Il suffit d’être au belvédère de Lausanne, dans un funiculaire de montagne ou sur une terrasse de Montreux pour se surprendre à souhaiter que toutes les pendules (suisses ou autres!) se figent un moment… Exactement comme les sommets du Jura et des Alpes suisses lorsqu’ils viennent se mirer dans les eaux cristallines du lac Léman. Ici, à quelques kilomètres de la frontière française, la Suisse déploie ses beautés à la verticale: des rives du plus grand lac d’Europe occidentale jusqu’aux pics enneigés des plus hautes montagnes du continent, à plus de 4 000 mètres d’altitude. Inévitablement, nos sens passent en mode «panoramique», tantôt attirés par les hauteurs, tantôt hypnotisés par de douces collines qui ondulent à l’infini, tout en nous renvoyant l’écho des cloches des vaches qui tintent au loin. Mais ce pays est aussi un lieu de belles découvertes plus intimistes, ancrées dans une histoire et un art de vivre uniques.
Douces heures autour du lac Léman
Le lac Léman a joué un grand rôle à l’époque romaine, agissant comme l’un des plus importants liens entre la Méditerranée et la mer du Nord. À l’époque, l’ancienne route d’Italie passait juste derrière le château de Chillon, qui fut d’ailleurs construit pour barrer cette route et y prélever des taxes sur les marchandises. La capitale de ce canton était Lousanna, devenue la charmante Lausanne qu’on connaît aujourd’hui. Bien sûr, les rues piétonnes de la ville sont bordées de boutiques et de chocolateries, mais on y trouve aussi des marchés animés (les mercredis et samedis) et plus de 200 fontaines, où la population peut s’abreuver d’eau de source, depuis le XIIIe siècle. L’une des plus belles, la fontaine de la Justice, trône sur la place de la Palud, juste en face de l’hôtel de ville.
Non loin de là, un pittoresque escalier médiéval en bois mène de la vieille ville jusqu’à la cathédrale, perchée sur les hauteurs. C’est du haut de son beffroi que, chaque soir, Lausanne perpétue une tradition presque aussi vieille que la cathédrale elle-même: de 22 heures à 2 heures du matin, le «guet» de Lausanne (un bénévole) claironne solennellement l’arrivée de chaque heure. Eh oui, au pays des montres et des horloges, c’est une horloge «humaine» qui annonce les heures de la nuit, avec sa seule voix et en direction des quatre points cardinaux.
Nyon, Morges et Montreux
Non loin de là, les villes de Nyon, Morges et Montreux claironnent aussi quelques notes originales. Bien sûr, Montreux attire chaque année un grand nombre de mélomanes grâce à son fameux festival de jazz. De plus, la beauté et la douceur de cette station balnéaire lui ont valu de nombreux résidants célèbres, tels que l’impératrice Sissi, le compositeur Igor Stravinski, le chanteur Freddie Mercury ou encore Charlie Chaplin. Dans la bourgade de Vevey, une statue de Charlot veille sur le lac, non loin de la résidence où vécut l’artiste pendant plusieurs années. Son ancienne demeure est devenue un musée et un cinéma qui devraient ouvrir leurs portes en 2015. On dit que, tout comme Charlot, ce musée nous surprendra en nous faisant découvrir le musicien, l’artiste et l’homme qui se cachaient derrière le personnage.
À côté de Morges, c’est dans le village de Tolochenaz que l’on peut marcher sur les traces de la comédienne Audrey Hepburn. Comme de nombreux résidants l’ont bien connue, son fils a accepté qu’on lui rende hommage au sein de la Fondation Bolle, qui présente plusieurs photos et objets inédits de la grande dame: des costumes qu’elle a portés, des affiches de ses films, des photos d’elle sur les plateaux de tournage, avec ses propres enfants ou lors de ses missions comme ambassadrice de l’Unicef. Le conservateur et son équipe y ajoutent volontiers leurs anecdotes et racontent notamment l’attachement de Mme Hepburn à la Suisse et à la langue française.
Les villes riveraines du lac Léman cultivent la douceur de vivre, aidées en cela par une promenade qui longe partout le lac et est fleurie de dahlias en été. Cette promenade permet d’aller d’une ville à l’autre – à pied ou en vélo – en longeant le château et les vestiges romains de Nyon, les grands hôtels chics et les parcs de Montreux, par exemple.
