Chili: un long pays pas toujours tranquille

Chili: un long pays pas toujours tranquille

Par Louise Gaboury

Crédit photo: iStockphoto.com

Au premier contact avec Santiago, le visiteur la devine grouillante et animée. Aux intersections, des jongleurs exercent leur art et des marchands ambulants vendent un peu de tout: fraises, fèves de Lima, asperges et journaux… Dans certains autobus, on propose de l’eau et de la crème glacée. Santiago vibre au rythme de ses marchés, de ses avenues animées, de ses quartiers branchés, comme Bellavista où les terrasses envahissent les trottoirs et où les collines font le gros dos.

Le métro s’avère le meilleur moyen de transport pour circuler en ville. Il est simple, sécuritaire, économique, et moins cher encore en dehors des heures de pointe. Dans le centre, on trouve des rues piétonnes, des marchés colorés, des bars anciens, comme La Piojera, une pléthore de restaurants, le Parque Forestal, rendez-vous dominical des Santiaguinos, le Museo de Bellas Artes, le Teatro Municipal, la Moneda et le palais présidentiel où Salvador Allende a trouvé la mort pendant le coup d’état de 1973.

Le nord sauvage

Sur l’Altiplano, à la périphérie de l’Atacama, le désert le plus sec de la planète, les voyageurs sont surpris par la diversité inouïe des paysages. Sur un périmètre relativement restreint du nord du Chili, se succèdent forteresses précolombiennes en ruines, immenses dunes de sable, canyons mystérieux, oasis verdoyantes, déserts de roches, vastes lacs de sel, quelques villages épargnés par le tourisme et le plus haut champ de geysers du monde!

La «capitale» de ces immenses terres inhospitalières peuplées de moutons, de chèvres, de lamas, d’alpacas et même de flamants roses, c’est San Pedro de Atacama, un village de petites maisons d’adobe alignées le long de quelques rues en terre battue. Désertée par ses habitants d’origine, elle est maintenant repeuplée par une multitude de petits commerçants, épiciers, loueurs de vélos, pourvoyeurs, agences réceptives, restaurants et bars.

Parcours obligé

Parcours obligé

San Pedro de Atacama sert de camp de base pour apprivoiser la région. Le rituel touristique comprend la visite des pukaras (anciennes forteresses) de Quitor et de LaSana et de la cité de Tulor qui, abandonnée quand l’eau s’est tarie, s’apprête, faute de fonds, à disparaître une seconde fois, victime de l’ensablement.

Le labyrinthe coloré de la Vallée de la mort et la Vallée de la lune d’où l’on peut admirer, perchés sur une haute dune de sable, l’éblouissant coucher de soleil qui fait rosir les volcans Licancabur et Juriques, font également partie des must de la région, comme les geysers du Tatio qui s’éveillent aux aurores.

Certains villages, par exemple Caspana où se pratique la culture en terrasses de fruits, légumes et fleurs, n’entendent pas vendre leur âme au tourisme. Les habitants refusent catégoriquement d’être photographiés et l’interdiction s’étend même aux animaux qui traversent ce village de carte postale ! Gardienne d’une église construite par les jésuites en 1611, Chiu-Chiu, sa voisine, est moins farouche.

Au fil des heures et des jours, les images défilent. Ici, un long ruban vert qui suit les méandres capricieux d’une rivière souterraine témoigne d’un effort à demi avorté d’arboriculture. Plus loin, sur la route déserte, de petits troupeaux de chèvres broutent de minuscules touffes de plantes, alors qu’à quelques dizaines de kilomètres de là, au cœur du Salar d’Atacama, des flamants roses viennent nidifier, attirés par la présence d’artémias, ces créatures microscopiques dont ils sont friands et à qui ils doivent leur couleur.

À Toconao, l’eau fournie par la rivière du même nom permet la culture des figues, citrons, abricots, poires et coings. Au milieu de nulle part surgit une croix ou un petit sanctuaire orné de fleurs artificielles soulignant sans doute la disparition d’un être cher à cet endroit. Au loin, les silhouettes capricieuses des formations rocheuses et des montagnes modulent la lumière. Un rocher rouge hérissé de crêtes prend l’apparence d’un dinosaure de bande dessinée…

Que l’on parte à la conquête du Lascar, un volcan encore actif de plus de 16 900 pi (5 200 m) ou que l’on se repaisse béatement de la beauté tranquille des lieux, l’Altiplano chilien en met plein la vue.

