Nos astuces pour que ça clique avec nos petits-enfants!

Nos astuces pour que ça clique avec nos petits-enfants!

Par Caroline Fortin

Crédit photo: Luke Porter via Unsplash

On ne parle pas toujours le même langage que nos petits-enfants, surtout une fois qu’ils sont ados. Comment consolider nos liens avec eux? 

On les a bercés, cajolés, divertis, gardés… mais depuis qu’ils sont entrés au secondaire, on les voit moins, ou on a l’impression qu’on ne connecte plus autant avec nos petits-enfants. Qu’on se rassure, c’est tout à fait naturel! «L’adolescence est une période où on se distancie de sa famille et où le groupe social prend plus d’importance puisqu’on a besoin de s’identifier à des gens de son âge, rappelle Nathalie Parent, psychologue, formatrice et auteure. En pleine transformation tant physique que mentale, les ados ont tellement de nouvelles préoccupations qu’ils ne penseront pas spontanément à aller vers leurs grands-parents.»

Bien sûr, si on n’a jamais été très proche d’eux lorsqu’ils étaient enfants, pour quelque raison que ce soit, cela risque de demeurer. Mais il n’est jamais trop tard pour s’y mettre. «Il suffit d’être à l’écoute des limites de chacun et d’exprimer son désir de mieux se connaître, assure la psychologue. On peut dire: "On ne s’est pas vus beaucoup quand tu étais petit, mais là, est-ce que ça te tente qu’on rattrape le temps perdu?" C’est rare que les ados refusent.»

Il reste que l’idéal est d’investir dans sa relation dès que possible. Parents de trois enfants, Johanne Tremblay et Marcel Claveau, tous deux âgés de 65 ans, ont huit petits-enfants de 6 à 18 ans, dont deux qui habitent à Gatineau, alors qu’eux résident à Sainte-Julie, dans une maison intergénérationnelle. Chaque année, sauf en 2020 pour cause de pandémie, ils les invitent à passer une semaine sans leurs parents dans leur chalet en Estrie. «C’est une tradition qu’on a instaurée et qui nous a soudés. On prend les quatre plus jeunes une semaine, les quatre plus vieux une autre, et on leur fait découvrir les environs, en plus de jouer avec eux et de s’adonner à d’autres activités, comme la pêche. Ils se souviennent tous du premier poisson qu’ils ont pris! Aujourd’hui, avec les plus grands, c’est plus difficile de poursuivre parce qu’ils ont un job, une blonde, un chum, quoique parfois ils les emmènent. Mais ça a fait en sorte qu’ils sont encore très ouverts à nous, même plus vieux.» 

 

Mot-clé: curiosité

S’il est un élément qui devrait guider les interactions avec les petits-enfants, c’est la curiosité. «Quand on veut garder le contact avec un adolescent, même à distance, il faut absolument s’intéresser à lui, indique la psychologue et conférencière Rose-Marie Charest. On doit être curieux, s’intéresser à la façon dont il voit les choses, à ce qui le passionne. On a tous envie de parler de ce qu’on aime!» Plutôt que de lui faire subir un interrogatoire du type «Puis, as-tu des bonnes notes à l’école? T’es-tu fait une blonde?», on opte pour des questions ouvertes, suggère-t-elle. «Que penses-tu de ceci? Es-tu d’accord avec cela et pourquoi? Quels films ou séries t’ont captivé récemment?»

Et pas besoin de devenir un expert en Fortnite, TikTok ou Snapchat pour être proche de Samuel ou de Laurie. «Oui, le fossé est inévitable entre les intérêts des petits-enfants et ceux des grands-parents, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas construire des ponts, poursuite Rose-Marie Charest. On leur demande, par exemple, de nous parler du plaisir que leur procurent ces activités, de ce qu’ils trouvent le plus stimulant, le plus difficile là-dedans, du but qu’ils veulent atteindre.» Et on peut faire la même chose de notre côté, leur envoyer des photos de notre quotidien, de ce qui nous fait penser à eux, les tenir au courant de nos réalisations: «Il faut également avoir de la continuité dans nos propos. S’il nous a parlé d’une chose la semaine précédente, on ramène le sujet au prochain appel pour faire un suivi. De cette façon, il sait qu’il compte pour nous.»

De leur côté, Marcel et Johanne utilisent le texto, le courriel et Messenger pour communiquer avec leurs petits-enfants, mais ils partagent aussi des activités plus traditionnelles. «Moi, je jase, je prends des marches, je joue à des jeux de société, je vais magasiner avec eux et je lis chaque jour une histoire par Messenger vidéo à ma petite-fille Flavie, puisque je ne peux plus me rendre chez elle pour le faire», confie Johanne. Pour Marcel, le sport est incontournable: il s’adonne au spikeball avec Léo et Olivier, ses deux petits-fils qui habitent à côté, et au badminton chaque semaine avec l’aîné, en plus de faire de la randonnée avec eux. «C’est un peu un rituel pour nous, on aime le côté aventure, actif.» 

