Pour une saison des allergies moins pénible

Pour une saison des allergies moins pénible

Par Jessica Dostie

Crédit photo: Photo by Wolfgang Hasselmann on Unsplash

C’est malheureusement vrai: la saison des allergies, qui s’échelonne du printemps jusqu’aux premiers gels, s’allonge et devient de plus en plus pénible. La faute aux changements climatiques.

Les personnes allergiques aux différents types de pollens – ceux des arbres, des graminées ou de l’herbe à poux – l’auront assurément remarqué. C’est également la conclusion à laquelle des chercheurs européens en sont arrivés, grâce à des modèles mathématiques mis au point à partir d’une analyse des émissions de pollen échelonnée sur 22 ans. À Montréal, un scénario semblable se dessine. On en a eu la preuve avec le printemps hâtif de 2021, qui a étiré la saison d’au moins trois semaines.

«C’est clair que la saison des allergies s’allonge, confirme Alain Paquette, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui s’intéresse particulièrement aux pollens d’arbres. Les plantes ne produisent pas plus de pollen [chaque jour], mais nous y sommes exposés pendant une plus longue période.» Résultat? Des réactions allergiques exacerbées.

Une question demeure, toutefois: quelles espèces sont les plus problématiques chez nous? Il y a bien le bouleau, dont les effets allergènes sont médicalement bien documentés, mais ils sont peu nombreux en milieu urbain. «À Montréal, on sait qu’il y a beaucoup d’érables, mais on ignore si, par exemple, l’érable de Norvège cause plus de réactions allergiques que l’érable argenté», illustre Alain Paquette. Qui plus est, les analyses des échantillons de pollen d’arbres manquent de précision. «On peut déterminer la famille d’arbres, mais pas l’espèce», poursuit-il, ajoutant qu’un seul capteur de pollen est utilisé pour toute l’île, alors que des variations dans le temps et l’espace sont probables.

 

Étude en cours

Pour en savoir plus à ce sujet, le chercheur et son équipe du PaqLab misent sur l’analyse moléculaire, qui leur permettra d’identifier les espèces d’arbres qui libèrent le plus de pollen à Montréal, et ce, grâce à l’installation de 24 capteurs supplémentaires aux quatre coins de l’île.

«Nous voulons créer un modèle de répartition des pollens dans le temps et l’espace au sein d’une grande ville», annonce le chercheur. Avec les premiers résultats, qui devraient être connus à l’hiver 2023, on pourrait découvrir, par exemple, s’il y a plus de pollen dans l’air à Ahuntsic qu’au centre-ville et si ce taux est lié à la quantité d’arbres ou à l’espèce prévalant dans un secteur donné. À terme, on peut espérer que cette recherche mène à de meilleures recommandations aux personnes souffrant d’allergies saisonnières en les aidant à savoir quand commencer à prendre leurs antihistaminiques en prévention pour minimiser leurs symptômes, en fonction du lieu où elles habitent.

Autre piste de solution: déterminer quelles espèces d’arbres causent le moins d’allergies, afin de les privilégier dans les aménagements urbains. «De façon générale, la diversification est importante, mais on peut aussi penser à éviter les espèces qui sont pollinisées par le vent, dit M. Paquette. La féminisation de la forêt urbaine serait peut-être aussi à envisager pour rétablir l’équilibre [en diminuant les sources de pollen dans l’air].»

Les Montréalais âgés de 18 ans et plus, de même que ceux qui travaillent ou qui étudient dans la métropole sont invités à participer à Pollens urbains: étude des effets sur les allergies saisonnières du PaqLab de l’UQAM dirigée par le chercheur Alain Paquette. Pour s’inscrire: paqlab.uqam.ca/allergies.

 

3 conseils pour réduire nos symptômes d’allergie

1. On profite stratégiquement de l’extérieur: parce que le pollen se propage surtout en matinée, on privilégie l’après-midi pour nos activités en plein air. On peut aussi tirer profit des heures qui suivent une averse, car la pluie entraîne les particules allergènes au sol.

2. On oublie la corde à linge: pour éviter que nos draps, serviettes et vêtements accumulent du pollen, on fait sécher notre lessive à l’intérieur. Pour les mêmes raisons, on garde nos fenêtres fermées le plus possible durant la saison des allergies.

3. On se douche et se lave les cheveux immédiatement en rentrant le soir: cette habitude permet d’éliminer toutes les traces de particules allergènes sur notre corps et de ne pas les répandre à l’intérieur.

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