La côte

La côte

Le pays étant très étroit (sa largeur moyenne n’atteint pas 200 km), on n’est jamais bien loin de la mer qui n’est qu’à environ 90 minutes de la capitale. La route qui va de Santiago à Valparaiso traverse quelques-uns des vignobles qui ont contribué à la renommée du pays sur la scène vinicole internationale.

Avec ses maisons colorées accrochées aux collines, Valparaiso, dont le nom évoque les voyages au long cours, ressemble à un éblouissant château de cartes. Ses collines surpeuplées semblent sur le point de crouler sous le poids des maisons de bois et de tôle ondulée entassées les unes sur les autres. Un peu de verdure réussit à percer cet enchevêtrement d’habitations. Parfois, ce sont d’incroyables cascades de bougainvillées qui crèvent le paysage. La joie de vivre de Valparaiso explose dans les couleurs qui s’éclatent en murales, graffitis et trompe-l’œil.

L’aspect délicieusement déglingué de cette ville mythique rappelle un peu La Havane, mais il y a des odeurs d’Asie ici. Peut-être le parfum entêtant du jasmin y contribue-t-il…

Il faut, au moins pour la couleur locale, emprunter l’un des funiculaires qui grimpent les collines de Valparaiso, descendre ses rues à pic à défaut de zigzaguer dans ses virages en épingle, flâner sur l’avenida Brazil et s’attarder sur la terrasse de l’hôtel Brighton pour la vue époustouflante, ou au Café Riquet, pour le plaisir!

Vina del mar, voisine de Valparaiso, est une élégante station balnéaire dont le front de mer est bordé de restaurants, la plupart spécialisés dans le poisson. L’avenida Libertad est charmante, comme la Quinta Vergara et son parc. Même si l’eau est froide, le climat est doux. C’est l’endroit idéal pour les longs séjours d’hiver puisque quand on gèle chez nous, c’est l’été au Chili!

Renseignements pratiques

Renseignements pratiques

  • LAN dessert Santiago au départ de New York et programme plusieurs dessertes quotidiennes avec escales vers Calama au départ de Santiago. San Pedro de Atacama est à moins de 90 minutes de route de Calama. Plusieurs hôteliers et pourvoyeurs d’aventures douces incluent les transferts dans leurs prestations.
  • Pour une dizaine de dollars américains, des navettes transportent les voyageurs de l’aéroport de Santiago au centre-ville et aux principaux hôtels. En taxi, la course de l’aéroport coûte une trentaine de dollars US.
  • L’hôtel Grand Hyatt Santiago, situé sur l’avenue Kennedy à proximité d’un immense centre commercial, dans un quartier chic, propose un hébergement luxueux à moins d’une dizaine de minutes de marche de la station de métro Escuela Militar.
  • Un peu à l’extérieur de San Pedro de Atacama, l’hôtel Altiplanico prend l’allure d’un village du désert avec des chambres comme autant de petits bungalows, de beaux jardins et une piscine. Le petit déjeuner est inclus, mais l’hôtel ne sert que des repas légers. Deux ordinateurs branchés sur Internet sont gracieusement mis à la disposition des hôtes. L’hôtel Terrantai, qui propose l’hébergement en pension complète, est situé en pleine ville. Ses chambres sont petites, mais confortables.
  • Propriété d’une Québécoise mariée à un Chilien, le Manoir Atkinson est un petit hôtel de charme situé sur le Cerro Concepción, au cœur du quartier historique et culturel de Valparaíso.
  • On peut facilement utiliser le transport public pour se rendre de Santiago à Valparaiso ou Vina del Mar. Le terminus d’autobus de Santiago est voisin de la station de métro Universitad de Santiago et le trajet prend moins de deux heures. Par contre, pour visiter les vignobles ou Isla Negra, il faudra choisir entre une voiture de location ou une excursion guidée.
  • À glisser dans ses bagages: Chili, publié par Les Guides de voyage Ulysse en 2006.

Mise à jour: octobre 2008

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