Puis, au milieu de ces villes élégantes, surgit une autre surprise de taille: les vignobles du Lavaux, qui semblent déjouer les lois de la nature en s’agrippant à des terrasses qui dévalent en pente vers le lac Léman. Ce trésor bien caché figure depuis 2007 au Patrimoine mondial de l’Unesco. En apercevant la quarantaine de terrasses, on imagine le dur labeur qu’elles imposent. Déjà, il y a plus de 1 000 ans, les moines cisterciens entamèrent l’exploitation des vignobles. Puis ils ont été suivis par des générations de vignerons passionnés, qui se définissent eux-mêmes comme des «jardiniers de la vigne». Les vins rouges et blancs du Lavaux proviennent de cépages comme le chasselas, le gamay ou le pinot noir, et certains d’entre eux, ma foi, se défendent plutôt bien. Par contre, leur production étant limitée et très peu exportée hors du pays, il faut venir les goûter ici. On les accompagne de bonnes charcuteries et, en même temps, on se laisse bercer par l’accent chantant des viticulteurs, qui contribue beaucoup au charme de la Suisse romande.
Berne et l’Oberland bernois
Après les vins, place aux fromages! Justement, il suffit de continuer notre route (ou de monter notre vélo sur un train) pour rejoindre l’Oberland bernois, le terroir du fameux fromage emmentaler – ou emmental, si vous préférez. Ce fromage d’appellation d’origine contrôlée doit son nom à la rivière de l’Emme, qui coule au pied du château médiéval de Burgdorf, principale ville de la région. Dès que les tours des châteaux ou des clochers quittent notre champ de vision, on se retrouve au milieu des vaches dont les cloches résonnent un peu partout dans les vallées. On pédale sur les plateaux préalpins, entre des prés qui ondulent à l’infini, jusqu’aux Alpes qui apparaissent au loin. On traverse aussi de nombreux pâturages et des hameaux aux maisons de bois, garnies de balcons fleuris et de toits de bardeaux descendant très bas sur les côtés. Bien sûr, on aperçoit également des fromageries historiques comme celle d’Affoltern, qui a commencé ses activités autour de 1750. On peut visiter la fromagerie de l’époque et celle d’aujourd’hui, où l’on découvre toutes les étapes de production de l’emmental, le produit suisse le plus exporté.
Puis les vallées et les montagnes de l’Oberland bernois nous conduisent à Berne, l’une des plus charmantes capitales d’Europe. À échelle humaine, Berne cultive son originalité de multiples façons. Dès ses débuts, au XIIe siècle, son fondateur le duc Bertold V de Zähringen s’était promis de la nommer d’après le premier animal qu’il chasserait. Et l’animal en question, l’ours, a surpassé son rôle d’inspirateur pour devenir l’emblème de la ville, figurant sur les façades des châteaux de la région et sur tous les drapeaux. Pendant longtemps, il y avait même une fosse aux ours au centre de la vieille ville. Au fil des années, les ours sont devenus les mascottes des Bernois, au point d’inspirer aussi les boulangers, les chocolatiers et les confiseurs, qui ont créé une foule de produits à leur effigie. Ces oursons en brioche, en gingembre ou en chocolat ne manquent pas de nous faire sourire, tout en ajoutant une touche de fantaisie aux marchés de Berne qui se tiennent tous les mardis et samedis matin (presque chaque jour en été). Quant aux véritables ours, ils font encore la joie des familles et des curieux. Après avoir été déplacés trois fois, ils viennent d’hériter d’un parc immense, en bordure de la rivière Aare.
Prenant sa source dans les Alpes bernoises, cette rivière aux reflets turquoise serpente aux pieds de la vieille ville, la partie la plus agréable et classée au Patrimoine de l’Unesco. On trouve là un excellent exemple d’architecture médiévale avec des églises impressionnantes, des tourelles d’angle en encorbellement et des trappes à caves à la lisière des boutiques, elles-mêmes camouflées sous d’élégantes arcades.
Comme à Lausanne, plusieurs rues de Berne sont enjolivées d’anciennes fontaines ornées de figures allégoriques illustrant des légendes ou des coutumes populaires. Certaines – comme la fontaine du lion – suscitent l’admiration, tandis que d’autres – comme celle de l’ogre qui s’en prend à un enfant – provoquent quelques grimaces d’effroi. Mais sur le coup de 16 heures, on délaisse ces fontaines colorées pour se tourner vers le carillon de la tour de l’Horloge, la «Zytglogge». Cette tour est le point de mire de la ville depuis la fin du XIIe siècle, et plus encore depuis l’installation de son carillon, en 1405, qui s’anime à quelques reprises tous les jours depuis plus de six siècles. Un groupe d’oursons ouvre le bal, puis trois chants du coq se font entendre avant qu’un bouffon ne sonne une clochette. À la bonne heure! Non, Berne n’a rien d’une capitale coincée. Et son horloge emblématique est un peu à l’image de la Suisse elle-même : à la fois rigoureuse, efficace et précise, tout en demeurant fidèle et profondément attachée à ses coutumes, autant en ville que dans les montagnes. Car au-delà de ses paysages impressionnants, ce sont ses traditions bon enfant qui nous font découvrir une Suisse humaine, conviviale et certainement très attachante.
