Passion un jour, passion toujours

Passion un jour, passion toujours

Par Christine Fortier

Crédit photo: Collaboration spéciale

Ce n’est pas parce qu’on prend une ride (ou deux) qu’on doit cesser de faire ce qu’on aime. Portraits de trois passionnés… qui ne sont pas près d’arrêter!

Marc Arial, fou d’impro

 

Après avoir travaillé pendant 20 ans dans le domaine pharmaceutique, Marc a décidé de prendre une retraite anticipée à cause des changements survenus depuis le début de la pandémie de COVID-19. Son but? Retourner à l’école afin de consacrer ses dernières années sur le marché du travail à un emploi qui le passionne. Ainsi, depuis janvier, il fréquente l’université à temps plein pour terminer son baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire. Marc a choisi d’enseigner parce qu’il a fréquemment donné des ateliers de théâtre et d’improvisation aux jeunes, deux activités qui le passionnent depuis l’enfance.

«Mes parents, mais surtout ma mère, étaient des adeptes des films américains avec Gene Kelly et Fred Astaire. Leurs prouesses en danse, en chant et en comédie m’ont toujours fasciné. Depuis mon jeune âge, j’ai une bonne mémoire. Je regardais une émission et je me rappelais des paroles, je pouvais refaire la chorégraphie. Au primaire, je faisais toujours partie des pièces de théâtre qu’on montait à Noël. Je donnais aussi avec les jeunes de mon quartier des spectacles inspirés des films que je voyais.

«Au début du secondaire, mes amis et moi, on trouvait qu’il ne se passait pas grand-chose à notre école. En 1983, on a fondé la LIAL, acronyme pour Ligue d’improvisation de la polyvalente André-Laurendeau. C’est à ce moment-là que ma passion pour l’improvisation s’est développée encore plus. Oui, on faisait du chant, de la danse et de l’improvisation, mais c’est l’esprit de communauté, le fait de réaliser un projet ensemble, qui venait me chercher.

«J’ai pensé à plusieurs reprises à transformer ma passion en carrière. J’ai des cousins et cousines qui sont dans le milieu, mais ma famille me décourageait. Comme je n’avais pas de difficultés académiques et que j’aimais le travail intellectuel, j’ai gardé mes passions comme passe-temps.
«Ça fait huit ans que je suis dans la LIPS (Ligue d’improvisation des Pas Sages). Je ressens le même rapprochement avec les gens et je trouve cela toujours aussi stimulant. La majorité des membres sont dans la vingtaine ou la trentaine et on est deux ou trois dans mon groupe d’âge. Depuis environ quatre ans, à chaque saison, je me demande si je suis trop vieux pour continuer, mais chaque fois que je monte sur scène, c’est un plaisir. Mes contemporains et moi, on se dit que le jour où la magie, le petit trac avant de monter sur scène et l’adrénaline pendant le spectacle ne seront plus là, on s’arrêtera.

«L’improvisation m’a permis de vivre des expériences marquantes. Quand j’étais au secondaire, le Salon International de la jeunesse organisait des tournois provinciaux. On a gagné une année. La finale avait lieu au Stade olympique et était arbitrée par Yvan Ponton de la LNI (Ligue nationale d’improvisation). À un moment donné, un directeur artistique qui montait Starmania à l’Université de Montréal est venu me chercher pour jouer un rôle. Ç’a été comme des petits feux d’artifice qui ont nourri ma passion et m’ont donné envie de continuer».

Sophie Boucher, à fond, le ski!

La massothérapeute avait environ quatre ans quand elle a commencé à faire du ski de fond. Elle se souvient de ses skis en plastique rouge et de ses randonnées sur les pistes de motoneige dans la forêt derrière la maison de son enfance à Saint-Bruno-de-Montarville.

«Quand j’étais en 6e année, on a déménagé à Saint-Basile-le-Grand. C’est à ce moment que j’ai commencé à suivre des cours de ski de fond, puis que j’ai rejoint l’équipe de compétition. J’en ai fait pendant quatre ans. Ensuite, j’ai été dans les cadets et j’ai entraîné l’équipe de biathlon. C’était agréable, sauf que mon équipe était mauvaise et très peu motivée!

«Le moment venu d’aller au cégep, je suis partie à Montréal et j’y ai vécu pendant 20 ans. Au début, je faisais encore du ski, mais avec les études et le travail à temps plein, je n’avais plus de temps de faire du sport. C’est après avoir eu mes enfants que je me suis dit qu’il fallait absolument que je sorte de la maison. J’ai recommencé avec l’escalade en me disant que ça me sortirait de ma zone de confort et j’ai enchaîné avec la course à pied.

