Lorraine Desmarais: notes de bonheur

Lorraine Desmarais: notes de bonheur

Par Linda Priestley

Comme dans l’histoire d’Obélix, Lorraine Desmarais tombe toute petite dans la marmite musicale. Tellement que la jeune mélomane de six ans sait exactement ce qu’elle deviendra quand elle sera grande: pianiste de concert. «J’ai reçu de la vie ce cadeau extraordinaire, celui de savoir quel chemin emprunter.»

Pour réaliser son rêve, la petite surdouée pratique sans relâche les sonatines classiques. À 12 ans, elle écrit ses premières compositions. Mue par l’envie d’improviser, elle joue aussi à l’oreille des pièces populaires de l’époque entendues à la radio. «J’ai eu la chance d’avoir un professeur extraordinaire, qui m’a enseigné à harmoniser des mélodies.» Pendant ses études de piano classique à l’université, elle écoute pour la première fois les légendaires pianistes-compositeurs de jazz Chick Corea et Oscar Peterson. «Le coup de foudre! J’ai su aussitôt que c’est ce que je voulais jouer après ma formation classique.» Déterminée à concrétiser son projet, elle s’intègre dans des ensembles de jazz et se rend à New York pour étudier avec l’illustre pianiste de jazz Kenny Barron. En 1984, elle se fait remarquer lors du Festival international de jazz de Montréal, où elle remporte le prix du concours de jazz Yamaha. Et sa carrière prend son envol.

Par la suite, influencée par Mozart, Gershwin, Hancock, Ginastera, les deux grandes dames du jazz Joanne Brackeen et Marian McPartland, et tant d’autres, une douzaine d’albums naîtront sous ses doigts de fée, dont Trio Lorraine Desmarais, Big Band et Couleurs de lune. «Je suis une multi-inspirée!» La pianiste se produit également sur des scènes d’ici et à l’étranger. Elle se souvient d’ailleurs avec tendresse de sa toute première tournée de concerts: «En compagnie des Jeunesses musicales du Canada, en 1982, j’ai découvert le Québec, le parcourant jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine. Depuis, je n’ai jamais cessé ce genre d’activité qui me permet de toucher le public par ma musique et d’échanger avec lui.» 

C’est un peu pour briser la solitude, conséquence de toutes ces heures passées devant son piano, que l’artiste acharnée s’est décidée à enseigner en parallèle le piano à ceux qu’elle appelle «mes enfants spirituels», au collège Saint-Laurent. «On me demande parfois si je suis tannée, après plus de trois décennies d’enseignement. Eh bien non! Éduquer – de manière divertissante, bien sûr! – et côtoyer des amoureux de musique d’une autre génération, ça m’enrichit grandement. Entre mes étudiants et moi, il existe un bel échange: je leur fournis le meilleur de mes connaissances et eux m’offrent en retour une écoute attentive et un bel enthousiasme.» 

Le 25 avril prochain, Lorraine Desmarais interprétera le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel avec l’Orchestre symphonique de Laval, sa ville natale. «Ce projet me sort de ma zone de confort… Mais cette pièce, que j’ai d’ailleurs travaillée pendant mes études en piano classique, est tellement parfaite que je la jouerai note pour note, sans improvisation aucune, même si les doigts me démangent!» (rires)

Compte-t-elle rester longtemps active dans le domaine musical? «Absolument! Un métier aussi public, où l’on doit demeurer dans la créativité et la performance, où chaque heure de concert exige une préparation inouïe, c’est qui me garde jeune et dynamique!»

Concert Lorraine Desmarais Classique, le 25 avril à 19 h 30 à la Salle André-Mathieu, à Laval. Réservations: 450 978-3666.

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