Apprendre l’espagnol à 70 ans

Apprendre l’espagnol à 70 ans

Par Christine Fortier

Crédit photo: Collaboration spéciale

L’écrivaine et poète Louise Desjardins a longtemps souhaité maîtriser la langue de Cervantes. Après quelques essais infructueux, c’est en 2013 qu’elle décide de s’y mettre sérieusement, à l’âge de 70 ans, en s’inscrivant à un certificat en espagnol à l’UQAM. Muy bien!

L’intérêt de Louise Desjardins pour l’espagnol remonte à 1962, l’année de son inscription à l’université pour faire une licence ès lettres. L’espagnol figure alors parmi ses cours optionnels, mais elle cesse après un an pour se concentrer sur la littérature.

Celle qui a enseigné pendant 31 ans au niveau collégial, mais qu’on connaît surtout comme poète et écrivaine a tenté deux autres fois de poursuivre son apprentissage de la langue. En 1980, elle suit un cours axé sur les discussions qui ne la mène nulle part, puis en 1998, son fils épouse une Mexicaine. Louise s’y remet pour être capable de communiquer avec la famille de sa belle-fille, mais, en vain, elle ne maîtrise toujours pas l’espagnol.

Et hop à l’université!

«Après des années à m’efforcer d’apprendre à gauche et à droite, j’ai décidé de faire un certificat en espagnol à l’UQAM. Je me suis inscrite en 2013, à l’âge de 70 ans ! J’ai pris un cours, des fois deux par session, et j’ai beaucoup aimé ça. J’étais très motivée et j’étudiais énormément, mais j’apprenais!»

Le point culminant de ses années d’études est arrivé en 2018. «À l’école des langues de l’UQAM, on peut faire un cours à l’étranger qui se trouve être à l’Université pontificale Javeriana à Bogotá, en Colombie. Quand j’ai vu l’information, il me restait un cours à faire pour obtenir mon certificat et j’ai décidé d’y aller. On était une trentaine d’étudiants de l’UQAM à suivre la formation intensive de trois semaines. J’ai adoré ça. J’habitais dans un Airbnb, j’ai pu visiter Bogotá et à la fin des classes, j’ai écrit mon premier poème en espagnol! Ç’a été une expérience enlevante. Les professeurs étaient gentils et j’ai gardé le contact avec celle de Colombie, Irma Torres Vásquez, une des meilleures enseignantes que j’ai eues dans ma vie. Elle posait des questions, nous demandait de dire ceci ou cela et on oubliait qu’on parlait une autre langue. Elle était un exemple de pédagogie incroyable.»

Nouveaux horizons

Louise affirme que réaliser son rêve lui a ouvert tout un univers auquel elle n’avait pas accès avant, notamment en lui permettant de lire les œuvres originales des écrivains de langue espagnole qu’elle aime. «C’est subtil. Ce n’est pas que je sais plus de choses. C’est de l’ordre de je suis plus ouverte à recevoir des choses.»

De nos jours, les rêves de Louise sont plus modestes. «J’aspire à continuer d’écrire et d’aller à mon chalet en Abitibi. Je n’ai plus le goût de voyager, car j’ai des préoccupations par rapport à l’environnement. Je fais le plus d’efforts possible pour le préserver, car je rêve que mes petits-enfants ne soient pas trop touchés par ce qui arrive présentement.»

Vidéos