Souffrir d’arthrite n’est malheureusement pas une exception… Plus de 4,6 millions d’adultes canadiens en sont atteints. On prévoit même que ce chiffre passera à 7,5 millions d’ici l’an 2036, soit un adulte sur cinq. Selon Bjillian MacKinnon, spécialiste du développement à la Société de l’arthrite, le terme «arthrite» désigne en réalité plus d’une centaine d’affections différentes touchant les articulations, dont les deux principales formes sont l’arthrose et l’arthrite inflammatoire. Bien malin, toutefois, celui qui pourrait prédire qui en sera atteint: l’arthrite frappe sans distinction d’âge, de condition physique ou d’origine ethnique. Et elle affecte n’importe quelle articulation du corps, provoquant de la douleur, de la raideur et de l’enflure dans la zone touchée.
«L’arthrite peut causer des incapacités importantes et nuire grandement à la qualité de vie des personnes atteintes, ajoute Mme MacKinnon. Même les tâches les plus simples, comme se coiffer, s’habiller ou ouvrir un bocal, représentent un véritable défi. La fatigue qui accompagne les symptômes complique aussi les choses. D’où l’importance d’agir tôt pour empêcher la progression de la maladie.»
Comment prévenir?
Pour l’instant, l’arthrite ne se guérit pas. En revanche, elle se soigne: il est possible de freiner son apparition et de contrôler son évolution. On commence à mieux comprendre les facteurs qui contribuent à son développement. L’arthrite inflammatoire est une maladie d’origine auto-immune ou héréditaire. L’arthrose, quant à elle, est dégénérative, avec une usure graduelle du cartilage recouvrant et protégeant les os. Ce second type d’arthrite est, entre autres, lié à l’âge, à l’obésité, à des blessures aux articulations ou à l’utilisation répétée d’une articulation dans la pratique d’un sport ou au travail. On peut donc la tenir à distance, notamment en protégeant nos articulations.
«Divers moyens diminuent le risque de souffrir d’arthrite dégénérative, explique Bjillian MacKinnon. Adopter une bonne posture en tout temps en est un, de même que l’utilisation d’orthèses, si nécessaire.» Selon la Société de l’arthrite, maintenir un poids santé constitue un autre incontournable, tant de la prévention que de la prise en charge de la douleur arthritique. Un surplus de poids ajoute un fardeau supplémentaire sur les articulations portantes (dos, hanches, genoux, chevilles, pieds). Un surpoids de 4,5 kg (10 lb) suffit par exemple à accroître le risque de souffrir d’arthrose du genou. À l’inverse, perdre seulement 4,5 kg de poids en trop réduit la pression exercée sur les genoux de 18 kg (40 lb)! Autre moyen de contre-attaquer: faire régulièrement de l’activité physique pour préserver la souplesse et la flexibilité des articulations.
Comment soulager?
Heureusement, bon nombre de médicaments atténuent la douleur arthritique. Mais on peut également prendre notre douleur en charge et espacer les crises en modifiant nos habitudes de vie et en recourant à certaines thérapies complémentaires.
-> Les produits naturels
«Combinés au traitement médicamenteux, ils procurent de réels bienfaits aux personnes arthritiques, affirme Jean-Yves Dionne, pharmacien expert en produits naturels. Ils aident, entre autres, à diminuer l’inflammation, à soulager la douleur et à préserver la santé articulaire. Cela dit, les produits de santé naturels ne s’équivalent pas – la qualité peut varier d’une compagnie à l’autre – et certains ingrédients actifs agissent mieux sur certaines formes d’arthrite que d’autres. Ainsi, la glucosamine, le chondroïtine, le méthylsulfonylméthane (MSM) et la membrane de coquille d’œuf (NEM) sont bénéfiques contre l’arthrose, mais moins efficaces contre l’arthrite inflammatoire. Les oméga-3, la vitamine D et le magnésium auront davantage d’impact sur cette dernière. D’où l’importance de s’informer auprès d’un professionnel.» Attention: à l’instar des médicaments, les produits naturels ne guérissent pas l’arthrite, et il peut aussi y avoir des contre-indications et des interactions avec les médicaments.
