Qu’il s’agisse d’un ami qui s’obstine à nous donner des conseils qu’on ne demande pas, d’une mère qui appelle trois fois par jour ou qui arrive toujours à l’improviste, d’une belle-soeur qui se croit chez elle quand elle pousse notre porte ou d’un voisin qui rebondit dès qu’on met le nez dehors, on se retrouve tous confrontés, un jour ou l’autre, à un envahisseur.
Qui sont les envahisseurs?
On peut être flatté par sa présence et sa sollicitude. Au début, du moins. Mais après un certain temps, il finit par peser lourd. «Ceux qui s’imposent sont souvent des gens qui se sentent seuls, qui ont de la difficulté à être seuls ou qui sont dépendants, explique la psychologue Josée Jacques. Quant aux personnes qui éprouvent un perpétuel besoin de rendre service, elles cachent dans bien des cas une faible estime d’elles-mêmes et un grand besoin d’être aimées. Leur valorisation passe par leur rôle d’aidant. Bien entendu, elles ne sont pas malveillantes. Mais elles en font trop et deviennent vite envahissantes. Elles le font aussi en pensant répondre aux besoins de l’autre, alors que ce n’est pas nécessairement ce qui se passe.»
Une chose est certaine, les envahisseurs ont des besoins relationnels différents de ceux qu’ils parasitent. Pour comprendre, il faut savoir que certains individus sont plutôt fusionnels et d’autres, plutôt individualistes. De par leur nature, ces derniers sont nettement plus sensibles à l’envahissement. Tout dépend également de l’intensité. Si votre beau-frère se pointe tous les jours et reste pendant des heures, il y a de fortes chances qu’à un certain moment vous ne le supportiez plus. Même chose à propos de la collègue qui s’arrête deux ou trois par jour devant la porte de votre bureau pour vous raconter sa vie et qui ne décolle pas. C’est de la démesure que naît la sensation d’envahissement. Mais quel que soit votre seuil de tolérance, on ne peut pas parler d’envahisseur sans parler de proie.
Vous vous laissez envahir?
«Si on est entouré de gens qui s’imposent, c’est qu’on les accepte, voire qu’on les attire, consciemment ou non, souligne la psychologue Brigitte Hénault. Habituellement, ces gens s’accrochent à des personnes ayant de la difficulté à établir des frontières. Il importe donc de se poser un certain nombre de questions.»
- Avons-nous une personnalité de “sauveur” qui fait qu’on attire vers soi les gens rejetés, mal-aimés?
- Avons-nous des problèmes à dire les vraies choses?
- Fuyons-nous le rejet?
- Avons-nous peur des conséquences de nos choix?
- Quels sont nos besoins et nos limites?
«Cette prise de conscience aide à mieux comprendre ce que l’on vit, pour mieux agir ensuite.»
Annoncez vos limites
Il est grand temps d’annoncer clairement vos limites et de faire respecter votre intimité. «À moins d’avoir affaire à un manipulateur, il s’agit probablement d’un individu qui n’a pas développé la capacité de décoder les messages non verbaux indiquant, notamment, qu’il est de trop ou que l’autre est fatigué ou occupé, soutient Brigitte Hénault. Dans ce cas, il faut préciser nos limites, sans toutefois être désagréable, particulièrement s’il s’agit d’une personne qu’on apprécie.»
«Par contre, on ne se laisse pas attendrir par des propos culpabilisants tels que “Je ne comprends pas que tu n’acceptes pas mon aide” ou “Voyons! Ce n’est pas du tout mon intention de t’envahir. Je croyais que ça te faisait plaisir que je te visite”. Tant qu’on ne règle pas la situation, tant qu’on ne brise pas la glace une première fois, on risque d’avoir des gens envahissants autour de soi. Plus on laisse les autres empiéter sur notre vie sans rien dire, plus il est difficile de faire marche arrière. Bien sûr, cela demande du courage d’être honnête, mais c’est une question de bienêtre, et même de survie.»