la chirurgie. De même, les frais accessoires (ex. ouverture d’un dossier, gouttes oculaires, agents anesthésiants) sont interdits depuis janvier 2017.» En revanche, si on décide de faire affaire avec un professionnel non participant au régime, on devra assumer seul tous les frais. Ces professionnels déterminent eux-mêmes leurs tarifs, de telle sorte que ceux-ci peuvent varier largement d’un endroit à l’autre.

Évidemment, tout n’est pas gratuit. Si on fait appel au privé, il faut s’attendre à délier les cordons de notre bourse pour certains services comme le transport d’un prélèvement (entre 5 $ et 15 $), la rédaction de formulaires, certains examens (ex.: une tomographie à cohérence optique), les chirurgies réfractives, certaines lentilles intraoculaires et certaines techniques d’amélioration de la vue comme la chirurgie au laser. Exemple: si on souffre d’astigmatisme et qu’on souhaite régler ce problème durant notre chirurgie de la cataracte, il faudra défrayer le prix de la lentille correctrice, et plus encore.

«L’intervention au laser et les lentilles toriques m’ont coûté 6 300 $», confie Cécile.
Le Dr Boulos rappelle également que tous les services qui ne sont pas liés à la prévention ou à la guérison de maladies – par exemple dans un but esthétique – ne sont pas couverts par le gouvernement non plus. Bon à savoir: dans le domaine des soins esthétiques, chaque ophtalmologiste établit sa propre grille tarifaire. Par exemple, le coût d’une blépharoplastie (lifting des paupières) peut varier de 3 000 $ à 7 000 $ (incluant les paupières supérieures et inférieures).

Un conseil: prendre le temps de bien s’informer et de poser des questions sur l’inclusion ou l’exclusion des services offerts.

Vidéos