 

Transmetteurs d’histoire

L’un des rôles les plus importants des grands-parents est certainement celui de la transmission. «Il y a quelque chose de très rassurant dans le fait de savoir d’où on vient, et plus les enfants vieillissent, plus ils ont besoin de sentir qu’ils font partie eux aussi de l’histoire familiale», explique Rose-Marie Charest. D’où l’intérêt de conserver des souvenirs de nos petits-enfants, comme des dessins, des cartes de souhaits, des photos qu’on pourra leur montrer plus tard. Regarder ensemble les albums photo est aussi une activité de choix. On peut leur faire voir comment étaient leurs parents à leur âge. «Les enfants aiment beaucoup entendre parler de leurs parents, et les grands-parents sont les historiens de la famille, des historiens tout court, en fait, confirme Nathalie Parent. Ils ont vu passer des conflits, des hommes politiques, ils peuvent faire des parallèles entre la pandémie actuelle et d’autres passées, leur montrer à quoi ils jouaient, eux, quand ils étaient jeunes. L’histoire familiale unit les petits-enfants et les grands-parents, peu importe l’âge.»

Par ailleurs, «on ne doit pas leur transmettre que de l’information, mais aussi nos passions, des activités qu’on aime, dans la mesure de nos possibilités et de notre énergie, qu’il s’agisse de cuisiner des gâteaux, de construire quelque chose de ses mains ou d’échanger sur la littérature», estime Rose-Marie Charest. Si on adore la lecture, on peut ainsi s’informer des romans au programme scolaire et les lire dans le même ordre que sa petite-fille pour pouvoir en discuter avec elle.

En définitive, nourrir le lien avec ses petits-enfants ne comporte que du positif. «On y gagne des relations satisfaisantes, du sens à notre vie, le sentiment d’être utile, de jouer un rôle important dans la vie d’un être humain, conclut la psychologue et conférencière. Quelque chose en nous demeure plus vivant parce qu’on sait que ça va nous survivre. Et puis, nos petits-enfants nous donnent accès à un monde auquel on n’aurait peut-être pas accès autrement, en nous permettant de garder contact avec la modernité.»

 

À lire: Pour grands-parents seulement!, Nathalie Parent, les éditions Québec-Livres.

 

On évite de…

Juger. Elliot arrive avec les cheveux verts? Un tatouage? «On a le droit de trouver ça extravagant, mais il faut garder une ouverture, et ce, dans tous les aspects de notre relation, conseille Rose-Marie Charest. On peut lui dire: "Tes cheveux verts, je n’aime pas, mais toi, je t’aime! Et s’ils étaient orange, je t’aimerais pareil!"» 

Forcer les choses. L’enfant doit sentir qu’il est libre de nous voir, et non que c’est une obligation. Phrase à bannir: «Viens donc me désennuyer!»

Trahir leur confiance. Bien entendu, tout dépend de ce qui nous est confié. «Il a une peine d’amour? Je n’en informerais pas ses parents, parce que ce n’est pas dramatique, explique la psychologue. Il est très déprimé? Je leur en parle, car ce sont eux qui doivent prendre des décisions par rapport à cette situation. On peut dire à son petit-fils: "Je garde pour moi ce que tu me racontes, sauf si tu es en danger." Le moindrement qu’on sent que les parents devraient être au courant, on leur en glisse un mot. Mais avant, on peut lui demander s’il juge que ses parents devraient le savoir, le préparer à aborder la question, l’aider à le faire.»

Se laisser manger la laine sur le dos. «Il faut s’affirmer comme on le ferait dans toute autre relation, conseille Rose-Marie Charest. Être généreux, c’est une chose, permettre d’abuser de nous, c’en est une autre. Il faut toujours rester libre comme grands-parents de ce qu’on donne ou pas. Être vigilant, détecter la manipulation, la culpabilisation, être très ferme dans notre refus.» Et puis ne pas hésiter à exprimer nos besoins. «Quand papi affirme qu’il a besoin d’un peu de repos, et qu’il ne peut continuer à jouer, par exemple, ça montre au jeune que lui aussi peut mettre ses limites, que tout le monde en a, ajoute Nathalie Parent. On se pose ainsi en modèle pour eux lorsqu’on respecte ses propres limites.»

Dénigrer les parents. Même s’ils sont séparés, même si on désapprouve les façons de faire de notre propre enfant, on doit continuer à afficher du respect pour eux. «Sinon, on induit un conflit de loyauté, et nos petits-enfants n’auront plus le goût de nous voir», poursuit la psychologue et formatrice. 

Faire la morale. «Ce n’est jamais gagnant», affirme-t-elle.

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