Mal de dos: qui voir pour régler ses problèmes?

Mal de dos: qui voir pour régler ses problèmes?

Par Anne-Christine Schnyder

Crédit photo: Toa Heftiba via Unsplash

Fatigué d’endurer des maux de dos récurrents? En plus du médecin généraliste, cinq spécialistes peuvent nous aider à les soulager. 

1 Le rhumatologue

Il diagnostique et traite les pathologies perturbant le bon fonctionnement du squelette et de l’appareil locomoteur: les problèmes rhumatologiques, inflammatoires, auto-immuns, et diverses atteintes musculo-squelettiques. Notre médecin de famille peut nous référer à un rhumatologue si on ressent des douleurs ou des limitations fonctionnelles au niveau de la colonne vertébrale, des os, des articulations ou des muscles, si on a les symptômes d’une maladie rhumatismale chronique, des douleurs articulaires persistantes, de l’arthrose, de l’ostéoporose, une polyarthrite rhumatoïde, du lupus ou des maux de dos en général.

Pour poser son diagnostic, le rhumatologue interroge le patient et procède à un examen clinique rigoureux. «Pour des douleurs au dos, on s’assure qu’il n’y a rien d’aigu ni de symptômes inquiétants associés, comme de la fièvre, une perte de poids ou des symptômes neurologiques», précise la Dre Isabelle Deschênes, rhumatologue à l’Hôpital du Haut-Richelieu, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Il prescrira au besoin des examens complémentaires plus poussés, dont des radiographies ou des analyses biologiques s’il suspecte une maladie inflammatoire.

Les douleurs lombaires (bas du dos) sont fréquentes chez les gens de 50 ans et plus, confirme la spécialiste. «Elles dérangent les activités quotidiennes, quand les personnes sont debout ou qu’elles marchent longtemps, et ces douleurs sont majoritairement dues à l’arthrose, c’est-à-dire l’amincissement progressif du cartilage entre les os des vertèbres.» Dans ce cas, le rhumatologue suggérera la prise d’acétaminophène si notre état de santé le permet. «Ça peut être un bon traitement de base pour ces douleurs-là.»

Sinon, son intervention consistera essentiellement à prodiguer les conseils suivants: appliquer de la chaleur localement, limiter certaines activités pouvant exacerber les douleurs, perdre du poids en cas d’embonpoint et maintenir une bonne forme physique. «Si on est plus actif, la musculature est plus en santé et soutient mieux les os et la colonne. Ça peut aussi aider, à long terme, à contrôler les douleurs.»

La réponse au traitement étant variable d’une personne à l’autre, certaines seront soulagées, redevenant très fonctionnelles, alors que d’autres éprouveront une douleur persistante. «Si l’approche de base ne fonctionne pas, on a d’autres échelles de traitement, comme des infiltrations ou des interventions en physiothérapie, ostéopathie ou acupuncture, et d’autres médicaments.»

Info: Association des médecins rhumatologues du Québec, à rhumatologie.org.

 

2 Le physiatre

Tout comme le rhumatologue, le physiatre est spécialisé dans le système musculo-squelettique, mais il se consacre davantage «au côté non inflammatoire et non associé au système immunitaire, et plus à ce qui est mécanique, comme la médecine sportive, la réadaptation des accidentés et des traumatismes sévères, dont les paraplégiques», mentionne la Dre Deschênes. Pour être vu par un physiatre, une requête du médecin spécialiste ou généraliste est nécessaire.

Info: Association des physiatres du Québec, sur le site de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, à fmsq.org.

 

3 Le chiropraticien

La chiropratique vise le traitement et la prévention de problèmes de nature neuromusculosquelettique par des ajustements vertébraux et articulaires. «Notre particularité, c’est d’aider le système nerveux à mieux fonctionner. En le dégageant par notre travail sur la colonne vertébrale, on aide la santé en général et on peut avoir une action sur une panoplie de maux», résume le Dr Guillaume Corbin, chiropraticien et vice-président de l’Association des chiropraticiens du Québec.

La plupart du temps, on fait appel à un chiropraticien pour des maux de dos, mais aussi de cou ou de tête. «Ça peut être pour une sciatalgie, une hernie discale, un point entre les omoplates, de l’arthrose, ou parce que les gens ont fait une chute et se sentent bloqués. Certains consultent de manière préventive, pour faire vérifier l’état de leur colonne vertébrale.»

Par sa formation, le chiropraticien peut poser un diagnostic, prescrire au besoin des radiographies et les analyser. «Les traitements et recommandations sont très différents selon le diagnostic. Depuis les 20 à 30 dernières années, le nombre d’approches et de techniques qu’on peut utiliser a grandement évolué. On adapte nos soins en fonction des gens et de leur état», explique le Dr Corbin. La durée du traitement varie aussi. «On peut se sentir soulagé après une visite ou plusieurs semaines; ça dépend de la persistance du problème. Une hernie discale est plus dure à traiter qu’un simple blocage articulaire.»

En phase aiguë, «parce que le corps humain a le réflexe de se contracter quand il a une blessure, on suggère une ou deux séances par semaine au début, pour prendre rapidement le dessus et permettre la guérison des tissus. Et on se donne du temps, car si le problème n’est pas traité correctement, il reviendra facilement.»

