Cancer: 9 gestes qui font du bien

Cancer: 9 gestes qui font du bien

Par Anne-Christine Schnyder

Crédit photo: Mint Owl via Unsplash

Avoir le cancer n’est jamais facile… Voici néanmoins quelques pistes pour alléger un peu le poids de cette épreuve. 

Comme chacun sait, le cancer et ses traitements ont de nombreuses conséquences, tant physiques que morales. «La comparaison est violente, mais c’est un peu comme un processus de deuil avec ses différentes étapes – dont le choc, le déni, la tristesse et la colère –, pour finalement arriver à la reconstruction, à réapprendre à vivre et à accepter d’être différent», explique Cécilia Peugeot, travailleuse sociale et coordonnatrice du programme de soutien à la Fondation cancer du sein du Québec. Avoir le cancer implique en effet plusieurs deuils à faire: de la vie telle qu’on la connaissait avant, de certains projets, de la perte d’un sein ou d’une partie d’un organe, etc.

Infirmière-pivot en oncologie depuis huit ans, Martine Lemay côtoie au quotidien des femmes atteintes d’un cancer du sein à l’Hôpital du Saint-Sacrement, à Québec. «Ça touche l’estime de soi, l’image de soi, il y a atteinte à la féminité. Ça menace parfois la relation avec le conjoint, qui peut avoir de la difficulté à comprendre, et c’est dur pour la patiente, parfois incapable de se montrer nue devant lui. La dynamique relationnelle peut changer. L’impact se ressent aussi sur les proches. La maman qui a toujours tout fait à la maison, qui s’est toujours montrée forte, a alors moins de capacités et c’est dur à admettre. Sans compter la peur d’annoncer la maladie, de rendre sa famille triste.» 

Gérer la réception de l’information n’est pas simple non plus. «Beaucoup de questions posées tournent autour de la compréhension de l’entourage, remarque Mme Peugeot. Les femmes parlent énormément d’isolement, elles se sentent seules au monde et se disent que les autres ne comprennent pas.»

«De la dépression peut aussi s’installer, ajoute Mme Lemay, tout comme de la colère, de la frustration et de l’incompréhension, car certaines patientes ont fait attention toute leur vie, elles ont mangé sainement, fait de l’activité physique et passé leur mammographie tous les deux ans…» II faut également composer avec les effets secondaires des chirurgies et des traitements, la perte des cheveux, les nausées, l’immense fatigue, les rougeurs et les irritations, des neuropathies périphériques (douleurs aux mains et aux pieds), des sensations de brûlure liées aux traitements de chimiothérapie et de radiothérapie», explique Myriam Filion, kinésiologue spécialisée en oncologie. «Beaucoup craignent aussi une récidive ou un autre cancer, ajoute Mme Lemay. Cette peur de l’inconnu, car on ne sait pas vers quoi on s’en va, s’accompagne souvent d’une redéfinition des objectifs de vie.»

Ce qui peut aider

Se laisser aider, justement

«Il faut apprendre à dire oui à ceux qui proposent leur aide et à nommer ses besoins, insiste Martine Lemay, sinon les gens vont arrêter d’offrir un coup de main.» Comme la fatigue durant les traitements est intense, on accepte d’emblée si quelqu’un se propose pour cuisiner nos repas, faire notre ménage, etc. Et on se renseigne auprès du CLSC ou auprès de la ligne de soutien de la Fondation du cancer du sein du Québec (rubanrose.org) pour connaître les ressources disponibles. «Ça permet d’obtenir des références, de parler à un professionnel, d’avoir déjà un premier soutien s’il y a une liste d’attente au CLSC, explique Cécilia Peugeot. La Fondation oriente et guide les femmes pour leur indiquer à quel endroit elles peuvent trouver tel ou tel service.» 


Faire des activités physiques

«Il peut être contrintuitif de bouger pendant la maladie en raison des effets secondaires et de la fatigue, mais même si on s’active peu, on en retirera toujours des bénéfices», explique Myriam Filion, responsable du programme «Ma santé active» de la Fondation cancer du sein du Québec. Ne serait-ce qu’une courte marche de trois minutes ou le fait de se lever cinq fois pour aller à la salle de bains même si on n’en a pas envie, l’idée est de se trouver de petits moyens de se mettre en action. 

Le yoga se révèle par ailleurs très bénéfique durant les traitements. «Sa pratique aide sur le plan de l’amplitude des mouvements et des adhérences de la peau aux muscles, précise la kinésiologue. Le yoga amoindrit les douleurs musculaires et l’ankylose de l’épaule, mais aussi le stress et l’anxiété liés aux traitements. Bouger favorise la connexion avec le corps, car souvent, psychologiquement parlant, on veut en sortir. L’activité physique diminue également le risque de récidive de 12 à 21 %.»

Joindre des groupes de soutien

La Fondation cancer du sein du Québec a par exemple lancé sur Facebook le groupe fermé «Parlons cancer du sein». «On a besoin de partager, de sentir que quelqu’un vit la même expérience que nous pour sortir de l’isolement, réaliser qu’on n’est pas seule et se rassurer», témoigne la travailleuse sociale Cécilia Peugeot.

Colorier

«Beaucoup de patientes viennent avec des cahiers de coloriage ou des mandalas lors des traitements, raconte l’infirmière-pivot Martine Lemay. Ça peut aider à se libérer.»

Méditer

«Visualiser et méditer peut aussi aider», remarque l’infirmière. «On aura alors beaucoup plus de facilité à affronter ce qui s’en vient», renchérit Myriam Filion.

Se faire masser

«Le contact physique fait du bien. Quand le corps est blessé, il faut parfois passer par un professionnel pour réapprendre à se faire toucher, à réintégrer son enveloppe physique et à l’appréhender différemment», estime Mme Peugeot.

Sortir

«Si on reste à la maison, on rumine toute la journée, on ne se définit plus que par la maladie… et ça n’aide pas, assure Mme  Peugeot. L’idéal est de maintenir un rythme quotidien en planifiant des activités.»

Se crémer

«On utilise une bonne crème hydratante et non pas une lotion à base d’eau, qui est moins bien absorbée, précise Martine Lemay. On prend un produit qu’on aime ou on le change s’il ne convient pas, mais sans dépenser une fortune.» Selon Myriam Filion, le «baume de pis de vache» est très apprécié par les personnes brûlées sur la paume des mains et la plante des pieds à cause des traitements.

Se faire plaisir

«Les plaisirs de la vie sont importants, souligne Martine Lemay. Il ne faut pas se priver de tout, au contraire! On continue à s’offrir des gâteries, une portion de dessert… Même un verre de vin, c’est correct, mais pas une bouteille entière!» Cela dit, on s’assure de garder une alimentation équilibrée et de surveiller son poids, sachant que plus l’indice de masse corporelle est élevé, plus on risque de développer un cancer du sein ou de subir une récidive.

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