Fini les troubles érectiles!

Fini les troubles érectiles!

Par Jacqueline Simoneau

Crédit photo: iStock Photo

«Dysfonction érectile», ces deux mots cachent bien des inquiétudes pour les hommes… L’incapacité d’obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour avoir une relation sexuelle satisfaisante peut se traduire par une absence d’érection, une perte d’érection, une baisse de rigidité lors de la pénétration ou encore des difficultés à soutenir une érection jusqu’à l’orgasme. Deux à trois millions de Canadiens en sont affectés à différents degrés, et le problème toucherait plus de la moitié des hommes de 50 ans et plus. Pas d’inquiétude, toutefois, en cas de panne occasionnelle: c’est normal! «Il est aussi normal que la durée et la qualité de l’érection se modifient avec l’âge, confie Julie Fournier, sexologue clinicienne et psychothérapeute. En vieillissant, les érections sont plus lentes à survenir, moins rigides et durables. Et la période réfractaire (phase après l’orgasme) est plus longue.» Mais lorsque la situation se répète et nuit aux relations sexuelles, ça ne l’est plus. 

Pourquoi?

Plusieurs problèmes, d’origine organique, psychologique ou une combinaison des deux, peuvent engendrer une dysfonction érectile. Beaucoup d’hommes ignorent qui sont les véritables fauteurs de trouble. Les voici: -> Les problèmes vasculaires L’érection n’est possible que s’il y a un apport sanguin suffisant dans les deux corps caverneux du pénis. Normalement, lorsqu’il y a excitation sexuelle, le cerveau envoie un signal nerveux vers le pénis pour que les vaisseaux sanguins se dilatent et laissent entrer rapidement une grande quantité de sang. Cet afflux de sang fait gonfler les corps caverneux, ce qui entraîne l’érection. «Quand le flot sanguin est insuffisant en raison du rétrécissement des artères, les difficultés érectiles surviennent, précise le Dr Luc Valiquette, chirurgien urologue au CHUM. Donc, tout ce qui affecte la circulation sanguine peut nuire à l’érection, notamment les maladies cardiovasculaires, l’athérosclérose, l’hypertension et le diabète.»

-> Les troubles neurologiques

Le cerveau et les organes génitaux sont liés par la moelle épinière. Des dommages au système nerveux peuvent donc porter atteinte à l’érection, comme une maladie (sclérose en plaques, Parkinson), un traumatisme de la moelle épinière (blessure à la colonne vertébrale) ou du nerf génital (chirurgie de la prostate).

-> Une déficience hormonale

Une baisse importante de testostérone mène parfois à des difficultés érectiles.  

-> Des médicaments

Ceux qui agissent sur les neuromodulateurs (dopamine, sérotonine), comme les antidépresseurs et les médicaments contre l’hypertension, sont susceptibles d’entraîner un trouble érectile.

-> L’hygiène de vie

L’abus d’alcool ou de drogues, le tabac, l’obésité et la sédentarité contribuent à la dysfonction érectile en réduisant l’apport sanguin.

-> Des troubles psychologiques

«La dysfonction érectile est souvent liée à des problèmes psychologiques (stress, anxiété de performance, troubles du désir, nouveau partenaire sexuel, dépression, faible estime de soi) ou des problèmes de couple», soutient la Dre Gabrielle Landry, médecin à la Clinique A., centre de santé sexuelle. Un premier épisode de troubles érectiles peut également conduire à une anxiété anticipatoire telle que le problème s’amplifie. D’autres éprouveront des difficultés seulement dans certaines situations ou avec certaines personnes.» Le truc de Julie Fournier pour déterminer si la cause est organique ou psychologique? Vérifier les érections matinales. «Si un homme a des érections matinales adéquates ou s’il obtient des érections en se masturbant sans partenaire, on peut conclure à un problème psychologique, d’autant plus si l’atteinte est variable et cyclique.» 

Des solutions pour tous

Même si ce n’est pas facile d’en parler, mieux vaut consulter son médecin quand le trouble perdure plus de quelques semaines. «La dysfonction érectile peut avoir des impacts importants au niveau de la santé mentale et du couple», rappelle la Dre Landry. Selon le cas, différentes options régleront la situation: -> Les inhibiteurs de phosphodiestérase-5 «Ces médicaments (Cialis, Viagra, Levitra) bloquent la phosphodiestérase 5, l’enzyme qui détruit les neurostimulateurs responsables de l’érection, explique le Dr Valiquette. Ils augmentent ainsi l’afflux sanguin dans le pénis. Leur taux d’efficacité est de 80 % à 85 %. Une stimulation sexuelle est toutefois nécessaire pour qu’ils fonctionnent.» Attention, ils sont contre-indiqués en cas de prise de médicaments nitrés (nitroglycérine), car la combinaison des deux peut entraîner des chutes de pression sévères.

