Nos conseils pour garder le moral

Nos conseils pour garder le moral

Par Isabelle Bergeron

Crédit photo: Lili Kovac via Unsplash

De la crainte passagère à l’anxiété tenace, la crise que nous avons traversée ces derniers mois n’est pas sans affecter notre moral. Comment tenir le coup, maintenant que la vie reprend peu à peu son cours?

Les conséquences de la pandémie sur notre humeur varient d’une personne à l’autre. Elles changent même d’heure en heure! Quelques points communs ressortent néanmoins. «Les impacts psychologiques dépendent de plusieurs facteurs, explique Christine Grou, directrice de l’Ordre des psychologues du Québec. Mais si on y va de façon macro, il y en a trois très importants.» En premier, le «terrain» biologique et psychologique sur lequel tout se joue: Est-on en bonne santé physique et psychologique? Quelles ressources internes possède-t-on? Est-on du genre à voir facilement le positif? En deuxième, les effets de la crise liés à des pertes: A-t-on perdu un proche ou notre emploi? Éprouve-t-on des difficultés financières? En troisième, l’environnement psychosocial: Est-on isolé? Vit-on des tensions familiales? Peut-on compter sur des amis? Reçoit-on de l’aide, au besoin? 

La plupart du temps, des symptômes liés à l’anxiété surgissent, comme le sentiment de perte de contrôle, des idées obsédantes, l’anticipation du pire ou la peur d’être malade. À différents degrés, l’anxiété nuance nos états d’âme. Chez certains, le découragement, la tristesse, voire la dépression, s’invitent. Et lorsque des tensions familiales mettent de l’huile sur le feu, il y a risque d’explosion. Par-dessus le marché, des excès d’alcool, de drogue ou de nourriture, ou un sommeil en dents de scie pourraient tout faire déborder. Pour plusieurs, l’effet est terrible. «Environ 2 % des gens subiront une décompensation psychotique», avance Christine Grou. Cela signifie qu’ils vivront un épisode grave de problèmes mentaux, comme du délire ou des hallucinations. Souvent, ces personnes étaient déjà malades ou avaient des prédispositions. «D’autres vivront un stress post-traumatique. Je pense au personnel soignant, aux gens ayant vécu un deuil difficile…

 

Des gestes salvateurs

Pour renforcer notre mental face à la crise, on peut:

✓ Se concentrer sur ce qu’on est capable de contrôler. Et non l’inverse. «L’impression de perdre le contrôle peut être très angoissante, admet l’experte. Mais il y a toujours des choses sur lesquelles on a le contrôle. On doit se concentrer là-dessus.» D’où l’importance de conserver sa routine ou de s’en créer une qui encadre de façon rassurante nos pensées et nos actions, et retient notre attention. 

✓ Avoir des projets. Se fixer constamment des objectifs, terminer un casse-tête, planter des fleurs ou essayer une nouvelle recette par exemple, favorise le bien-être. Développer de nouvelles aptitudes, comme le tricot, le dessin ou autre, aide aussi à garder le moral au beau fixe. 

✓ Adopter de bonnes habitudes de vie. C’est important en tout temps, et davantage quand on traverse une période difficile. Le fait de bouger, de bien manger et de dormir suffisamment aide à gérer le surplus de stress et d’anxiété. 

✓ Garder contact. La solitude et l’isolement comptent parmi les contrecoups importants de la pandémie, et peuvent se traduire en véritable détresse psychologique. Les appels téléphoniques ou FaceTime, les «coucous» de loin font du bien. On n’attend pas qu’on nous appelle, on prend les devants. On se donne pour but d’entrer en contact avec quelqu’un sur une base régulière. 

✓ Bien s’informer… mais pas trop. Le bombardement constant d’informations risque de nous stresser, surtout si celles-ci ne sont pas sûres. «Regarder ou lire les nouvelles une fois par jour est suffisant.». L’idéal est de se fier à des sources sûres et bien documentées, comme le gouvernement, la santé publique ou l’OMS. 

✓ Aider les autres. Selon différentes études, cette pratique contribue à améliorer la perception de soi et même à faire augmenter notre indice de bonheur. Prendre des nouvelles d’une amie ou faire les courses pour une personne vulnérable sont des gestes bénéfiques pour les autres et pour nous. 

✓ Développer notre résilience. Cette capacité à résister aux chocs n’est pas génétique. On peut la développer en s’efforçant de voir le côté positif d’une situation, en étant reconnaissant pour ce que l’on a, en réalisant qu’on a déjà surmonté bien des épreuves ou en entretenant une image favorable de nous-mêmes. Tenir un journal intime, se choyer avec de bons livres, des films drôles ou des moments de méditation, cultiver l’indulgence pour soi et pour autrui sont des façons d’y parvenir. Les livres du psychiatre Boris Cyrulnik sont excellents pour nous enseigner la résilience. «L’un des aspects positifs de cette crise sera de réaliser, en tant qu’individu, mais également comme société, qu’on aura été capable de traverser cette épreuve avec beaucoup de résilience, poursuit Christine Grou. Aussi, on aura emprunté des chemins jamais empruntés avant qui nous auront fait prendre conscience, entre autres, de la valeur de certains métiers, de l’importance de la communication et de l’empathie.»


Besoin d’aide?

Ordre des psychologues du Québec à ordrepsy.qc.ca, sur la page du site consacrée à la pandémie, 514 738-1223 ou 1 800 561-1223. 

Espace mieux-être Canada (infos, ressources et séances d’aide gratuites) à ca.portal.gs ou 1 888 417-2074. 

Mouvement santé mentale Québec (ligne d’aide téléphonique) à mouvementsmq.ca ou au 1 866 277-3553.

Tel-Aide (soutien téléphonique) à telaide.org ou au 514 935-1101. 

Réseau Avant de craquer (informations et ressources, notamment pour l’entourage des personnes atteintes d’une maladie mentale) à avantdecraquer.com ou 1 855 272-7837.

Pour la version web:

ordrepsy.qc.ca/coronavirus-covid-19-conseils-psychologiques-et-informations-au-grand-public

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