Le travail de milieu auprès des aînés

Le travail de milieu auprès des aînés

Par Mylen Vigneault

Crédit photo: iStockphoto.com

Qu’est-ce que le travail de milieu?

Le concept de travail de milieu est plus connu dans le monde des adolescents et des itinérants de tous âges. On parle souvent de «travail de rue». Des intervenants se promènent dans la rue, les parcs, les restaurants et autres lieux et approchent une clientèle visée pour les renseigner sur les services qui sont à leur disposition. Pour la clientèle des aînés, c’est le même principe. Toutefois, outre les endroits publics, les intervenants vont aussi à domicile. Faisant du porte à porte dans les HLM, entre autres, ils se font connaître, créent un premier contact, offrent des brochures présentant les services dans le quartier. Selon les secteurs et les organismes qui emploient ces intervenants, l’approche peut varier, mais le but demeure le même: servir de pont entre les aînés et les ressources en tous genres qui peuvent les aider.

À l’heure actuelle, la majorité des intervenants de milieu travaillent sur l’Île de Montréal. Cependant, d’autres villes du Québec emboîtent le pas. C’est le cas, entre autres, de Laval, Coaticook et Sherbrooke. La région de l’Outaouais met aussi en place ce genre de service.

Un rôle important

L’apport des intervenants de milieu est si important. «Parfois, un simple sourire, une heure passée avec une personne aînée peuvent faire toute la différence», confie Marie-Alexandra Major, travailleuse pour ACHIM (Alternatives communautaires d’habitation et d’intervention de milieu) dans les quartiers Ville-Émard et Côte-Saint-Paul, à Montréal. Comme ses collègues des autres territoires, la jeune femme passe donc beaucoup de temps à aborder les aînés et à établir avec eux une relation de confiance. Ainsi, elle peut servir de courroie de transmission entre les ressources disponibles et ses «clients».

Car des ressources, il y en a. Que ce soit pour de l’accompagnement médical, de l’aide pour la «paperasse» et les impôts, de l’aide à domicile, du soutien psychologique, des repas chauds, etc. Sauf que, lorsqu’on reste seul dans son coin, on ne peut pas apprendre à les connaître. De plus, demander de l’aide, quand on a passé toute sa vie à être autonome, ça peut heurter notre fierté. De là l’importance de l’apport des travailleurs de milieu. Ces derniers sont là pour proposer des pistes de solutions, des ressources. Les aînés, eux, décident d’en disposer ou non. Dans cette optique, on ne fait rien à leur place, on ne décide pas pour eux. Au contraire, on encourage l’empowerment, ce qui signifie qu’on stimule leur «goût d’agir» sur leur vie.

Un autre but que partagent les intervenants est de permettre aux personnes aînées de demeurer le plus longtemps possible dans leur milieu. L’idée n’est pas du tout de les «placer». Les CLSC et les organismes communautaires offrent des stratégies qui permettent à bon nombre d’entre eux de rester à la maison tout en conservant une bonne qualité de vie.

L’approche cas par cas

Des approches adaptées à chaque réalité

Sur le Plateau Mont-Royal, la proportion de gens âgés de 65 ans et plus vivant seuls est en constante augmentation. Comme plusieurs d’entre eux ont des difficultés de mobilité, l’intervenant de Projet Changement se rend dans les HLM et coordonne sur place des activités pour les résidants, en collaboration avec une spécialiste en relation d’aide. Il invite aussi ceux qui peuvent se déplacer à se rendre au centre communautaire pour socialiser, prendre des cours, etc. Dans le centre-ville de Montréal, 52,5% des aînés vivent sous le seuil de la pauvreté. Dans les cinq tours des habitations Jeanne-Mance, où résident 550 personnes – en majorité des aînés –, on remarque beaucoup de méfiance. Les gens craignent d’ouvrir leur porte et même de parler à leur voisin. Là-bas, Martine Chabot, intervenante de milieu pour Action Centre-Ville, est accompagnée de soeur Berthe Marcotte, une religieuse de 80 ans qui réside sur place et qui fait ce travail depuis 40 ans! Sa présence rassure les aînés, qui acceptent ainsi plus facilement de discuter avec l’intervenante.

Une réalité parfois dure…

Même si les intervenants de milieu ne décident pas pour les aînés, il peut arriver qu’ils soient dans l’obligation de composer le 911: états de crises, malnutrition, maladies, problèmes psychiatriques, personnes abusées par l’entourage… C’est du cas par cas, chaque quart de travail est différent. Les intervenants sont en état de veille, prennent le pouls de la population aînée dans leur secteur, identifient les personnes à risque d’exclusion. De plus, une personne qui semble en pleine forme une journée peut voir sa vie basculer le lendemain. Il arrive que Martine Chabot donne sa carte à une personne qui va très bien et que cette dernière lui téléphone six mois plus tard en état de crise.

Heureusement, tout n’est pas noir!

Les intervenants sont aussi témoins de superbes réussites. Comme cette dame rencontrée par Marie-Alexandra, qui a retrouvé son estime personnelle après de dures épreuves et qui a amélioré sa qualité de vie de façon extraordinaire en deux mois et demi. Ou cette autre dame qui s’est un jour excusée à Martine Chabot, parce qu’elle n’avait plus le temps de lui parler, préférant rejoindre ses amies. Dans Ville-Émard et Côte-Saint-Paul, Marie-Alexandra est épatée par l’entraide qui existe entre les aînés, de même que par leur forte implication comme bénévoles. Sur le Plateau, des ateliers de communication offerts par Projet Changement ont permis de meilleures relations entre les voisins d’un HLM où il y avait des tensions.

Partout, des aînés se donnent le pouvoir d’agir sur leur existence. Comme le dit Marie-Alexandra, il y a toujours place à l’amélioration dans nos vies. Des personnes de 80 ans lui confient même être plus heureuses maintenant qu’elles ne l’étaient à 50 ans…

Pour en savoir plus sur les ressources disponibles dans votre région:

Mise à jour: décembre 2007

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