Zona: comment éviter les complications?

Zona: comment éviter les complications?

Par Isabelle Bergeron

Crédit photo: Arvin Chingcuangco via Unsplash

Avec 30 000 cas et 600 hospitalisations par année, le zona ne devrait pas être pris à la légère. S’il est difficile de l’empêcher de survenir, on peut en revanche arriver à le contenir! 

«Le zona est causé par le même virus que celui de la varicelle, l’herpès zoster», explique le DAlex Carignan, professeur au Département de microbiologie et d’infectiologie de l’Université de Sherbrooke. Cela signifie que toutes les personnes ayant eu la varicelle – soit à peu près 90 % de la population – sont susceptibles de développer le zona un jour, puisque le virus reste logé dans la racine des nerfs une fois l’épisode de varicelle terminé. D’ailleurs, les boutons qui apparaissent lorsque le zona se manifeste ressemblent beaucoup à ceux de la varicelle. Ces petites vésicules rouges se remplissent de liquide et se logent le plus souvent en grappes sur le thorax (50 % des cas), le dos ou le visage, même si elles peuvent toucher toutes les parties du corps, toujours d’un seul côté. Le virus s’étendra le long d’un nerf ou d’un ganglion nerveux, provoquant d’abord une rougeur et une sensation de brûlure (on décrit parfois le zona comme une «ceinture de feu»).

Ces lésions douloureuses peuvent s’accroître assez rapidement. «Les gens évoquent souvent une sensation de brûlure ou même de coups de poignard», mentionne le Dr Carignan. Un épisode de zona dure jusqu’à deux ou trois semaines, mais une certaine douleur peut persister plus longtemps. Le zona peut apparaître au niveau du visage, et parfois des yeux (zona ophtalmique) ou des oreilles (zona auriculaire). «Dans le cas du zona ophtalmique, on aura souvent mal à la tête et l’impression d’avoir des grains de sable dans les yeux.» Si on éprouve ces symptômes, mieux vaut consulter notre médecin ou un ophtalmologiste, qui pourra poser un diagnostic et prescrire un antiviral, au besoin. L’atteinte auriculaire, beaucoup plus rare (130 cas sur 100 000, selon la Clinique Mayo), se traduit par des douleurs à l’oreille, des bourdonnements, voire une paralysie temporaire du visage.   

Qui est concerné?

Le zona n’est pas contagieux, mais le liquide à l’intérieur des vésicules, oui! Si on en est atteint, il faut se montrer très vigilant, en évitant notamment tout contact avec les femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes immunodéficientes et celles qui n’ont jamais eu la varicelle, plus vulnérables à la contagion.

Puisqu’on est à peu près tous concernés, comment le zona choisit-il ses victimes? «Les risques augmentent beaucoup après 60 ans, et plus encore à mesure qu’on vieillit.» Après 50 ans, les risques commencent à augmenter. À 85 ans, environ une personne sur deux aura traversé au moins un épisode de zona. L’affaiblissement du système immunitaire, un stress important, la fatigue… Tout cela peut jouer en faveur de la réactivation de l’herpès zoster. Les personnes âgées, immunodéprimées ou qui reçoivent des traitements de chimiothérapie y sont particulièrement vulnérables.

«Actuellement, seul le vaccin prévient la maladie, précise la Dre Chantal Sauvageau, médecin-conseil en maladies infectieuses à l’Institut national de santé publique du Québec. L’unique autre acte qu’on puisse poser est de maintenir notre système immunitaire le plus fort possible. Mais là encore, le zona demeure aléatoire: on pourrait être en santé, avoir un bon système immunitaire et quand même le développer.» 

Le traitement à suivre

Comme pour plusieurs affections, plus on traite le zona rapidement, meilleures sont les chances de le contenir et de prévenir les complications. «Les gens tardent souvent à consulter, relève le Dr Carignan, alors que si on voit un médecin dans les deux ou trois jours après l’apparition des premiers symptômes, on réduit vraiment le risque de complications et la durée de la maladie.» 

Élancements, rougeurs, frissons, maux de tête, nausées: ces symptômes se manifestent souvent avant même l’éruption de pustules. Aussitôt qu’ils se produisent, on n’hésite pas à consulter. S’il s’agit bien de zona, le médecin nous prescrira fort probablement un antiviral. Ce dernier permet de réduire la douleur aiguë, la durée de la maladie et les éventuelles complications. Des analgésiques pourraient être prescrits en complément. Selon l’Association québécoise de la douleur chronique, des techniques telles que la méditation, la relaxation, l’acupuncture et la thérapie cognitivo-comportementale contribueraient aussi à atténuer la douleur et aideraient à mieux la supporter. 

En trois ou quatre semaines, les lésions ont généralement disparu; peut-être un peu plus vite si on a été traité rapidement. Et qu’on se rassure: on a peu de risques de revivre l’expérience. Les cas de récidive sont en effet de moins de 5 %. En revanche, il faudrait revoir le médecin si, après plus d’un mois, la douleur persiste ou que les lésions ont empiré. 