Cyclotourisme
La Suisse est réputée pour ses paysages et ses montagnes, dont plusieurs culminent au-dessus de 4 000 mètres. A priori, voilà qui semble peu compatible avec le cyclotourisme. Mais, comme les Suisses ont une grande admiration pour leurs montagnes et qu’ils sont très organisés, ils ont trouvé le moyen de concilier les deux: le vélo électrique. Très facile à utiliser et de plus en plus populaire en Suisse, ce type de vélo (appelé parfois E-bike) nous offre le contact avec la nature en plus d’une petite aide tout à fait bienvenue! On peut ainsi parcourir de plus longues distances dans une journée ou prolonger nos escales, ce qui ne manque pas d’arriver avec toutes les tentations gourmandes que réserve le pays.
Plusieurs régions ont mis en place des circuits bien signalisés et jalonnés de lieux agréables où les cyclistes peuvent recharger leurs batteries, aux sens propre et figuré! L’un des plus beaux circuits, la «Route du coeur», qui traverse une bonne partie de la Suisse centrale, permet de pédaler de Lausanne jusqu’à Berne. Sur cet itinéraire, plusieurs hôtels ou centres d’information touristique sont équipés de bornes électriques pour les vélos. Ce qui ne manque pas non plus? Des fromageries, des pâtisseries ou des restaurants, avec des vues plongeantes sur le lac Léman ou sur les vallées de l’Oberland bernois. De nombreux renseignements à propos de ces circuits sont offerts sur le site www.myswitzerland.com.
Informations pratiques
S’y rendre.
Swiss propose plusieurs vols hebdomadaires entre Montréal et Zurich. Services et nourriture de qualité, plus des correspondances et des formalités d’arrivée très rapides à l’aéroport de Zurich. Lorsqu’on continue en train, la Swiss Fly & Rail permet d’enregistrer notre bagage à l’aéroport et de le récupérer seulement à la gare de notre destination finale. www.swiss.com.
Circuler sur place.
Les trains sont un excellent moyen, d’autant qu’ils sont ponctuels, se rendent partout et sont dotés de compartiments pour les vélos. La Swiss Pass devient vite avantageuse, car elle donne accès au transport en commun dans plusieurs villes et offre des réductions pour plusieurs funiculaires, musées et attraits. 1 800 361-RAIL ou www.raileurope.ca.
Vélo électrique.
Plusieurs entreprises organisent des circuits accompagnés, dont Natures Escapades, dans la région de Montreux (www.natscape.ch), et European Walking Tours, dans l’Oberland bernois. www.walkingtours.com.
Où dormir et manger.
- L’hôtel Victoria. Un Relais & Châteaux dans les hauteurs de Glion-sur-Montreux. Vues sublimes et cuisine raffinée. www.victoria-glion.ch.
- L’hôtel Allegro, à Berne. Chambres modernes et bien équipées, tout près de la vieille ville. www.hotelallegrobern.com.
- Le Café du Grütli. De bonnes fondues traditionnelles, dans un décor chaleureux. 4, rue de la Mercerie, Lausanne. www.cafedugrutli.ch.
- Le Restaurant 45, du Grand Hôtel Suisse-Majestic. Pour un apéro ou un souper en amoureux, en admirant la promenade riveraine de Montreux. www.suisse-majestic.com.
- Le restaurant Au Chalet, à Chardonne, sur les flancs du mont Pèlerin. D’excellentes spécialités suisses, avec vue sur le mont Grammont. www.kempinski.com/mirador.
Deux vignobles qui accueillent les visiteurs.
Le Château de Luins, route du Village, à Luins, dans le canton de Vaud. www.chateau-de-luins.ch/fr.
Le Cellier de la Pierraz, route du Vignoble, à Chardonne, dans le Lavaux. www.vins-forestier.ch.
Renseignements divers.
www.montreux-vevey.com, www.lausanne-tourisme.ch, www.region-du-leman.ch ou, encore, Suisse Tourisme: www.myswitzerland.com.
Merci à Swiss International Air Lines, à l’Office de tourisme de Suisse et à ses partenaires régionaux.
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