«Dès qu’on est revenus à Saint-Bruno-de-Montarville, je me suis rééquipée en ski de fond classique et, au début de la pandémie, j’ai acheté des skis de fond de patin. À l’époque où je faisais de la compétition, le ski de fond de patin était une nouvelle technique, plus difficile. Quand tu recommences à faire du ski de fond, tu choisis le classique parce qu’il y a plus de sentiers. Lorsque tu veux prolonger la saison, tu t’équipes en ski de fond de patin. Si les conditions ne sont pas assez bonnes pour le classique, elles le sont encore pour le ski de fond de patin.

«Je fais du ski pour être seule dans le bois. C’est rare que je sois accompagnée. C’est vraiment une thérapie pour moi de faire un sport individuel. L’hiver, le son n’est pas le même. Il n’y a pas de feuilles, pas de ruisseaux, tout est calme, comme dans une ouate.

«Des fois, au lieu de prendre une heure pour dîner, je vais skier. Je préfère manger rapidement après ou ne pas manger du tout pour y aller. L’an dernier, j’ai pris la grande décision de m’acheter une voiture pour pouvoir transporter mon équipement au travail. Comme ça, si je finis tôt, je peux me changer sur place et partir directement à la montagne.

«Aujourd’hui, je ne pourrais plus me passer du ski, même pour une saison. Je rêve de déménager à Québec pour avoir plus de neige. J’ai découvert le Camp Mercier [dans la Réserve faunique des Laurentides], c’est le paradis des skieurs. L’hiver dernier, il y avait tellement de neige qu’il fallait creuser un peu pour voir les numéros des pistes sur les balises des sentiers! Il ne faut pas avoir peur du froid quand on fait du ski, mais c’est vraiment une belle passion.»

Philippe Georgiades, grand sportif

Quand on demande à Philippe comment il a découvert sa passion pour le baseball, le football et le hockey, il évoque une photo de lui à l’âge de cinq ans. Il est vêtu d’un uniforme des Expos et se rappelle qu’il regardait avec envie des voisins en train de jouer au hockey ou au baseball dans la rue. Encore aujourd’hui, ces sports font partie de la vie de celui qui fait des relations de presse, de la traduction à la pige et enseigne à temps plein en francisation dans une école secondaire.

«Mon père m’a inscrit au baseball et au hockey vers l’âge de sept ou huit ans. J’ai commencé à jouer au football avec mon père, mon oncle, mes cousins et un ami d’enfance. Tous les dimanches matin, on allait chez mon oncle à Kirkland pour jouer et on a fait ça pendant plusieurs étés.

«L’été, mes amis et moi, on rassemblait une gang de voisins et on allait au parc pour frapper des balles de baseball ou se lancer le ballon de football. À un moment donné, on a essayé le tennis pour varier. L’hiver, quand on jouait au hockey dans la rue, on sonnait aux portes des gens du quartier pour les inviter à jouer avec nous.

«Aujourd’hui, je joue moins au hockey, mais si je vois du monde en train de disputer un match, je me joins à eux. En ce qui concerne le baseball, je remplace dans deux ligues et j’y vais quand je peux. Je joue au tennis régulièrement et je suis dans une ligue de touch football à Boucherville depuis 1993.
«Je n’ai jamais rêvé d’être un athlète professionnel. Je me débrouille bien, mais ce n’est qu’une fois adulte que j’ai commencé à être compétitif, à découvrir tout le côté stratégique, la finesse du jeu, autant au tennis qu’au baseball ou au football.

«Je continue de pratiquer mes sports parce que j’ai encore du plaisir et que j’ai l’impression que si j’arrête, je me sentirai vieux. Il n’est pas question que je cesse de faire certaines choses parce que j’ai atteint un certain âge. En même temps, je sais que ma dernière saison de touch football approche.
«En septembre 2022, je me suis blessé à une main et j’ai cru que c’était fini. J’étais frustré et je ne suis pas allé voir mon équipe jouer avant la demi-finale pour ne pas me tourner le fer dans la plaie. Ce soir-là, j’ai compris à quel point ça m’avait manqué et ça m’a confirmé que j’allais me réinscrire.
«J’ai découvert sur le tard ce que le sport m’apporte. Par exemple, quand je me suis inscrit à la ligue de touch football, je pensais que tous les autres étaient meilleurs. À force de jouer, j’ai réalisé que peut-être que l’autre est plus rapide que moi, mais moi, j’apporte autre chose à l’équipe. En gros, ça m’a donné confiance en moi.

«Comme tout le monde, je suis très occupé. J’ai deux enfants, je travaille beaucoup, j’ai bien des raisons d’avoir la tête qui tourne tout le temps. Pratiquer un sport en pensant à ces choses-là, ça ne fonctionne pas. Si tu es meilleur dans ton jeu, tu as plus de plaisir et la seule façon d’y arriver, c’est d’être dans le moment présent pour voir le ballon arriver.»

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