Le cancer de la prostate, des symptômes au traitement

Le cancer de la prostate, des symptômes au traitement

Par Jacqueline Simoneau, .

Crédit photo: iStockphoto.com

Le cancer le plus souvent diagnostiqué chez les hommes, c’est celui de la prostate. On estime que 25 000 Canadiens recevront un tel diagnostic au cours de l’année 2015. De ce nombre, environ 4 000 en mourront. Ce qui fait de cette maladie la troisième cause de mortalité masculine par cancer, après ceux du poumon et du côlon. La bonne nouvelle: il fait partie des types de cancer qui se guérissent le mieux. En fait, plus de 90% des hommes peuvent espérer une guérison s’il est découvert aux premiers stades. D’où l’importance d’y voir. 

Qu’est-ce que le cancer de la prostate? 

La prostate est une glande de l’appareil reproducteur masculin, dont la forme rappelle celle d’un beigne. Située sous la vessie et autour de l’urètre – le canal qui évacue l’urine et le sperme –, la prostate sécrète le liquide séminal servant à la production du sperme. Le cancer de la prostate survient quand des cellules prostatiques croissent de façon incontrôlée. L’adénocarcinome prostatique est la forme la plus courante. Il représente près de 95% des cas. En général, ce cancer de la prostate se développe lentement. 

Quels sont les symptômes? 

Aux premiers stades de la maladie, le cancer de la prostate est habituellement asymptomatique. C’est pourquoi de nombreux cancers sont découverts par hasard, au cours d’un examen médical de routine ou d’une analyse sanguine. Ce n’est qu’à des stades avancés que la maladie cause problème et douleur, notamment quand la tumeur fait pression sur certains organes, dont la vessie et l’urètre. Étant donné que les nerfs qui sont en cause dans l’érection entourent la prostate, le cancer peut aussi, dans certains cas, provoquer une dysfonction érectile. Par conséquent, si vous éprouvez des troubles urinaires (nécessité d’uriner souvent, besoin pressant d’uriner, miction difficile ou douloureuse, jet faible, etc.), s’il y a du sang dans vos urines, si vous avez de la difficulté à obtenir une érection ou éprouvez de la douleur à l’éjaculation, il est important d’en parler à votre médecin. La plupart de ces symptômes sont liés à des problèmes légers, comme l’hypertrophie bénigne de la prostate et la prostatite, mais ils ne doivent jamais être négligés. 

Les causes et les facteurs de risque du cancer de la prostate

D’après les données actuelles, le déclenchement de la maladie ne serait pas attribuable à une seule cause. Il résulterait plutôt d’une combinaison de facteurs. Certains ont pu être identifiés. 

L’âge 

Le cancer de la prostate touche surtout les hommes de plus de 60 ans. Règle générale, plus un homme vieillit, plus il est susceptible de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate. C’est le facteur le plus fréquent. 

Les antécédents familiaux et les gênes 

Une prédisposition familiale ou héréditaire se rencontre dans environ 15% des cas de cancer de la prostate. Ainsi, les hommes dont le père ou le frère a déjà souffert de ce cancer sont deux fois plus susceptibles que les autres d’être touchés à leur tour. Et plus il y a de proches atteints par la maladie, plus le risque augmente. L’âge auquel le parent proche a reçu son diagnostic a de l’importance: le risque augmente nettement si le cancer est apparu avant la soixantaine. On sait aussi que les porteurs des gènes BRCA voient augmenter leur risque de développer un cancer de la prostate, qui pourrait alors être particuclièrement agressif. 

L’origine ethnique   

Les hommes de descendance africaine sont clairement plus susceptibles de développer un cancer de la prostate, tandis que ceux d’Asie le sont moins. Toutefois, lorsque les Asiatiques migrent vers les pays où la maladie est fréquente, leur risque augmente aussi, jusqu’à devenir égal à celui des hommes de leur nouveau pays. De là à croire que l’alimentation, l’environnement et les habitudes de vie ont une influence, il n’y a qu’un pas. 

L’alimentation  

Selon certaines études, une diète riche en gras, particulièrement d’origine animale, et pauvre en fruits, en légumes et en fibres augmenterait le risque de souffrir d’un cancer de la prostate. Plus encore, elle accélérerait sa progression. 

Le diagnostic du cancer de la prostate

Deux tests permettent de détecter le cancer de la prostate de façon précoce, avant l’apparition des symptômes: le toucher rectal et le test de l’APS (antigène prostatique spécifique). Le toucher rectal consiste à insérer un doigt ganté à l’intérieur du rectum pour palper la prostate et déceler les anomalies (enflure, durcissement, protubérance). Le test de l’APS, une substance produite par la prostate, se fait à l’aide d’une prise de sang. Il sert à mesurer le taux d’APS dans le sang. Attention: un taux élevé peut révéler l’existence d’un cancer de la prostate, mais pas forcément. Il peut aussi être associé à d’autres problèmes de la prostate. 