-> La nutrition
Ce que l’on met dans notre assiette a indéniablement des répercussions sur l’arthrite. «Bien qu’il n’existe pas de régime alimentaire anti-arthrite comme tel, certains aliments contribuent à augmenter l’inflammation, alors que d’autres concourent à la diminuer en neutralisant certaines substances de l’organisme qui la provoquent», précise la nutritionniste Kim Arrey. Pour réduire l’inflammation, on s’inspire du régime méditerranéen en intégrant à notre menu des poissons gras riches en oméga-3, des légumineuses, des fruits et des légumes, des noix et des grains entiers, des produits laitiers (fromage et yogourt) et de l’huile d’olive. On ajoute aussi des fines herbes et des épices, dont du curcuma et du gingembre. Pour s’assurer d’avoir tous les nutriments essentiels – et en bonne quantité –, on se fie aux recommandations du Guide alimentaire canadien. Et on limite les aliments et les boissons riches en sucre et en matières grasses saturées, qui exacerbent l’inflammation. L’important, selon Kim Arrey, c’est de modifier son alimentation graduellement. «En faisant des changements trop radicaux, on risque de se décourager et d’abandonner.»
-> L’activité physique
C’est prouvé: la pratique d’activités physiques adaptées à sa condition atténue la douleur et la raideur, améliore la souplesse, préserve la qualité et la mobilité des articulations, augmente la masse musculaire et retarde la progression de la maladie. Afin d’améliorer la vie des personnes arthritiques, la kinésiologue Naomi Ban, elle-même atteinte de spondylarthrite ankylosante, conçoit des programmes personnalisés pouvant être exécutés à la maison. «Pour obtenir des bienfaits, il faut bouger, idéalement tous les jours, même si on ressent de la douleur, déclare-t-elle. Toutefois, je préconise un ou deux petits entraînements quotidiens de 15 à 20 minutes plutôt qu’un entraînement vigoureux d’une heure deux ou trois fois par semaine. L’activité physique n’a pas besoin d’être intense pour être bénéfique aux personnes arthritiques. Au contraire, elles doivent s’exercer en douceur et écouter leur corps. Au besoin, il est possible de diviser sa période d’activités en courtes séances réparties dans la journée.»
Un bon programme doit combiner des exercices de souplesse et de contrôle articulaire, de renforcement musculaire et d’endurance. «Pour la souplesse, on mise sur des exercices d’amplitude et des étirements, tels la rotation des épaules, l’extension des bras, l’étirement de la poitrine et l’élévation des talons et des orteils, tout en stimulant le contrôle articulaire dans ces amplitudes, explique Naomi Ban. Lors des premières phases de l’entraînement, les exercices de renforcement de la force musculaire ciblent, eux, la stabilisation des articulations douloureuses pour ensuite augmenter progressivement la capacité de production de force dans de plus grandes amplitudes.» On se choisit aussi des activités favorisant l’endurance, comme la marche, les sports aquatiques et le vélo.
-> Les thérapies non médicamenteuses
La fatigue, l’anxiété et le stress augmentent la perception de la douleur. Yoga, tai chi, méditation, techniques de relaxation, massothérapie peuvent alors nous aider… Non seulement ces techniques aident-elles à diminuer le niveau de stress et à détendre les muscles, mais elles permettent également de réduire la douleur et la raideur, d’améliorer la mobilité et de faciliter le sommeil.
-> La thermothérapie
L’application de chaleur ou de froid calme temporairement les articulations douloureuses. «La chaleur est recommandée lorsque les muscles sont douloureux et tendus, note Bjillian MacKinnon. Le froid, lui, convient en période d’inflammation aiguë.»
-> Les autres stratégies
Il faudrait réorganiser nos activités quotidiennes en fonction de notre état, en se réservant, par exemple, des pauses pour relaxer ou faire une sieste. On accomplit les tâches les plus difficiles au moment de la journée où on se sent le plus en forme, en adoptant la technique dite de «distraction», qui consiste à se concentrer sur une tâche ou une activité précise. Comme l’esprit a du mal à focaliser sur plusieurs choses à la fois, cela permet de détourner l’attention de la douleur. On adapte aussi notre environnement à nos besoins. Et on choisit des objets et appareils qui diminuent le stress exercé sur les articulations en minimisant la douleur et les efforts, comme des accessoires munis de grosses poignées faciles à agripper et de longs manches.
Pour en savoir plus: Société de l’arthrite, arthrite.ca.
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