-> Les prostaglandines

Quand les inhibiteurs PDE5 sont inefficaces ou contre-indiqués, le médecin peut prescrire des produits à base de prostaglandines (l’alprostadil, par exemple). Ceux-ci seront injectés par le patient sur un côté du pénis ou insérés dans l’urètre sous forme de mini-suppositoires pour induire un relâchement des muscles érectiles et une vasodilatation. Aucune stimulation sexuelle n’est requise, et le taux d’efficacité est d’environ 60 %.

-> Les dispositifs à vide

«Lorsque les traitements déjà cités ne conviennent pas, on peut recourir à un dispositif mécanique, ajoute le Dr Valiquette. Le principe? Une fois le pénis placé à l’intérieur d’un cylindre ajusté de façon étanche à la base pénienne, l’air est aspiré à l’aide d’une pompe de façon à créer un vide, ce qui fait gonfler le pénis. Un anneau élastique est ensuite glissé à sa base afin de maintenir l’érection.» La pression exercée par l’anneau peut néanmoins causer parfois un problème d’éjaculation. On veille aussi à ne pas s’endormir avec l’anneau toujours en place, car le sang ne circulera plus dans le pénis.

-> Les implants péniens

Pour cette technique de dernier recours, on place sous anesthésie des prothèses flexibles en silicone, semi-rigides ou gonflables, dans les corps caverneux. Les semi-rigides ont l’inconvénient de provoquer une érection permanente, les gonflables s’activent au moyen d’une petite pompe placée dans le scrotum, reliée à un réservoir contenant du liquide. Il suffit de compresser le scrotum pour lancer le mécanisme et provoquer l’érection.

-> La sexothérapie

C’est l’approche tout indiquée en cas de facteurs psychologiques, avec ou sans problème organique combiné. «La sexothérapie sera bénéfique pour quiconque éprouve des difficultés érectiles circonstancielles ou persistantes, affirme Julie Fournier. Elle aide notamment à évaluer et comprendre les causes, les blocages et les angoisses, à relativiser, à recadrer les pensées erronées et à identifier les moyens d’y remédier. Elle contribue également à calmer les tensions et les frustrations dans le couple, à redéfinir la sexualité et à augmenter l’estime de soi.» 

En complément

Parallèlement au suivi médical, avant d’y recourir ou en prévention, d’autres approches s’avèrent parfois utiles…

-> L’acupuncture

Le traitement cible entre autres le système nerveux et les vaisseaux sanguins, de même que certains facteurs comme le stress et l’anxiété, qui accompagnent souvent les troubles érectiles. «Les insertions d’aiguilles se combinent parfois à la moxibustion, une stimulation des points d’acupuncture par la chaleur, explique l’acupuncteur Stéphane Pépin. Dans bon nombre de cas, on constate une amélioration significative après quelques semaines.» À ces séances s’ajoutent souvent des formules d’herbes de la pharmacopée chinoise et des consignes alimentaires.  

-> L’exercice

«Il n’existe pas d’exercices spécifiques contre la dysfonction érectile, affirme Julie Fournier. En revanche, les hommes doivent apprendre à rester centrés sur eux-mêmes lors de la relation sexuelle, plutôt que de se concentrer sur la performance sexuelle ou le plaisir de leur partenaire. Rester en contact avec ses propres sensations corporelles permet de mieux gérer son excitation sexuelle.» Cela dit, pratiquer régulièrement des activités physiques aide à prévenir les facteurs de risque organiques de la dysfonction érectile. Faire du vélo ne nuit d’ailleurs pas à la circulation du sang dans le pénis, contrairement aux idées reçues. «Les cyclistes ont même généralement de meilleures artères, note le Dr Valiquette. Il est toujours possible qu’un mauvais réglage de la selle ou qu’une pratique régulière intensive de vélo entraîne, chez certains, une dysfonction érectile en réduisant la circulation sanguine, mais c’est exceptionnel.»

-> L’alimentation

Selon la Dre Landry, certaines maladies au rôle important dans la dysfonction érectile (hypertension, hypercholestérolémie, diabète) sont directement liées à nos habitudes alimentaires. Une diète équilibrée aide donc à les prévenir. On prend soin d’y inclure des aliments riches en flavonoïdes, comme les bleuets, les cerises, les mûres sauvages, les groseilles et les agrumes. Selon une récente étude des universités Harvard et d’East Anglia, les hommes qui en consomment quelques portions par semaine réduisent leur risque de dysfonction érectile de 10 %. Et la combinaison d’aliments riches en flavonoïdes avec de l’exercice physique abaisse même le risque de 21 %! 

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