À nous, le Machu Picchu!

À nous, le Machu Picchu!

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: Ayesha Parikh via Unsplash

Trésor national du Pérou, le Machu Picchu sait se faire désirer. Les étapes pour y accéder font partie de son charme, comme l’Inca Rail, qui nous emmène de Cuzco à Aguas Calientes. 

Parfois, le voyage vers une destination est tout aussi fascinant que le point d’arrivée. Le Machu Picchu en est un parfait exemple. Cette cité mystérieuse était si bien cachée que les archéologues ne l’ont découverte qu’en 1911. Et encore aujourd’hui, il s’avère impossible d’atteindre le Machu Picchu rapidement, car aucune route ne dessert le village voisin, Aguas Calientes (surnommé «Pueblo Machu Picchu»).

Si certains randonneurs aguerris empruntent le Chemin de l’Inca (un périple qui s’organise à l’avance), il existe heureusement pour les autres l’Inca Rail, qui débute à Cuzco. Perchée à 3400 mètres d’altitude (plus haut que le Machu Picchu), cette ville coloniale constitue l’étape idéale pour s’acclimater à l’altitude tout en se familiarisant avec l’héritage des Incas, dont elle était la capitale de l’empire à son apogée. Plusieurs murs et vestiges d’anciens temples incas côtoient d’ailleurs de belles églises, des musées et des palais de l’époque coloniale espagnole. 

Un passé toujours vivant

Après avoir flâné deux ou trois jours à Cuzco, notre corps et notre esprit sont fin prêts pour la suite. Les deux premières heures du voyage proposé par la compagnie Inca Rail se déroulent en autobus, à travers les petits villages et les zones agricoles de la Vallée sacrée. Très fertile grâce à la rivière Urubamba, cette dernière était déjà très appréciée des Incas, qui en avaient fait leur grenier à maïs et leur potager. Elle nourrit toujours les paysans, qu’on aperçoit labourant leurs champs avec l’aide de bœufs. Air frais des Andes oblige, la plupart sont vêtus de lainages, arborant souvent des chapeaux ronds en feutre ou en paille qui les protègent aussi du soleil, très puissant à cette altitude.

À la gare d’Ollantaytambo, des groupes de paysans arrivent d’un peu partout pour vendre leurs pommes de terre et leurs galettes de maïs, accompagnées de sauces épicées ou de fromage. On y trouve aussi de nombreux kiosques où acheter souvenirs et produits locaux. Les enfants espiègles nous observent sous leurs tuques de laine, tandis que leurs mères proposent leurs ponchos colorés, tissés avec de la laine d’alpaga teinte à partir de plantes poussant dans leurs champs. 

Dès que le train entre en gare, l’excitation nous gagne. Après quelques dernières salutations aux enfants agglutinés sur le quai, nous montons à bord, accueillis par des musiciens qui jouent des mélodies andines à la flûte. Quiconque a lu les albums de Tintin s’attendrait presque à voir surgir le petit Zorrino et son lama! Dans les wagons, des serveurs nous tendent un verre de pisco sour, cocktail péruvien par excellence, composé d’eau-de-vie (pisco), de jus de citron, de sucre de canne et de blanc d’œuf. Les voitures sont toutes munies de grandes fenêtres, de fauteuils de cuir et de tables, fort utiles pour déguster les jus de fruits locaux et les bouchées qu’on nous sert ensuite (en première classe, un repas complet est même offert).

Vers le trésor des Incas

La nature nous réserve le plus beau des spectacles. Au cours du trajet d’un peu moins de deux heures, on découvre montagnes et forêt pluviale, champs en terrasses et vestiges archéologiques. Le train commence par serpenter au milieu des reliefs, le long de la rivière Vilcanota, parfois fort tumultueuse à la saison des pluies. Le passage se rétrécit de façon impressionnante par endroits. Debout sur la passerelle, on se sent presque enserré par ces parois abruptes, entouré de sommets qui semblent se perdre dans les nuages. De là-haut, le train doit ressembler à une mince ficelle, perdue au cœur de cette nature majestueuse. 

Petit à petit, la rivière devient plus sinueuse, et la végétation, plus dense. Le train s’engouffre dans la forêt pluviale, qui nous enveloppe de son nuage d’humidité et de sons tropicaux, jusqu’à notre arrivée au village d’Aguas Calientes, qui doit son nom à ses sources d’eaux thermales. En choisissant le trajet bimodal, on arrive en début d’après-midi, ce qui nous permet de relaxer une nuit sur place. L’occasion de faire une pause à l’hôtel Inkaterra Machu Picchu Pueblo, un des meilleurs écolodges du monde avec ses charmantes villas en pierre et bois locaux, presque camouflées par la végétation. Son restaurant, qui surplombe la rivière Vilcanota, propose plusieurs spécialités péruviennes. 

En dormant sur place, on pourra arriver au site du Machu Picchu à temps pour le lever du soleil: à partir du Pueblo Machu Picchu, il ne nous reste qu’un court trajet en bus sur une route abrupte et tortueuse qui grimpe jusqu’à l’entrée du site, perché à 2438 mètres d’altitude. Nous voilà enfin devant cette majestueuse cité inca, récemment désignée l’une des «sept nouvelles merveilles du monde». Parfois, le sommet du Machu Picchu (la «montagne vieille») a la tête voilée d’un nuage de brume. Puis soudain, quelques rayons illuminent enfin le fameux temple du Soleil et le pic du Huayna Picchu, à l’autre extrémité du site. On découvre alors toute l’ampleur de cette cité: plus de 170 constructions au total, dont des terrasses agricoles, des systèmes d’aqueducs ingénieux, d’anciennes habitations de prêtres et de nobles, ainsi que plusieurs temples. Aussi célèbre soit-il, le site de Machu Picchu conserve encore sa part de mystère, probablement pour laisser à chacun le plaisir de découvrir ses secrets… 

En pratique

Y aller Air Canada et LATAM Airlines proposent des vols vers Lima. Ensuite, il faut prendre un vol interne (75 min) jusqu’à Cuzco. 

Quand? Pendant la saison des pluies (de novembre à avril), il pleut souvent le matin. Par contre, il y a moins de monde et les précipitations rendent le paysage beaucoup plus vert que durant la saison sèche (de mai à octobre).

Où loger? Par exemple aux hôtels Inkaterra La Casona (à Cuzco) ou Inkaterra Machu Picchu Pueblo. Info: inkaterra.com.

Le train Pour le trajet bimodal (train et autobus), les tarifs varient selon la classe choisie et la période de l’année. En février, on peut trouver des billets à partir de 180 $ l’aller-retour. Info: incarail.com.

Plus d’info On se rend sur le site peru.travel/fr pour tous les renseignements touristiques.

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