9 mythes à déboulonner sur la vie sexuelle des 50+

9 mythes à déboulonner sur la vie sexuelle des 50+

Par Mélanie Noël

Crédit photo: iStock

Il y a de ces théories qui ont la vie dure... et qui complexent parfois les femmes et les hommes. Pour une sexualité encore plus épanouie, on a fait appel à des spécialistes qui se sont fait un plaisir de mettre les pendules à l’heure!

1. On est responsable de la sexualité de son partenaire.

NON! «Des hommes et des femmes me disent parfois qu’ils ou elles aimeraient répondre aux besoins de leur partenaire, comme s’ils ou elles «devaient» du sexe à l’autre. Je leur explique que le désir commence par soi. On doit apprendre à se connaître soi-même pour mieux offrir ensuite. Le désir part du cerveau pour descendre dans le corps. Pour connecter les deux, je demande à ceux qui me consultent de penser à ce qui leur crée une chaleur dans le ventre. Ça peut être des gestes vus dans un film ou un comportement observé chez l’autre. Ces pensées les aident à mieux se brancher à leurs fantasmes.»

– Lissa Godin, sexologue

2. Les femmes ménopausées n'ont plus de libido.

HEIN? «Il n’y a pas plus de troubles du désir chez les femmes ménopausées que chez les femmes non ménopausées. La libido chez la femme est multifactorielle et non juste liée aux hormones. Je demande souvent à mes patientes comment va leur libido en vacances. Si tout va bien, le problème n’est pas hormonal. La santé physique et psychologique a un impact. Ce qui nuit à la qualité de vie nuira à la libido. Si une femme travaille trop, qu’il y a des ados dans la maison, qu’elle vit une relation amoureuse de longue date où il n’y a plus de séduction ou qu’elle anticipe une douleur durant la relation sexuelle, la libido peut être affectée.»

– Dre Sophie Desindes, gynécologue et obstétricienne

3. L’éjaculation précoce n’est pas un problème qui affecte la population vieillissante.

HÉLAS! Il existe différents types d’éjaculation prématurée. Il y a celle dite primaire, dont le trouble dure depuis toujours, et il y a celle dite acquise, qui peut se développer à n’importe quel moment de la vie. En règle générale, c’est cette dernière qui affecte les hommes vieillissants.Dans une étude italienne publiée dans Sexual Medecine Reviews en 2018, les auteurs ont montré que la tranche d’âge la plus affectée par ce trouble était celle des hommes âgés de 60 à 70 ans. L’éjaculation prématurée peut survenir à tout âge et peut être déclenchée notamment par une phase dépressive ou une anxiété de performance.

– Dr Samuel Lagabrielle, urologue

4. L’éjaculation précoce est un problème irréversible

FAUX! L’éjaculation prématurée survient sporadiquement. Elle peut aussi être subjective, c’est-à-dire que le patient a l’impression qu’il a une éjaculation prématurée mais que sa réalité ne correspond pas à la définition. Pour que l’éjaculation soit considérée comme étant précoce, elle doit survenir dans les trois minutes suivant la pénétration et être associée à une perte de contrôle et à un retentissement psychosocial (ex. une perte de confiance en soi peut pousser un homme à éviter tout rapport sexuel). Si elle est causée par des facteurs psychologiques tels que l’anxiété ou un état dépressif, le problème peut se résorber.

– Dr Samuel Lagabrielle, urologue

5. Pour qu’une relation sexuelle soit considérée comme telle, il doit y avoir pénétration.

ERREUR! De plus en plus de couples choisissent d’avoir des rapports sexuels sans pénétration et ce n’est pas par constat d’échec, mais bien parce qu’ils trouvent ça plus agréable, simple et facile. En optant pour les caresses génitales, les fellations ou les cunnilingus, ils éliminent des questionnements qui peuvent créer de l’anxiété de per- formance telles que «Est-ce que je suis assez lubrifiée?» ou «Est-ce que mon érection est assez vigoureuse?».

– Lissa Godin, sexologue

6. Les gens font l’amour pendant des heures!

PAS DU TOUT. FIOU! Selon une étude menée avec la collaboration de 500 couples dont les résultats ont été publiés dans le Journal of Sexual Medicine il y a quelques années, la durée moyenne du coït est de 5,4 minutes. Il passerait de 6,5 minutes chez les 18-30 ans à 4,3 minutes chez les 51 ans et plus. Plusieurs hommes ou femmes vivent une anxiété de performance en pensant, à tort, qu’une relation sexuelle doit être de longue durée. Selon mon expérience professionnelle, cela dure de 3 à 5 minutes et cela inclut parfois les préliminaires, qui représentent souvent le moment préféré des femmes.

– Lissa Godin, sexologue

7. Après 50 ans, il est trop tard pour changer nos habitudes au lit.

AU CONTRAIRE! Avec l’âge, plusieurs personnes réalisent qu’elles ne souhaitent plus répondre aux at- tentes préconçues par la société ou imposées par leur éducation et leur expérience. Il devient plus facile pour elles d’exprimer leurs besoins dans leurs propres mots, de faire respecter leurs limites, de se libérer de fausses perceptions (un homme ne peut démontrer sa vulnérabilité au lit, une femme doit faire du bruit pour montrer qu’elle jouit, etc.). C’est le temps de faire le ménage, de choisir les comportements qu’on garde, ceux qu’on veut découvrir et ceux qu’on abandonne. N’oubliez pas que, pour changer de vieilles habitudes, il faut se donner un bon trois mois.

– Lissa Godin, sexologue

8. Les femmes ne se masturbent pas

PARDON? L’idée que les hommes se masturbent est acceptée et reconnue. On ne compte plus les scènes de film dans lesquelles un homme est surpris à se toucher en cachette (ou non!). Depuis longtemps, l’homme se sert de la masturbation comme un outil de plaisir, voire un moyen d’évacuer la pression ou de contrer l’insomnie. Or, les femmes commencent elles aussi à pratiquer la masturbation pour les mêmes raisons et non plus uniquement pour plaire à leur partenaire ou le faire en cachette parce qu’elles se sentent honteuses. La masturbation chez la gent féminine a longtemps été taboue. Pourtant, se toucher en se donnant du plaisir, c’est faire l’amour à soi, apprendre à connaître son corps pour mieux exprimer ses désirs à son partenaire et répondre à ses besoins.

– Lissa Godin, sexologue

9. Le coït est différent chez les femmes ménopausées.

NUANCE IMPORTANTE: Le coït ne devrait pas être différent, mais les impacts du manque d’œstrogène vont entraîner des changements. Il faut être attentive et réagir. Si les relations sexuelles sont inconfortables, voire douloureuses même après avoir utilisé un lubrifiant à base d’eau (moins irritant pour la muqueuse vaginale), il ne faut pas attendre trop longtemps avant de consulter son médecin, car la muqueuse vaginale s’amincira, deviendra moins souple, et la taille du vagin se modifiera. Une femme qui n’a pas de relations sexuelles pendant plusieurs années et qui n’est pas attentive aux impacts des changements hormonaux pourrait avoir une atrophie vaginale qui l’empêcherait d’avoir des relations avec pénétration. La sécheresse vulvaire, l’inconfort au moment d’uriner, les infections urinaires répétées, les pertes vaginales différentes sont autant d’indices qui doivent amener les femmes à consulter. Souvent, des traitements d’œstrogène locaux sécuritaires et sans contre-indication font l’affaire.

– Dre Sophie Desindes, obstétricienne et gynécologue

Vidéos