Info: Ordre des chiropraticiens du Québec, à ordredeschiropraticiens.ca et chiropratique.com.


4 Le physiothérapeute

«La physiothérapie moderne est beaucoup orientée sur l’éducation, la thérapie manuelle et la prescription d’exercices physiques spécifiques pour améliorer l’état du patient, le stabiliser ou éviter qu’il s’aggrave», affirme Martin Lussier, physiothérapeute et associé du Groupe PhysioExtra. De plus en plus appelés en renfort des physiatres, dont le manque est criant au Québec, les physiothérapeutes peuvent évaluer le patient et orienter le plan de traitement.

Les maux au bas du dos sont multifactoriels et constituent un motif de consultation très fréquent en physiothérapie. «Il peut y avoir une origine posturale, traumatique ou biomécanique, indique le spécialiste. Chez les 50 ans et plus, le problème est habituellement postural ou d’origine mécanique, souvent causé par les changements corporels dus au vieillissement, à la diminution de la masse musculaire, à une plus grande sédentarité ou à des mouvements inadéquats et répétitifs.»

Quant au traitement, le meilleur outil du physiothérapeute est l’éducation. «On prend le temps d’expliquer le problème au patient, on lui donne des conseils pour modifier ses habitudes de vie et sa posture, l’amenant ainsi à un niveau de connaissance qui lui permet de participer activement à sa réadaptation, à son rétablissement, mais aussi à la prévention d’éventuels maux ultérieurs.» Le physiothérapeute fera aussi de la mobilisation, soit de la thérapie manuelle douce. «On ne parle pas de massage; on aide au relâchement des tissus mous et des muscles.»

Dans le cas d’une lombalgie simple, par exemple, il faut compter de trois à cinq rencontres en physiothérapie pour diminuer, voire enlever la douleur. «On peut aussi s’attendre à une amélioration des capacités physiques, de l’énergie et de l’équilibre, et donc à une diminution des chutes.» En complément à ses propres traitements, le physiothérapeute peut au besoin référer le patient à d’autres professionnels, dont des kinésiologues et des massothérapeutes.

Info: Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec, à oppq.qc.ca.


5 L’acupuncteur

Utilisée depuis des milliers d’années en médecine traditionnelle chinoise, l’acupuncture est reconnue pour soulager entre autres les maux de dos, dont la lombalgie et les douleurs au nerf sciatique. Elle est généralement efficace pour des douleurs tant récentes que chroniques, comme celles dues à l’arthrite et à l’arthrose, explique Caroline Yoo, acupunctrice à Montréal. Selon elle, traiter le problème sans tarder évite qu’il se chronicise. Cette thérapie est également proposée pour traiter d’autres symptômes généralement liés aux douleurs chroniques ou aiguës, dont l’anxiété, la fatigue et l’irritabilité. Elle permet aussi de réduire l’usage des anti-inflammatoires et des analgésiques.

Le traitement vise à calmer la douleur, à réduire l’inflammation et à favoriser la vitalité de l’organe touché. Il consiste en la stimulation de points spécifiques du corps (sur le trajet des méridiens ou non), le plus souvent au moyen de fines aiguilles, mais aussi avec un rouleau coréen, des ventouses ou des pressions. Même si la douleur est située au dos, «il se peut que je mette des aiguilles dans les bras, les pieds, les mains, à plein d’endroits différents qui ne semblent pas reliés au dos, mais qui ont rapport avec les méridiens affectés», souligne l’acupunctrice.

Le nombre et la fréquence des traitements nécessaires pour réduire, voire enlever la douleur, dépendent de la nature de celle-ci, chronique ou aiguë, mais aussi des autres problèmes de santé de la personne. «Certains problèmes se trouvent améliorés au bout d’une seule séance. Pour les cas très sévères, comme ceux d’hernie discale, par exemple, le processus sera plus long.»

Info: Ordre des acupuncteurs du Québec, à o-a-q.org.

 

Pour aller mieux

Certains gestes et habitudes de vie aident à prévenir ou à soulager les maux de dos. Évidemment, on consulte un médecin si nos douleurs persistent.

     On s’efforce de garder notre dos en santé, souple et fort, en faisant des exercices de renforcement dorsal, comme la planche ou des redressements assis.

     On s’assure d’avoir une bonne posture assise: on évite de s’affaler sur le canapé ou sur une chaise, et on se lève toutes les 30 minutes.

     On utilise les mouvements les plus appropriés lorsqu’on soulève des charges.

     On tente d’activer le muscle transverse de l’abdomen (on demande à notre physio ou à notre chiro comment). Ce muscle, le plus profond de la sangle abdominale, sert de gaine naturelle pour la région lombaire et contribue à prévenir les maux de dos.

     Si on a mal au bas du dos, on s’allonge sur le dos et on ramène les genoux vers le torse pendant quelques instants.

     Pour éviter de perdre notre masse musculaire, on essaie de garder un certain niveau d’activité malgré la douleur: on fait des pauses pour la gérer et on utilise le mouvement qui fait le moins mal.

Vidéos