Accompagner un jeune dans l’épreuve: mode d’emploi

Accompagner un jeune dans l’épreuve: mode d’emploi

Par Marie-Josée Roy

Crédit photo: iStock

Les enfants et les ados ne sont pas à l’abri des malheurs qui frappent le commun des mortels. Les proches peuvent leur apporter un soutien précieux, à condition de savoir comment s’y prendre. Voici quelques pistes de réflexion et conseils de pros.

Quand un coup dur survient dans la vie d’un jeune, qu’il s’agisse d’un deuil, d’une maladie ou d’une séparation, les grands-parents et autres proches ont d’abord un rôle de soutien envers lui et ses parents.

«Le grand-parent amène le jeune à avoir une stabilité et une acceptation de la situation», explique Louise Grimard, travailleuse sociale et médiatrice familiale. Être présent fait toute la différence pour celui ou celle qui vient d’apprendre une mauvaise nouvelle. «Le rôle du grand-parent, de l’oncle, de la tante, c’est de regarder le jeune, de l’écouter se raconter, de lui dire qu’on est là», ajoute Josée Masson, fondatrice de l’organisme Deuil-Jeunesse et travailleuse sociale.

Un sujet tabou

Même si l’on sent le jeune tourmenté par les bouleversements qui surviennent dans sa vie, il n’est pas toujours aisé d’aborder franchement la question avec lui. C’est pourtant la chose à faire. «Il faut ouvrir le sujet, affirme Louise Grimard. L’enfant sait que les membres de sa famille sont au courant. Il faut lui dire qu’on est conscient qu’il se passe quelque chose d’important dans sa vie. On lui répète qu’on est là pour l’écouter et le comprendre, pour l’aider du mieux qu’on peut.» À partir de là, il ne reste plus qu’à respecter les besoins du jeune.

«C’est à lui de nous dire si on doit éviter le sujet, lui changer les idées ou lui en parler, rappelle Josée Masson. On aborde ça directement avec lui. Chaque épreuve est unique. Dans une même famille, trois enfants touchés par le même décès auront des besoins différents. C’est normal.»

Si l’enfant ou l’adolescent refuse de discuter de ce qui le tourmente, le mieux est de respecter ses limites et de lui rappeler qu’on est présent s’il ou elle a besoin d’en parler. «On comprend et on fait confiance, conseille Josée Masson. Les jeunes vont trouver une façon de s’exprimer que les adultes ne voient pas toujours. Ils vont en parler à leurs amis ou à un professeur ou encore s’exprimer par le sport ou par l’art.»

L’écriture et le dessin peuvent être d’un grand secours quand le jeune ne trouve pas les mots. «Chez les enfants plus jeunes, le dessin est un bon moyen d’expression, souligne Louise Grimard. On peut proposer aux plus vieux d’écrire une lettre à leurs parents ou encore un journal qu’il pourront garder secret s’ils le désirent.»

En l’absence de confidences, les proches du jeune peuvent aussi lui démontrer leur soutien, en lui proposant des activités qu’il aime ou en lui cuisinant son repas préféré.

Écoute 101

Savoir écouter, ce n’est pas rassurer son interlocuteur à tout prix et tenter de trouver des solutions à ses problèmes, mais bien accueillir ses confidences sans poser de jugement. «On s’assoit avec lui et on le regarde dans les yeux. On lui pose les bonnes questions, les vraies questions. On va droit au but de ce qu’on désire savoir. On regarde sa réaction et on l’accueille dans sa réalité», énumère Josée Masson.

En essayant de comprendre ce que le jeune vit et en l’interrogeant sur ce qu’il ressent, on normalise ses émotions. «C’est important de normaliser et non pas de minimiser ou de banaliser ses émotions, précise Louise Grimard. Il doit sentir qu’il y a une tendresse derrière ça, un amour inconditionnel. Parfois, le jeune a juste besoin de se déposer, d’être en retrait. Parfois, il a besoin de s’extérioriser. Il faut respecter ça.»

Comment s’outiller efficacement si l’on craint des émotions fortes? «On craint toujours le pire, mais ça arrive rarement, rassure Josée Masson. La vérité est apaisante, même si elle est douloureuse. On doit laisser réagir le jeune. On s’assoit à côté de lui, on le regarde, on lui amène des papiers mouchoirs. Bien écouter, c’est être capable de tout entendre.»

L’inévitable douleur

Malgré toutes nos bonnes intentions, le jeune confronté à la maladie de papa ou maman, au deuil d’un proche ou à la séparation de ses parents risque d’en souffrir. Qu’on ait 7 ou 77 ans, la douleur est inhérente aux épreuves de la vie.

«Il faut qu’on arrête de vouloir apaiser la douleur à tout prix, affirme Josée Masson. Pour que ça s’apaise, il faut que ce soit aride. C’est nécessaire. Alors que les adultes s’accordent du temps pour avoir mal, les jeunes sont vite ramenés dans la réalité. Ils ont besoin de s’exprimer. Je dis toujours que ce qui ne s’exprime pas s’imprime.»

En acceptant simplement les émotions de notre petit-enfant, de notre neveu, de notre nièce, on sera plus à même de surveiller son évolution… et de sonner l’alarme au besoin. Il est normal que le jeune qui traverse une épreuve soit plus maussade ou moins concentré à l’école, mais une aide professionnelle est parfois requise pour l’aider à cheminer.

«Au début, les changements sont tout à fait normaux, explique Josée Masson. Mais si ça persiste dans le temps et que s’ajoutent à ça des cauchemars, des idées noires, des propos un peu dépressifs, il faut en parler au jeune et lui mentionner notre inquiétude. On peut lui demander s’il a envie d’en parler ou lui proposer une ressource professionnelle.»

Un amour inconditionnel

Accompagner un enfant ou un adolescent qui vit une épreuve est un projet de longue haleine, puisqu’il ou elle aura besoin de nous tout au long de sa vie. «Il faut être là, et pas seulement les premiers jours ou la première année. À long terme, on doit continuer à lui parler de ce qu’il a vécu et à entendre ce qui vient. Il faut lui faire confiance, visiter et accepter ses émotions quelles qu’elles soient», indique Josée Masson. Si le jeune a vécu un deuil, on peut lui proposer de confectionner une boîte à souvenirs ou un album photo du défunt.

«Il faut lui donner une éducation au deuil, lui expliquer qu’il le vivra et le portera toujours en lui. Que les choses seront parfois difficiles, parfois plus faciles. C’est important de le rappeler, car le jeune ne doit pas avoir peur de ses propres sentiments. On doit l’inviter à nous faire part de ses questions et lui répondre sans le juger. On ne doit surtout pas faire comme s’il n’était rien arrivé.»

Des ressources utiles pour les jeunes

Accompagnement au deuil
Deuil-Jeunesse
Deuil des enfants
La Maison des Petits Tournesols

Services d’écoute
Tel-jeunes (1 800 263-2266)
Centre de prévention du suicide du Québec (1 866-APPELLE)

Consultation médicale
• Accueil psychosocial du CLSC
• Service Info-Social, 811, option 2

 

Dernière mise à jour: août 2024

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