Signer pour se faire entendre

Signer pour se faire entendre

Par Anne-Christine Schnyder

Crédit photo: Thiago Barletta via Unsplash

Célébrée pour la première fois l’an dernier, la Journée internationale des langues des signes, le 23 septembre, vise à promouvoir l’identité linguistique de la communauté sourde et à sensibiliser la population à l’importance des langues des signes pour assurer le respect des droits fondamentaux des personnes sourdes. 

Au Québec, environ 10 % de la population s’identifie comme sourde ou malentendante, et 25 % vit avec une déficience auditive. Ce pourcentage grimpe à 65 % chez les 70 ans et plus*. Qu’on fréquente des personnes malentendantes ou qu’on ait soi-même commencé à moins bien entendre, cette Journée internationale est l’occasion d’en apprendre davantage sur ce moyen de communication et, pourquoi pas, de s’y initier. 

Le fait de ne pas bien entendre, de ne plus pouvoir communiquer, isole et exclut la personne concernée. Or, apprendre la langue des signes avant d’être complètement sourde pourrait l’aider à être moins prise au dépourvu lorsque la surdité survient et, surtout, lui permettrait de continuer à participer pleinement à la société. Par ailleurs, apprendre une nouvelle langue – car oui, c’en est une à part entière – est excellent pour le cerveau et la mémoire!

Daniel Forgues, PDG de la Fondation des sourds du Québec – lui-même sourd de naissance, et pour qui la langue des signes québécoise (LSQ) est la langue naturelle – estime qu’il vaut mieux s’y prendre plus tôt que tard. «Sur le plan cognitif, c’est sûr qu’on apprend beaucoup plus rapidement quand on est jeune. Et comme la LSQ est une langue très visuelle, avec une configuration manuelle et spatiale, c’est vraiment un gros changement pour quelqu’un qui est plus auditif», ajoute-t-il. 

Sur le site de la Fondation, on peut s’initier gratuitement en ligne aux rudiments de la LSQ. «C’est bien pour les gens qui veulent vérifier les signes, mais c’est mieux d’aller en classe et d’avoir des contacts directs avec des personnes sourdes dont la LSQ est la langue maternelle», conseille Daniel Forgues. Cela permet aussi d’apprendre plus vite. L’Institut Raymond-Dewar, notamment, prodigue des cours à Montréal. L’UQAM et l’Université de Montréal aussi, mais leurs cours sont davantage destinés aux gens qui veulent devenir interprètes. M. Forgues, qui a déjà enseigné la LSQ, assure qu’au bout d’un an on commence à être «un peu délié», mais qu’il faut de deux à trois ans, en moyenne, pour signer correctement. «Il y a beaucoup de vocabulaire à apprendre et il faut comprendre le sens de chaque mot, mais c’est vraiment une très belle langue, à la structure riche et complexe.»

Diverses activités de sensibilisation auront lieu à travers la province le 23 septembre. Restez à l’affût! Info: Fondation des sourds du Québec: fondationdessourds.net et courslsq.net; Institut Raymond-Dewar: fondationrea.ca; Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes: reqis.org. * Source: Reqis

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