Une libido en chute libre et le désir à la baisse, ce serait un passage obligé après 50 ans? N’importe quoi, répond Mireille qui, malgré trois décennies de vie commune et l’ouragan de sa ménopause, ressent encore des orgasmes «à faire trembler les gratte-ciel». Son amie Claire, par contre, n’était plus attirée par la chose il y a quelque temps. Elle attribuait son désenchantement à la monotonie qui s’était installée dans son couple après 37 ans de mariage: «J’aimais encore mon mari, mais les occasions de nous retrouver au lit s’étaient espacées. Nous nous éloignions de plus en plus l’un de l’autre.»
Si les aléas du temps qui passe – chute d’hormones, maladie – peuvent contribuer à refroidir nos ardeurs, c’est surtout, selon des experts, la durée de la relation qui met un frein à nos pulsions. «Quand la routine s’installe, le désir risque d’être amoindri», confirme Raphaëlle de Foucauld, conseillère conjugale et familiale. Préserver la flamme amoureuse peut alors sembler une entreprise… olympienne. «Le grand défi du couple à long terme est d’entretenir un minimum, sinon un maximum, de passion», affirme Yvon Dallaire, psychologue, thérapeute conjugal et sexologue. La bonne nouvelle, ajoute Mme de Foucauld, est que plus des liens se seront créés au fil des années entre les partenaires, plus ces derniers seront en mesure de surmonter, main dans la main, les obstacles au désir. Les couples heureux, tels qu’observés par le psychologue américain John Gottman, en sont la preuve: soudés par une grande complicité, ils mènent une vie amoureuse digne des romans Harlequin. Comme quoi les atomes crochus, c’est irrésistible!
1. On se redécouvre
Faut-il revivre les pulsions chimiques de nos jeunes printemps pour que ressurgisse cette petite étincelle dans nos yeux? «J’ai bien aimé l’époque de nos premiers élans fougueux, mais retourner à la case départ ne m’intéresse pas du tout, répond pour sa part Mireille. Je préfère tenter de nouvelles choses que je n’aurais pu faire avant le départ de notre dernier rejeton (rires).» Marie de Hennezel, auteure du livre Sex & Sixty, serait bien d’accord avec elle. À son avis, essayer de retrouver à 60 ou 80 ans le même plaisir que celui éprouvé à 30 ans est utopique: «Il s’agit d’accéder à une nouvelle sexualité, forcément différente et parfois bien plus satisfaisante.» Pour Mireille, partisane du slow sex, plus lent et plus sensuel, tout est possible sous la couette, peu importe notre âge et la durée de notre couple: «L’important est de s’accorder le droit d’avoir la sexualité qu’on veut bien avoir.» Les jouvenceaux n’ont qu’à aller se rhabiller!
Réinventer notre sexualité, d’accord. Mais comment s’y prendre? «Avec une bonne dose d’amour et un brin d’imagination!» lance Yvon Dallaire. Chez les couples ayant toujours eu des ébats satisfaisants, l’âge n’empêchera pas de remplacer les fusions électriques du début par des communions tendres et complices. «Avec les années, l’homme voit chuter son taux de testostérone, qui est son carburant sexuel, explique le sexologue. S’il a intégré du romantisme et de la sentimentalité à sa génitalité intense, et si, de son bord, la femme a introduit davantage de génitalité dans sa sensualité, ils seront, autour de la quarantaine, les plus proches sur le plan sexuel.» À compter de la cinquantaine, leur sexualité continuera d’évoluer, devenant moins pulsionnelle et plus tendre. «C’est là, dans sa constante évolution, que réside la beauté de la sexualité, poursuit Raphaëlle de Foucauld. Elle n’est pas la même à 20, 30, 40, 50 ans et bien au-delà.» À nous, donc, le plaisir des découvertes!
