Pour prévenir l’AVC: l’exercice

Pour prévenir l’AVC: l’exercice

Par Richard Chevalier

Crédit photo: iStockphoto.com

L’AVC et les séquelles neurologiques

Il y a quelques années, Jean- Pierre Ferland, alors âgé de 72 ans, a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), qualifié de mineur et qui n’a pas laissé de séquelles neurologiques.

Il n’en est malheureusement pas toujours ainsi et «l’attaque cérébrale», comme on l’appelait jadis, laisse chez plus de 50% des victimes des séquelles neurologiques parfois importantes: paralysie d’un côté du corps, perte totale ou partielle de la parole, de la vision, d’un bras, de la mémoire, etc. Dans le pire des scénarios, l’AVC peut être fatal. En fait, il s’agit de la troisième cause de décès au Québec.

C’est que l’AVC prive une partie du cerveau de sang. Privées d’oxygène, des cellules nerveuses meurent, affectant le fonctionnement normal du cerveau. L’arrêt de l’approvisionnement en sang peut être causé par un caillot vagabond venu boucher une artère du cerveau (AVC ischémique) ou par l’éclatement d’un vaisseau sanguin (AVC hémorragique). Environ 80% des AVC sont d’origine ischémique.

Le rôle de l’exercice pour prévenir l’AVC

Les facteurs de risque associés aux AVC sont sensiblement les mêmes que ceux associés à la maladie coronarienne: taux élevé de mauvais cholestérol causant l’athérosclérose, diabète, hypertension, stress, obésité, tabagisme, abus d’alcool, antécédents familiaux… Après tout, on a affaire au même système cardiovasculaire! La question alors se pose: si l’exercice réduit de façon marquée le risque d’une attaque cardiaque (on parle d’une baisse d’au moins 50%), peut-il en faire autant dans le cas d’un AVC ?

Eh bien oui. Et comme dans le cas de la maladie coronarienne, plus une personne est active physiquement, plus elle diminue son risque d’avoir un tel accident. C’est la conclusion qui se dégage d’une revue de 23 études internationales publiées entre 1966 et 2002. La baisse du risque est de l’ordre de 20% chez les individus modérément actifs et de 27% chez les individus très actifs. Un individu modérément actif fait, en moyenne, l’équivalent de 2 à 3 heures d’activité physique aérobique modérée  par semaine tandis que l’individu physiquement très actif en fera, lui, en moyenne de 5 à 6.

Plus d’exercice, moins de risque d’AVC!

Les auteurs de cette étude, publiée dans la revue Stroke de l’American Heart Association, attribuent cet effet protecteur de l’exercice au fait que la pratique régulière de l’activité physique réduit d’abord immédiatement le niveau de stress et la pression artérielle chez les personnes qui font un peu d’hypertension (75% des AVC sont associés à une pression artérielle trop élevée). Par exemple, 20 à 30 minutes d’exercices aérobiques modérés réduisent dans les heures qui suivent la pression artérielle de plusieurs millimètres de mercure ainsi que la tension musculaire, l’un des symptômes associés à un excès de stress.

L’exercice combat aussi l’athérosclérose en augmentant le taux de bon cholestérol dans le sang. Enfin, il améliore la capacité des vaisseaux sanguins à se dilater. Une étude a même démontré qu’il suffisait de 3 mois d’exercices d’intensité modérée pour réduire le degré de rigidité des artères de 15% à 20% chez les personnes de 60 ans et plus. Ces deux derniers effets facilitent le passage du sang, réduisant d’autant le risque de formation d’un caillot.

D’autres études sont venues confirmer ces résultats spectaculaires. Ainsi, une étude publiée en 2007 et menée pendant 10 ans auprès de 16878 hommes âgés de 40 à 87 ans révèle que les hommes ayant un niveau de condition physique moyen d’une part et élevé d’autre part voyaient leur risque de subir un accident vasculaire cérébral majeur chuter de 63% et 68% respectivement, si on les compare aux hommes ayant un faible niveau de condition physique. Mieux encore, la relation inverse observée entre le niveau de condition physique et le risque de subir ce type d’accident demeure intacte même après avoir fait les rajustements statistiques nécessaires pour tenir compte des autres facteurs de risque comme l’hypertension et le diabète. Par ailleurs, après avoir suivi pendant 9 ans quelque 3300 participants dont l’âge moyen était de 69 ans, des chercheurs américains ont constaté que ceux qui étaient de modérément à très actifs voyaient leur risque réduit de 65% comparativement aux sédentaires.

L’exercice facilite la rééducation après un AVC

L’exercice n’est pas seulement efficace comme moyen préventif, il s’avère aussi un traitement d’appoint qui donne de bons résultats après un AVC. C’est l’une des conclusions tirées par le premier congrès canadien de l’AVC tenu à Québec en juin 2010.

En effet, les études portant sur la période de rééducation post-AVC indiquent clairement que les femmes qui font de l’exercice après un tel accident sont moins dépressives et plus énergiques que celles qui ne font aucun exercice. Ces effets ont une grande importance dans la mesure où l’on se sent souvent déprimé et sans énergie après un tel événement. Le phénomène est d’ailleurs identique après une crise cardiaque.

Une autre bonne nouvelle: il suffit d’un exercice à faible intensité pour réduire les symptômes de dépression et améliorer les résultats de la physiothérapie pendant la phase de récupération chez les patients ayant eu un AVC. Bref l’exercice, pratiqué de façon régulière à une intensité modérée, est l’un des plus importants facteurs préventifs de l’AVC.

Les meilleurs exercices pour prévenir un AVC

Vous l’aurez sans doute deviné, ce sont les exercices aérobiques, parce qu’ils sont les plus efficaces pour réduire les facteurs de risque associés aux maladies cardiovasculaires.  

C’est simple: l’exercice doit solliciter, de manière rythmique, les gros muscles du bassin et des cuisses suffisamment longtemps, soit au moins 10 minutes, pour élever le pouls, vous faire respirer plus rapidement qu’au repos et même vous procurer une certaine sensation de chaleur. Ce type d’exercice, que l’on appelle aérobique, permet à l’oxygène de couler à flots dans les muscles actifs ainsi que dans le cerveau. Un autre point de repère: vous devriez être capable de tenir une conversation pendant l’exercice si vous êtes accompagné.

Des exemples d’exercices modérés? Marche rapide, vélo, jogging et ski de fond sur le plat, exercice sur appareils d’entraînement cardiovasculaire (tapis roulant, machine elliptique, vélo stationnaire, etc.), natation (longueurs de piscine ou aquaforme), raquette, et même montée fréquente d’escaliers.   

Chez les femmes, l’exercice, selon une vaste étude publiée dans Stroke en avril 2010, a le même effet protecteur que chez les hommes. Parmi les quelque 39315 femmes américaines (âge moyen: 54 ans) qui participaient à cette étude étalée sur plusieurs années, celles qui marchent au moins 2 heures par semaine ou qui marchent habituellement d’un pas rapide (plus de 125 pas par minute) réduisaient leur risque de près de 37% comparativement aux femmes qui ne marchaient pas beaucoup.

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