«On peut manger un oeuf par jour sans problème, soutient le cardiologue Christian Constance, chef de l’unité coronarienne de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Selon lui, il faut rétablir la réputation de l’oeuf, aliment sain, complet et énergétique. «Les oeufs ont injustement écopé d’une mauvaise presse au début des années 1990 quand le cholestérol est devenu l’ennemi public numéro un, explique-t-il. Mais ce que nous savons aujourd’hui diffère un peu de ce que nous pensions à l’époque. Il faut nuancer.»
Les vrais coupables
Les vrais coupables sont en fait les gras trans et les gras saturés, qui accélèrent le dépôt de gras dans les vaisseaux sanguins, puis contribuent à déclencher la maladie cardiaque et les accidents vasculaires cérébraux. Beaucoup moins le cholestérol. «D’ailleurs, nous travaillons à bannir définitivement les gras trans de l’Amérique du Nord, lance le cardiologue. Essayons-nous d’éliminer le cholestérol? Non, pas du tout.» Il invite par la même occasion à se méfier de toute étiquette alimentaire annonçant «sans cholestérol». «Ça ne veut rien dire et ça cache souvent le fait que le produit peut être richement farci de gras trans et saturés, qui sont, et de loin, beaucoup plus dommageables.»
Le cholestérol est indispensable à la vie, si bien que notre corps en fabrique. «On peut dire en gros que notre foie produit 50% du cholestérol et que l’autre 50% vient des aliments, explique le cardiologue. Si vous en mangez davantage, vous en fabriquez moins, et vice versa. Notre corps cherche un équilibre.» La proportion de cholestérol fabriqué par le corps et puisé dans les aliments varie d’un individu à l’autre. Par ailleurs, il faut dire que la moitié seulement du cholestérol alimentaire atteint le sang; l’autre moitié passe dans les selles.
Teneur en cholestérol
Un oeuf contient à peu près 200 mg de cholestérol, concentré dans le jaune, et 1,5 g de gras saturés, une dose négligeable. «Le problème, ce ne sont pas les oeufs, mais ce qui souvent les accompagne: bacon, saucisses, beurre, jambon… tous riches en gras saturés», illustre le cardiologue.
Il recommandait auparavant à ses patients cardiaques de ne pas manger d’oeufs; aujourd’hui, il leur demande de s’en tenir à l’équivalent de un oeuf par jour ou de six oeufs par semaine. Le médecin utilise pour ce faire l’étude de Harvard portant sur un million d’individus en santé. «En scrutant leur diète, on a pu conclure que le fait de consommer jusqu’à six oeufs par semaine n’avait aucun effet sur la maladie coronarienne», dit-il.
On sait aujourd’hui qu’une approche balancée, avec modification des habitudes de vie, rapporte beaucoup plus que de bannir quoi que ce soit de la diète : cesser de fumer, marcher de 5 000 à 10 000 pas par jour, perdre de 5 à 10 lb (2,5 à 5 kg) au besoin… Et les oeufs font partie d’une diète balancée.
Oméga 3: encore mieux!
Les oméga 3 protègent le coeur, assure le Dr Constance. En comprimés, il faut en prendre de 600 mg à 1 g par jour minimum. Cela n’éliminera pas la maladie cardiovasculaire, mais réduira les accidents d’à peu près 20% sur 5 ans. Par le biais de la diète, il faut consommer trois portions de poisson par semaine pour obtenir la bonne dose d’oméga 3. Or, il existe des oeufs dits oméga 3 parce que les pondeuses ont un régime riche en graines de lin. «Six de ces oeufs par semaine équivaut à deux plats de poisson, ce qui avantage les nombreux Québécois qui s’en tiennent à un seul repas de poisson hebdomadaire», illustre le cardiologue.
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