Qu’est-ce qu’une cigarette électronique?
Sous forme de cigarette, de cigare, de pipe et même de clé USB: en 2014, une étude américaine dénombrait pas moins de 466 modèles de cigarette électronique! La «sans nicotine» est arrivée au Québec en 2011, mais c’est il y a une dizaine d’années que la première a été brevetée en Chine. C’est d’ailleurs toujours là que la grande majorité d’entre elles sont produites.
La cigarette électronique – souvent un cylindre en acier inoxydable ou en plastique – est munie d’une pile, d’un atomiseur, d’un réservoir avec une cartouche contenant un liquide et d’un embout. Lorsqu’on inspire par cet embout, l’atomiseur, alimenté par la pile, chauffe le liquide (souvent un mélange d’eau, d’alcool, de nicotine et de deux additifs alimentaires, le propylène glycol et le glycérol), qui s’évapore alors de manière inodore ou, au contraire, en dégageant un des nombreux arômes offerts: barbe à papa, érable, mangue, café et même tabac, où là aussi on a le choix, par exemple, entre blond ou cubain. L’utilisateur peut opter pour un modèle à usage unique ou réutilisable, avec des cartouches à remplacer ou à remplir.
La cigarette électronique: un sevrage en douceur
À 14 ans, Pierre Henrichon est tombé dans la cigarette… Aujourd’hui, à 64 ans, après de multiples tentatives infructueuses d’arrêter le tabac (timbre transdermique, acupuncture, gommes à mâcher et autres solutions médicamenteuses), il a enfin réussi! Il y a un an et demi, Pierre s’est tourné vers la cigarette électronique.
«C’est ma fille qui me l’a fait découvrir. Depuis, je ne touche presque plus à la cigarette traditionnelle, juste une par mois environ. Franchement, je vois la différence! Je respire mieux, ma résistance physique s’est améliorée, je ne ressens plus ces petites douleurs à la poitrine… Et je ne débourse plus que 20 $ au lieu des 70 $ par semaine que je dépensais avant!» Ce succès, Pierre Henrichon l’explique par deux raisons. La première est la nicotine, toujours présente quand il vapote avec 20 mg/ml de nicotine dans le liquide, la dose maximale offerte. Ce journaliste retraité n’a donc pas subi de sevrage trop sévère après une cinquantaine d’années passées à fumer.
Quant au second facteur de succès, il tient selon lui à la gestuelle même de la cigarette électronique. «C’est un vrai réconfort psychologique: ma main et ma bouche sont occupées, comme à l’époque où je fumais vraiment.»
Dangereuse, la cigarette électronique?
Selon Statistique Canada, le nombre de fumeurs au pays a fortement chuté en 50 ans. En 2013, seulement 15% des Canadiens de plus de 15 ans s’adonnaient au tabac, alors qu’ils étaient près de 50% en 1965. Mais, malgré cette baisse significative, plus de 46 500 personnes meurent chaque année chez nous à cause de la cigarette. Au Québec, le taux de tabagisme diminue également, même si le ministère de la Santé et des Service sociaux (MSSS) recense encore 10 400 décès causés annuellement par le tabac. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne, pour sa part, que le tabac demeure la première cause de décès évitable chez nous et dans le reste du monde.
Des chiffres que le Dr Gaston Ostiguy, pneumologue et directeur de la clinique d’abandon du tabagisme à l’Institut thoracique de Montréal et au Centre universitaire de santé McGill, veut faire mentir. Pour cet expert, il ne fait pas de doute que la cigarette électronique est actuellement un des outils les plus efficaces pour aider les fumeurs désireux d’arrêter. «C’est une excellente option de rechange à la cigarette traditionnelle. Même si elle renferme de la nicotine, la cigarette électronique n’est pas plus dangereuse pour la santé que le café. La nicotine crée de la dépendance, mais elle n’a jamais causé de cancer. La cigarette standard, en revanche, contient une concentration d’une soixantaine de produits reconnus comme étant cancérigènes.»
Vers un cadre légal
À l’heure actuelle, Santé Canada considère que la vente de la cigarette électronique dans sa version avec nicotine est illégale, mais cela n’empêche nullement les boutiques de vapotage d’en proposer à leurs clients, avec tous les arômes de tabac possibles… Et au Canada, la «sans nicotine» est offerte depuis six ans dans des commerces en ligne, des boutiques spécialisées et des dépanneurs. Les mineurs, très attirés par les nombreux arômes des cigarettes électroniques, peuvent en acheter comme ils le désirent, même si beaucoup de commerçants refusent de leur en vendre, par principe.
Au Québec, le projet de loi 44 visant à renforcer la lutte contre le tabagisme a été adopté à l’unanimité en novembre 2015. La cigarette électronique est dorénavant soumise aux mêmes lois restrictives que le tabac: interdiction d’en vendre aux mineurs, d’en utiliser dans tous les lieux ou bâtiments publics, incluant les terrasses, et d’en faire la promotion ou la publicité.
Annie Montreuil, chercheuse à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et professeure associée au département de psychologie de l’UQAM, abonde en ce sens, malgré quelques bémols. «Les composantes chimiques que sont le propylène glycol et le glycérol n’ont pas encore fait l’objet d’études qui démontrent leur innocuité à l’inhalation répétée. Jusqu’à maintenant, on ne note pas d’effets indésirables à court terme de la cigarette électronique. Mais les effets à long terme restent inconnus. Qu’en est-il des normes de fabrication?» s’interroge aussi la spécialiste. «Il faut en imposer concernant le liquide et les composantes, pour garantir la sécurité et la qualité de la cigarette électronique. C’est nécessaire si on veut pouvoir continuer à bénéficier des côtés positifs du produit.» Et puis, il y a la vapeur secondaire, inhalée par l’entourage des vapoteurss… Des chercheurs de l’Université de Californie du Sud ont démontré l’année dernière sa nocivité moindre par rapport à la fumée secondaire du tabac. Mais des métaux toxiques y ont été décelés, comme le nickel et le chrome, absents de la cigarette classique.
Alors, peut-on continuer à vapoter? Oui, dans la mesure où la cigarette électronique recueille actuellement un véritable consensus auprès des experts internationaux pour son efficacité à aider les fumeurs à réduire ou à arrêter leur consommation de tabac. Mais le débat est loin d’être terminé!
Quelques chiffres
Le vapotage, c’est…
- 7 000 saveurs de liquide répertoriées.
- 3,5 milliards de dollars américains de ventes mondiales prévues pour 2030.
- 51 milliards de dollars américains de ventes mondiales prévues pour 2030.
- 175 boutiques de cigarettes électroniques au Québec, selon evap.ca, un site informatif sur le sujet.
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