Périménopause et ménopause: une nouvelle vie

Périménopause et ménopause: une nouvelle vie

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStockphoto.com

Il n’y a pas si longtemps, la ménopause était un sujet tabou. Les femmes parlaient de «retour d’âge» et en discutaient en catimini. Mais ce temps est bel et bien révolu. Aujourd’hui, les femmes réclament des réponses à leurs questions et, plus encore, des moyens de minimiser les désagréments qui accompagnent ce débalancement hormonal causé par une insuffisance ovarienne. Un grand pas en avant. 

«Le vieillissement des ovaires est le grand responsable de la baisse de production des hormones féminines, dont les principales sont l’oestradiol-17 beta et la progestérone, explique la Dre Sylvie Demers, qui est aussi biologiste, chercheuse, fondatrice du Centre ménopause- andropause Outaouais et auteure du livre Hormones au féminin: repensez votre santé. Ces deux hormones féminines jouent un rôle important sur le plan de la santé de l’humeur, de la libido et de la beauté. C’est pourquoi la carence hormonale provoque tant de chamboulements chez les femmes.» 

Évidemment, la ménopause ne survient pas du jour au lendemain. Avant d’y arriver, vous devrez d’abord traverser la périménopause.

La périménopause: parfois les montagnes russes

Cette étape qui précède la ménopause s’amorce lorsque vous ressentez les premières manifestations associées à la ménopause. Elle s’étale habituellement entre deux et huit ans. 

La progestérone est généralement la première hormone à manquer. Parmi les manifestations annonciatrices: une exacerbation du syndrome prémenstruel (SPM) et une plus grande irritabilité. Guère surprenant puisque la progestérone a un effet calmant. Suit ensuite le déficit en oestrogènes. 

Au début, le signe le plus fréquent est le changement dans les menstruations qui deviennent irrégulières. Elles peuvent être plus courtes ou plus longues, et le flux menstruel plus abondant ou plus léger. Certains mois, il n’y en a pas du tout. 

S’ajoutent les fameuses bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes. Au moins 75% des femmes en sont incommodées à divers degrés. 

D’autres symptômes viennent s’y greffer: anxiété, insomnie, fatigue, difficultés de concentration, douleurs musculaires et articulaires, sécheresse vaginale, sensibilité des seins, maux de tête, chute de libido, palpitations, tendances dépressives, et plus encore. Sans compter différents changements corporels: la silhouette s’empâte, la peau perd de son éclat et de son tonus, les cheveux s’éclaircissent. La belle affaire! 

Tandis que les ovaires produisent de moins en moins d’hormones, les symptômes, eux, augmentent – en fréquence et en intensité – à mesure que les femmes approchent de la ménopause. Enfin, la plupart des femmes. Car la périménopause se vit différemment de l’une à l’autre. Certaines femmes ont beaucoup de symptômes, d’autres moins, et quelques chanceuses pas du tout ou presque. 

Quasi impossible toutefois de prédire dans quel groupe vous vous situerez, à moins que vous ayez déjà les deux pieds dedans. Car, contrairement à l’âge de la ménopause, l’hérédité ne joue pas sur l’intensité des symptômes. On sait toutefois que ces derniers sont souvent plus importants chez les fumeuses et les obèses. 

En périménopause, au début des manifestations, une alimentation riche en phyto-oestrogènes (soja ou fèves edamame, graines de lin, etc.) peut vous aider à réduire les symptômes légers. L’activité physique également.

Les aléas de la ménopause

Au Québec, l’âge moyen de la ménopause est de 51,5 ans. Elle devient officielle lorsqu’une femme n’a pas eu de menstruations depuis 12 mois consécutifs. Cela se produit quand les ovaires cessent de produire des ovules en raison de la baisse marquée des oestrogènes. 

Mais cela ne signifie pas pour autant que vous serez délivrée de tout. Jusqu’à la ménopause, les oestrogènes vous protégeaient notamment des maladies cardiovasculaires et de l’ostéoporose. À la ménopause, vous perdez cette protection. Vous risquez donc autant que les hommes d’avoir une maladie cardiovasculaire, la principale cause de décès chez les femmes ménopausées. La perte d’oestrogènes entraîne également une diminution de la densité osseuse, d’où la possibilité de souffrir d’ostéoporose. «Durant la période fertile, les femmes ont en moyenne quatre fois plus d’oestradiol que les hommes, souligne la Dre Demers. Mais à la ménopause, ce taux chute en deçà de celui des hommes. Le vieillissement s’accélère.» 

Ce n’est pas tout: vos symptômes ne s’arrêteront pas d’un seul coup, comme par magie. Même si le corps fabrique moins d’oestrogènes, ce taux n’est pas complètement nul. Aussi, une fois qu’on est ménopausée, les ovaires peuvent de temps à autre produire des oestrogènes et… de légers saignements, entre autres. «Ces saignements après la ménopause s’expliquent par la présence de quelques follicules ovariens qui se remettent à produire de faibles doses d’oestrogènes, mentionne Sylvie Demers. Plus la ménopause est récente, plus c’est fréquent. Il est toutefois sage de consulter son médecin pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un cancer de l’endomètre. D’autres symptômes peuvent aussi subsister, comme les bouffées de chaleur. Des études ont démontré que la durée moyenne des bouffées de chaleur était de 5,2 ans après la ménopause chez les femmes n’ayant jamais pris d’hormones et de 5,5 ans chez celles qui en ont utilisé. Mais chez certaines femmes moins chanceuses, elles durent toute la vie.» 

Étrangement, selon un sondage réalisé en 2008, 91% des Canadiennes entre 40 et 60 ans estiment qu’il est important de traiter les signes associés à la ménopause, mais… 40% n’ont rien fait pour soulager les leurs! Pourtant, un diagnostic rapide et un traitement précoce peuvent changer bien des choses.

Vers une nouvelle vie

Qu’on se le dise: la ménopause n’est pas une maladie, mais une étape normale dans la vie des femmes. Elle peut même devenir fort enrichissante si vous l’abordez de façon positive. D’abord, avec l’arrêt des menstruations vient la fin du SPM exacerbé, de la contraception et… de la peur de tomber enceinte!

Pour plusieurs femmes, c’est aussi le temps des bilans. Elles reprennent leur vie en main. Les enfants sont grands, elles sont encore énergiques et elles disposent d’une sagesse, d’une maturité et d’une expérience uniques. Elles choisissent de prendre davantage soin d’elles, de se dorloter et de ne plus être continuellement dans la performance sans s’en sentir coupables.

Même si elles doivent faire le deuil de la maternité, d’une jeunesse et d’une certaine beauté, c’est le début d’une période de bonheur, de liberté et de sérénité. Et pourquoi pas!

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