Bouger pour guérir

Bouger pour guérir

Par Marie-Josée Lacroix

Crédit photo: iStock Photo

Devoir bouger en période de convalescence paraît contradictoire. Des activités physiques adaptées contribuent pourtant à se remettre en forme, diminuent l’anxiété et améliorent la qualité de vie. Nos conseils.

«Que ce soit après un infarctus ou un remplacement du genou, en sortant de l’hôpital, on a perdu beaucoup de ses capacités physiques. Tout type d’activité peut apporter des bénéfices, tant pour le quotidien que pour éviter des risques d’aggravation de la condition», explique le kinésiologue Francis Gilbert. On oublie bien sûr les efforts soutenus au début: quand le médecin l’a autorisé, on recommence à se livrer à nos activités quotidiennes: travaux ménagers légers, courses, jardinage, marche, montée et descente de l’escalier. «Pour assurer la sécurité, il faut respecter les limites établies par le médecin.» 

Normand, 57 ans, a subi un triple pontage en septembre l’an dernier. «Je suis revenu chez moi quatre jours plus tard, assez affaibli. Le cardiologue, qui me savait sportif, m’a dit d’y aller selon ma capacité et à mon rythme.» La durée de pratique dépend de la condition de chacun et de l’activité. «Nous recommandons de plus en plus des activités plus intenses, mais de courte durée. Par exemple, marcher d’abord un peu plus rapidement pendant une courte période puis poursuivre à un rythme régulier, explique le kinésiologue. Il s’agit d’écouter les signes de fatigue ou de douleur que le corps nous envoie. On atteint la limite, mais sans la dépasser. Ensuite, selon l’amélioration de notre condition, on recule la limite en allongeant graduellement la durée.» Normand a d’abord suivi les recommandations de son médecin. «Après cinq ou six jours à la maison, j’ai commencé à marcher dehors. La première fois, j’étais au bout du rouleau après 150 pieds! Puis, c’est devenu de plus en plus facile. Après trois semaines, je marchais de sept à dix kilomètres par jour. En novembre, le cardiologue m’a donné son accord pour retourner au gymnase et m’a fait rencontrer un kinésiologue pour établir un programme.» Normand s’est remis au spinning (vélo stationnaire) le mois suivant et au vélo extérieur au printemps.  

Progresser sans risque

On trouve des professionnels de la mise en forme dans les gymnases, les hôpitaux et certaines cliniques. La majorité des fédérations médicales – maladies du cœur, cancer, arthrose, etc. – collaborent avec des kinésiologues pour développer des programmes d’exercices. Il est fortement conseillé d’en consulter un pour reprendre des activités répondant à notre niveau et progresser en toute sécurité, en salle ou à l’extérieur. «Toute activité est bonne, selon la capacité de chacun. On choisit selon nos besoins et nos intérêts. Marche, vélo, natation, aquaforme, yoga, ski de fond, ski alpin… on varie et on alterne les exercices légers et plus aérobiques. Il est important de s’assurer qu’ils se complètent pour en retirer le maximum.»

On préfère s’entraîner à domicile en convalescence? Un spécialiste évaluera notre capacité et établira un programme personnalisé, court et simple. «On utilise, par exemple, des élastiques pour effectuer des tractions qui sollicitent le dos, des poids légers pour stimuler la musculature ou des ballons. Les exercices peuvent aussi inclure des génuflexions, des pompages et des abdominaux au sol. Cette routine de 15 minutes ne nécessite pas d’équipement important, ni de gros investissement.» 

«Quand c’est possible, on maintient aussi l’activité physique avant une intervention chirurgicale», ajoute Francis Gilbert. Ainsi, Normand s’est entraîné modérément au gymnase jusqu’à deux jours avant ses pontages. «Cela assure 75 % de la réadaptation. C’est la clé du succès!» Et une fois la réadaptation complétée, pour préserver sa condition physique récupérée, éviter toute dégradation et entretenir la motivation, on se choisit des activités que l’on aime pratiquer. «On continuera si on a du plaisir. Souvent, la socialisation joue également. Dans un groupe que j’anime, certains confient parfois être venus d’abord pour voir les autres. S’inscrire à un cours de yoga, prendre un abonnement au gym ou adhérer à un groupe de marche incitera à participer. Et bouger avec des personnes en santé stimule!»                                                       

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