2. On s’amuse
Afin de bénéficier au maximum de ce que cette sexualité sans cesse changeante peut nous offrir, on gagne à s’inspirer des couples heureux, observe la conseillère. «Ils passent plus de temps ensemble, multiplient les moments d’intimité, saisissent toutes les occasions pour se toucher, sans que cela soit forcément sexuel, se rappellent les bons souvenirs, discutent ouvertement de l’avenir et font face ensemble à tous les changements que la vie leur réserve. Ces habitudes favorisent la création de liens solides, ce qui, inévitablement, fait naître le désir sexuel.»
Une pointe d’humour n’est pas à proscrire non plus, pourvu que les liens du couple ne soient pas fragilisés. Voulant ranimer la flamme, Claire s’est dit que badinage et bagatelle feraient sans doute bon ménage. «Mon mari et moi avons toujours été très gastronomes, raconte-t-elle en souriant. J’ai donc commencé à glisser dans sa boîte à lunch des mots doux qui décrivaient de manière libertine les plats décadents que j’allais lui servir à son retour de sa journée de golf ou de pêche. Mis en appétit, il s’est mis à me confectionner des cupcakes sur lesquels il piquait à l’aide de cure-dents des petits papiers de devinettes grivoises. De fil en aiguille, nous nous sommes rapprochés, nous avons parlé… et depuis, nous sommes passés à l’acte un nombre incalculable de fois!»
3. On pique la curiosité
Chez les tourtereaux qui s’acoquinent depuis des lunes, l’attente permet aussi d’attiser la convoitise. «C’est comme ce principe qui dit que pour avoir faim, il faut arrêter de manger, commente Yvon Dallaire. Il s’agit de créer entre les partenaires une juste distance – chacun devant exister et s’affirmer en tant qu’individu – qui permet à la fois de satisfaire leurs besoins et d’entretenir leur désir par la frustration. Ça, et rester en mode séduction.» Un peu de mystère n’a jamais tué, non plus. Au contraire, cela donne à l’autre davantage envie de lever le voile. «Dans un couple heureux, on demeure curieux de son conjoint, analyse Raphaëlle de Foucauld. Peu importe le nombre d’années vécues ensemble, tous les jours, on se pose la question: « Qu’est-ce que je veux découvrir chez l’autre? »» À chacun, donc, de cultiver son jardin secret – sans que cela nuise au couple, bien sûr!
4. On passe à l’action
Prolonger l’heure des soupirs aussi longtemps qu’on le veut est possible pourvu qu’on se laisse transporter là où notre imagination nous amène. «Qui sait, alors, toutes les merveilleuses surprises qui nous attendent au détour d’une rencontre charnelle», dit en souriant Mireille. S’adonner au fantasme, ajouter de la fantaisie à nos préliminaires par un bain aux huiles essentielles, un souper aux chandelles ou encore un sous-vêtement affriolant, proposer une sortie sur un coup de tête, et surtout, afficher une belle assurance, voilà de quoi étonner notre partenaire. L’essentiel, si on veut rester actif au lit jusqu’à notre dernier souffle, est de pratiquer, pratiquer et encore pratiquer! «Comme les saines habitudes de vie, l’activité sexuelle en soi favorise l’épanouissement de notre sexualité, en plus d’être excellente pour la santé! dit M. Dallaire. C’est comme un muscle, il faut l’utiliser.» Difficile d’imaginer une tâche plus agréable!
5. On reste positif
Soyons constructif: si la séance d’intimité se déroule à notre goût, on acclame et on ne tarit pas d’éloges. Mais si la toute dernière manœuvre de notre partenaire nous laisse de glace, mieux vaut alors user de discrétion. «On en parle, mais pas trop, conseille M. Dallaire. On insiste davantage sur les choses qui nous plaisent.» Mettre l’accent sur le positif peut aider, particulièrement quand ça va moins fort dans le couple. «En consultation, on encourage les partenaires à se rappeler de bons souvenirs, à se demander ce qui fait qu’à ce moment-là ça ait bien marché, décrit Mme de Foucauld. Ils peuvent ensuite utiliser ces avantages pour résoudre leurs difficultés actuelles.»
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