Espoir pour traiter la maladie d’Alzheimer

Espoir pour traiter la maladie d’Alzheimer

Par Élise Jetté

Crédit photo: iStock Photo

Depuis plus de 100 ans, la maladie d’Alzheimer fait partie des plus difficiles à cerner pour les chercheurs. «Des milliards de dollars ont été investis par les compagnies pharmaceutiques et les gouvernements dans la recherche, mais rien de concluant n’a émergé parce qu’on a du mal à identifier la maladie avec certitude», rapporte Marc-André Bédard, professeur au Département de psychologie de l’UQAM. 

Ce dernier a fait la découverte d’une molécule pouvant servir de biomarqueur pour à la fois détecter précocement et quantifier la sévérité de la maladie d’Alzheimer. Ses recherches, publiées dans Molecular Psychiatry,

Les recherches de Marc-André Bédard ont débuté il y a une quinzaine d’années, car il trouvait qu’il était difficile de détecter les différentes formes de démence, dont la maladie d’Alzheimer. Traditionnellement, on fait passer des tests psychométriques de mémoire, de langage et de concentration aux personnes que l’on croit être atteintes. «Il faut plusieurs heures, voire même une ou deux journées pour caractériser les déficits observés et ainsi mieux identifier le type de démence dont il est question, explique le psychologue et pharmacologue. Sauf que le taux de succès de cette approche est d’environ 80 %, ce qui n’est pas très fiable, surtout si on veut trouver des traitements pour la maladie.»

Lorsque le Dr Alois Alzheimer a décrit la maladie pour la première fois, en 1906, il a noté la présence dans le cerveau de deux types de protéines: l’amyloïde bêta et la protéine tau. Durant les 20 dernières années, les recherches se sont concentrées principalement sur l’amyloïde bêta. Plusieurs biomarqueurs de cette protéine ont été découverts, mais des sujets sains ont aussi de l’amyloïde bêta dans le cerveau à partir de l’âge de 60 ans. On a donc souvent affaire à des faux positifs. Comme il y a une très grande quantité d’amyloïde bêta dans le cerveau, que l’on soit atteint d’Alzheimer ou non, il est difficile de détecter s’il y a détérioration ou amélioration de votre condition à la suite d’un traitement.

«Alzheimer avait aussi décrit un troisième élément caractérisant cette forme de démence et celui-ci demeure sans aucun doute le plus négligé par la communauté scientifique, explique M. Bédard. Il s’agit de la mort cellulaire.» La mort cellulaire a une incidence directe sur les symptômes des patients. Le chercheur s’est donc attelé à la tâche de créer un outil capable de détecter et de quantifier correctement la mort cellulaire associée à la maladie d’Alzheimer.

Au cours des 15 dernières années, Marc-André Bédard et son équipe de l’Institut neurologique de Montréal ont développé une méthode utilisant une molécule, le Fluoroethoxybenzovesamicol (FEOBV) en combinaison avec un radio-isotope (18F). La méthode est fiable pour détecter des lésions, même très faibles, de certaines cellules cholinergiques qui sont normalement touchées dans la maladie d’Alzheimer. La molécule [18F]FEOBV se fixe à une protéine spécifique des cellules cholinergiques et, par imagerie cérébrale, on peut la retracer, ce qui nous permet d’identifier précocement et de quantifier le degré de sévérité de la maladie. 

 

Plusieurs projets de recherche sont en cours avec le [18F]FEOBV. Des chercheurs d’un peu partout à travers le monde s’intéressent à cette molécule. «Il faut continuer le travail pour en arriver à valider des méthodes diagnostiques et des traitements efficaces», complète le chercheur.

 

Dernière mise à jour: septembre 2017

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