Prévenir les complications

Une des complications possibles est la surinfection des lésions, mais elle se soigne somme toute assez facilement avec la prise d’antibiotiques. Certaines mesures d’hygiène peuvent aider à la prévenir (voir l’encadré).  Cela dit, d’autres complications sont plus invalidantes. «Le zona n’est pas une maladie banale, insiste le Dr Alex Carignan. Ce qu’on redoute le plus, ce sont les névralgies post-herpétiques, qui causent une douleur très intense et persistante, parfois durant des mois.» Il s’agit de la complication la plus fréquente: environ 10 % des personnes aux prises avec le zona en souffriront. En plus de la douleur, l’isolement, l’anxiété et la dépression assombrissent souvent le tableau.

Les risques d’être victime de cette complication augmentent avec l’âge. Et même le fait d’avoir pris des antiviraux rapidement après l’apparition des premiers symptômes du zona ne les annihile pas complètement. Bien que la névralgie puisse être soulagée à l’aide d’antidépresseurs tricycliques, voire d’opiacés, cette condition demeure vraiment difficile à vivre. Seule façon connue de l’éviter? Les antiviraux prescrits sans délai. 

Mieux vaut aussi se montrer vigilant à l’égard du zona ophtalmique: s’il s’aggrave, il peut entraîner une trop forte pression sur l’œil et toucher la cornée. «Non seulement on pourrait développer des troubles de vision, mais, bien que ça soit rare, on risque même perdre la vue», souligne le Dr Carignan. Ici encore, réagir rapidement est essentiel. Dès que le zona se manifeste sur le visage, on consulte! Des gouttes anti-inflammatoires pourraient procurer un certain soulagement, mais sans traitement antiviral, il est impossible de prévenir les complications. Même chose si la maladie affecte notre oreille: si la situation dégénère, on risque de perdre l’ouïe ou d’avoir le visage paralysé de façon permanente. Heureusement, cette complication ne survient que dans moins de 1 % des cas, tout comme d’autres problèmes neurologiques tels l’encéphalite et la méningite.

En 2017, l’American Stroke Association révélait les résultats d’une étude faite sur 35 000 personnes ayant eu le zona entre 2007 et 2015. Les gens qui contractent le zona auraient jusqu’à 60 % plus de probabilités de subir un AVC. Cette augmentation des risques durerait jusqu’à six mois après un épisode de zona, puis diminuerait par la suite. Selon l’organisme, la vaccination serait la meilleure façon d’amoindrir cet effet néfaste, sinon de l’éviter.

Le point sur les vaccins

À l’heure actuelle, il existe deux vaccins pour prévenir le zona: le Zostavax et le Shingrix. Le premier est composé du virus affaibli et son taux d’efficacité est d’environ 50 %. «Ce pourcentage est encore plus bas chez les personnes âgées, note la Dre Chantal Sauvageau. Cependant, il réduit d’environ 70 % les risques de complications si on développe le zona. Le problème avec ce vaccin est que, s’il est administré à une personne dont le système immunitaire est affaibli, elle risque de contracter la maladie.» 

Contrairement au Zostavax, le Shingrix, homologué en 2017, est un vaccin inactivé. On ne risque donc pas de développer le zona après l’avoir reçu. Qui plus est, il réduirait de 90 % les risques d’avoir la maladie, peu importe l’âge, et cette immunité persiste pendant plusieurs années. Outre les possibles rougeurs, gonflements et démangeaisons à l’endroit où on a été piqué, le Shingrix ne semble pas avoir d’effets secondaires significatifs. Les gens âgés de 50 ans ou plus peuvent aller se faire vacciner, mais il leur faudra payer environ 250 $ pour le Zostavax et 350 $ pour le Shingrix. Ce vaccin pourrait éventuellement devenir gratuit pour les personnes plus à risque, car l’Institut national de santé publique a récemment émis des recommandations en ce sens. 

Si on a déjà eu un épisode de zona ou qu’on a déjà reçu le Zostavax, on s’informe auprès de notre médecin pour savoir si on peut recevoir le plus récent vaccin. Par ailleurs, si on n’a jamais contracté la varicelle, aucun des deux vaccins contre le zona n’est nécessaire. Peut-être pourrait-on par contre songer à se faire vacciner contre la varicelle, une autre question à aborder avec notre médecin. 

8 mesures à prendre 

1 On se lave souvent les mains.

2 On se coupe les ongles et on évite de se gratter.

3 On choisit des savons non parfumés. 

4 On peut utiliser un antiseptique local pour éviter la surinfection des lésions (on se renseigne auprès de notre médecin ou du pharmacien).

5 On privilégie les vêtements amples pour limiter les frottements.

6 On ne met pas de pansement sur les lésions.

7 On peut appliquer de l’eau froide pour soulager les lésions.

8 On vérifie régulièrement l’état des lésions afin d’éviter l’infection.

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