Bien qu’ils soient utiles, le toucher rectal et le test de l’APS ne suffisent pas pour établir un diagnostic de cancer de la prostate. Seule la biopsie permet de confirmer à coup sûr la présence de ce cancer. On la prescrit quand les résultats des tests sont anormaux. Cette intervention, réalisée par échographie transrectale, consiste à visionner la prostate et à prélever des échantillons de tissus pour les faire analyser. Même s’il ne peut prédire avec précision le degré d’agressivité ou de progression d’un cancer au moment de sa découverte, le pathologiste peut évaluer le niveau de risque du patient atteint grâce, notamment, à l’échelle de Gleason basée sur le type de cellules cancéreuses. L’échelle est graduée de 2 à 10; un grade 2 indique une évolution lente, tandis qu’un grade 10 signifie une évolution très rapide. 

Le dépistage précoce: un sujet controversé

Il faut toutefois savoir que le dépistage précoce du cancer de la prostate chez les hommes asymptomatiques est un sujet controversé dans le milieu médical. Dans la majorité des cas, le cancer de la prostate évolue lentement, surtout lorsqu’il apparaît à un âge avancé. Selon certains, il y aurait donc un risque de surtraiter des cancers qui ne causeront jamais de problème, avec tous les inconvénients que cela comporte. Par ailleurs, plusieurs médecins ne veulent pas rater le dépistage d’un cancer qui pourrait être agressif. Cela dit, les autorités médicales ne recommandent pas d’emblée le dépistage sur une base annuelle, car il n’est pas démontré hors de tout doute que ce procédé permet d’allonger la durée de vie ou de diminuer la mortalité liée à ce cancer. Par conséquent, si vous ne présentez aucun symptôme ni facteur de risque, prenez le temps d’évaluer avec votre médecin les avantages et les inconvénients du dépistage précoce.

Les options de traitement du cancer de la prostate

Le choix du traitement dépend de l’âge et de l’état de santé, ainsi que du stade du cancer et de son agressivité. Le médecin et le patient doivent donc examiner les risques et les bénéfices de chaque option afin de prendre une décision éclairée. 

La surveillance active  

Lorsque le cancer ne provoque pas de symptômes, ne présente pas ou peu de risque de propagation et ne met pas la vie en danger, de plus en plus de médecins préfèrent attendre avant d’entreprendre un traitement. Ils surveillent tout simplement de près l’évolution de la tumeur pour s’assurer que la maladie ne progresse pas. Dans le cas contraire, un traitement sera mis en route. 

La prostatectomie radicale  

Cette opération chirurgicale consiste à retirer la glande prostatique et certains tissus avoisinants. Elle est recommandée quand les cellules cancéreuses n’ont pas migré à l’extérieur de la prostate. La prostatectomie offre de bonnes chances de guérison. 

La radiothérapie  

Elle est parfois préférée à la chirurgie. Comme cette dernière, elle traite les cancers confinés à la prostate. On la suggère notamment aux patients qui ne souhaitent pas être opérés ou qui ne peuvent l’être en raison de leur état de santé. La radiothérapie détruit les cellules cancéreuses au moyen de substances radioactives. Ces dernières peuvent être administrées par voie externe ou interne. La radiothérapie externe consiste à envoyer des rayons radioactifs à travers la peau vers une zone ciblée. En radiothérapie interne, on introduit, sous anesthésie, des microbilles radioactives dans la prostate. 

L’hormonothérapie 

Les cellules cancéreuses ont besoin d’hormones mâles, en particulier la testostérone, pour croître. Ce mode de traitement consiste donc à administrer des médicaments pour priver les cellules cancéreuses de ces hormones, ce qui permet de ralentir considérablement la progression du cancer. L’hormonothérapie contribue aussi à réduire la taille de la tumeur. Ce traitement est souvent utilisé lorsque les cellules cancéreuses ont migré à l’extérieur de la prostate. 

La chimiothérapie 

Elle est réservée aux cancers avancés avec métastases. On administre alors, par injection ou sous forme de comprimés, des agents chimiques afin de détruire les cellules cancéreuses. Le traitement a pour but de ralentir la croissance du cancer, de prolonger la vie et de préserver la qualité de vie. 

Effets des traitements et risques de récidive

Les traitements entraînent-ils des effets indésirables?

Malheureusement, oui. Par exemple, l’ablation de la prostate et la radiothérapie peuvent occasionner une incontinence urinaire et une dysfonction érectile. Toutefois, les fonctions érectiles et urinaires reviennent habituellement à la normale après un certain temps. Dans le cas contraire, il existe divers moyens de gérer ces problèmes. La libido et les orgasmes, eux, sont préservés, sauf dans le cas d’une hormonothérapie. 

Y a-t-il des risques de récidive? 

Plus le diagnostic est tardif, plus le risque de récidive augmente. Pour les hommes atteints d’un cancer de la prostate avec métastases, le taux de récidive est presque de 100%. Pour ceux qui ont subi une intervention chirurgicale ou de la radiothérapie, le taux tourne autour de 20 à 30%. Cependant, contrairement à ce qui se passe dans le cas d’autres cancers, on peut vivre durant des années – en moyenne plus de cinq ans -– avec un cancer de la prostate non guérissable grâce à des traitements ciblés.

Merci au Dr Fred Saad, chef du service d’urologie au CHUM et professeur titulaire de chirurgie et d’urologie à l’Université de Montréal, pour sa collaboration. 


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