«J’ai souffert et j’ai grandi. La vie a désormais un prix qu’elle n’avait pas […] Dans ce temps qu’il me reste à vivre, je veux profiter de tous les instants. C’est un devoir, et non plus un dû, que de bien les vivre.» C’est ainsi que s’exprime Catherine Bensaid dans son dernier livre, Je t’aime, la vie (Éditions Robert Laffont).
Cela pourrait être aussi la profession de foi de Mireille, 61 ans. À l’aube du 6 août 1994, elle a fait un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a attaquée comme «un voleur, sans préavis ni signe avant-coureur», se remémore-t-elle. Hémiplégie permanente, perte de mobilité complète du côté droit, six mois d’hospitalisation dont cinq en rééducation: sa vie venait de basculer. «J’ai dû dire adieu à mon autonomie, à mon travail, à tous les “ages” (ménage, repassage, etc.) de la maison, à mon automobile. Mais il me restait le plus précieux: mon mari, mes enfants, mes petits-enfants et les amis. Chanceuse dans ma malchance, je n’ai pas perdu l’usage de la parole et j’ai toute ma tête, mais mon image corporelle a changé totalement.»
Le dur chemin de la renaissance
«Se maintenir en vie, c’est justement vivre: alimenter cette force de vie qui est en nous», écrit Catherine Bensaid. Pour Mireille, pas de jérémiades; elle a choisi de passer à l’attaque parce qu’elle croyait en ses forces intérieures. Elle a trouvé le courage de repartir, différemment. Ça n’a pas été facile tous les jours, mais elle a continué à avancer. Le combat reste quotidien. «Les progrès que l’on a à faire se font au cours de la première année, m’avait-on dit. J’ai refusé ce pronostic. Dans les hôpitaux, on nous plafonne trop vite. Je n’ai jamais lâché prise et je n’ai jamais tant progressé qu’au cours de la dernière année», note Mireille avec une fierté légitime.
Elle a bénéficié d’une aide ménagère quatre jours par semaine pendant cinq ans. Au moment où celle-ci a pris sa retraite, Mireille, infirmière de formation, visiteuse à domicile, s’est autoévaluée: elle s’est jugée prête à rester seule durant la journée. Quelqu’un vient quatre heures par semaine pour les travaux qu’elle ne peut exécuter. Elle se charge du reste. «Je suis redevenue fonctionnelle et indépendante… j’adore ça!», s’exclame-t-elle.
Savourer le moment présent: ça s’apprend!
Alors qu’elle était en rééducation, on a remis à Mireille un pinceau, des couleurs et une feuille blanche. L’aquarelle lui a permis de donner libre cours à ses sentiments et lui a servi d’exutoire tout en lui apportant une grande satisfaction. Elle a exposé et vendu 80 % de ses aquarelles. C’est devenu un loisir, tout comme prendre soin de ses orchidées; elle en a 60, ce sont ses bébés. Elle se déplace maintenant avec l’aide d’une canne. Ses objectifs pour la prochaine année: mettre complètement de côté son fauteuil roulant qu’elle utilise occasionnellement, à l’extérieur de la maison, et réapprendre à conduire. «Avec une auto adaptée, je sais que c’est possible», conclut Mireille, une battante pour qui la vie continue d’être belle.
Montons dans le train!
Ne craignons pas d’aller vers l’inconnu, d’apprendre des choses nouvelles, de nous fixer des défis, d’aller au-delà des interdits que tous, un jour ou l’autre, nous nous mettons. Il ne faut pas se contenter de regarder passer le train de la vie: il faut y monter et profiter pleinement du temps présent. Beaucoup attendent avec impatience le moment de la retraite et, quand elle est là, ils voient les jours s’écouler sans que rien ne bouge. N’oublions pas que nous sommes les acteurs de notre propre vie…
«Je suis trop vieille pour ça…», «Je me sens coupé du monde…», «J’aurais aimé me servir d’un ordinateur, mais c’est trop difficile à mon âge…», «J’ai toujours voulu apprendre la musique, mais il est maintenant trop tard…», «J’aimerais bien voyager, mais je ne peux pas, je suis seule…» Et la litanie des regrets s’allonge.
«Une chose est certaine, quand je m’ennuie je hais ma vie. Je la hais parce qu’elle ne me procure aucun plaisir. Ou bien, est-ce parce que je la hais qu’elle ne me procure aucun plaisir? Il faut être en paix avec soi pour s’ouvrir aux plaisirs de la vie», remarque Catherine Bensaid.
Il faut trouver en soi la force de réagir pour que ça change. Il faut s’ouvrir aux occasions qui passent ou, s’il n’y a rien qui se présente, il ne faut pas craindre d’en susciter pour sortir de la monotonie, d’une routine qui peut devenir lourde à supporter.
Mise à jour: septembre 2008
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