Les limites, une affaire personnelle

Les limites, une affaire personnelle

Par Ève Martel

Crédit photo: Nadine Shaabana via Unsplash

Vous trouvez qu’on vous marche souvent sur les pieds? Identifier et partager ses limites est un talent qui se développe. Apprenez comment les faire respecter!

Certains mangent la tarte aux pommes froide, sans garniture. Ils ne se sont jamais posé de questions sur leurs préférences et prennent toujours la vie comme elle vient. D’autres l’aiment chaude avec de la crème glacée et n’hésitent pas à le demander. Il y a aussi ceux qui sont intolérants au lactose, mais qui n’osent rien dire si on leur propose le dessert avec une boule de glace à la vanille. Ils la mangeront en silence et en souffriront les conséquences plus tard. La différence entre ces expériences est que chacun vivra le moment en fonction des limites et préférences qu’il a exprimées. 

Les limites ont plusieurs visages. Elles peuvent être amicales, romantiques, professionnelles. J’ai eu à déterminer les miennes, et ça m’a aidée à être plus heureuse. Je suis quelqu’un qui aime faire plaisir aux gens. J’aime rendre service, offrir mon aide, donner mon 110 %. Cela m’a souvent permis de me dépasser et de grandir. Par contre, il a fallu que j’apprenne à déterminer et à exprimer ma zone de confort.

Dans mon ancien milieu professionnel, il arrivait trop souvent que je dise oui à des demandes sans avoir vraiment le temps de les mener à bien. Je me laissais surcharger de dossiers, je restais tard au bureau et cela me causait du stress. J’en voulais à mes supérieurs de me mettre dans cette situation. J’ai fini par me demander pourquoi je sentais qu’on m’exploitait. En fait, la vraie source de mon malaise était que je n’établissais pas mes limites.

Je me suis posé des questions. Qu’est-ce qui me fâchait dans la situation? Comment pouvais-je y remédier? J’ai tiré des conclusions et décidé de mon plan de match. J’ai expliqué à mes supérieurs que j’étais prête à faire du temps supplémentaire, mais pas pour pallier un manque de personnel. Je trouvais injuste qu’on compte sur mon temps pour compenser la décision de la compagnie de retarder certaines embauches. Si on m’imposait de nouveaux dossiers prioritaires, mes supérieurs devraient alors aussi choisir ce qu’ils retiraient de ma cour. 

Tout cela s’est déroulé parce que j’ai pris mon courage à deux mains pour avoir des discussions essentielles à propos de mes limites. Ma santé mentale et mon accomplissement professionnel en dépendaient. Le message est passé et la situation s’est améliorée. (Il faut dire que j’avais aussi des patrons très à l’écoute.) Si vous vivez des moments où vous constatez qu’on dépasse vos limites, c’est le temps de faire respecter ce dont vous avez besoin pour atteindre l’harmonie au quotidien. 

 

 

Avoir une discussion constructive

Il est bien de ne pas lancer des accusations. Nous exprimerons plutôt pourquoi le changement est nécessaire. Par exemple, si vous trouvez qu’on compte trop sur vous pour être la gardienne, vous pouvez expliquer à vos enfants que, même si vous aimez beaucoup recevoir vos petits-enfants, vous appréciez d’avoir un préavis quand ils vous rendent visite. Ne serait-ce que pour planifier de bons petits plats et des activités! Exprimer cette limite par la discussion sera le premier pas d’une relation respectueuse.

Réaliser que nos sentiments sont valides

Pour beaucoup, se faire respecter vient confronter leur peur de ne pas être assez généreux ou compréhensif. Pourtant, il ne faut pas s’oublier pour combler quelqu’un. Si vous trouvez qu’on ne respecte pas votre bulle et qu’on essaie de minimiser vos sentiments, il est temps d’avoir une discussion sur la nature de votre relation. Par exemple, si vous n’avez pas envie de raconter tout votre passé à un nouveau conjoint, vous avez le droit de lui mettre cette limite. S’il vous reproche alors de cacher des choses, c’est qu’il n’estime pas vos émotions valides. Vous n’êtes pas une maison qu’on doit inspecter avant d’y emménager. Vouloir garder pour vous certaines tranches de votre vie n’est pas une trahison – c’est une limite que vous avez le droit d’établir.

Être prêt à sévir et souligner les bons coups

Si vous remarquez que vous êtes toujours en train de donner une deuxième ou même une troisième chance à une personne qui va trop loin, il est temps de mettre de la distance entre vous. Dans un premier temps, il est bien de faire le point et de demander à la personne ce qu’elle est prête à changer pour rétablir l’équilibre. Par exemple, quand un membre de votre famille vous demande toujours du soutien financier alors que vous avez déjà exprimé que vos fonds ne sont pas illimités et que vous avez vous-même un budget à respecter, vous devez être prêt à couper les ponts si la relation devient abusive. Certaines personnes agiront contre vos limites simplement pour les tester. Leur redire ces dernières peut sembler répétitif, mais ces rappels aideront à baliser une relation saine. Si les gens ne sont pas prêts à changer, exprimez-leur que leur comportement est un choix et que seul un ajustement pourra améliorer la relation. À l’inverse, remerciez vos proches plus à l’écoute, qui ajustent leur attitude selon vos demandes. 

Au final, établir nos limites clairement nous donnera plus de confiance, nous permettant de profiter de relations plus harmonieuses avec les autres et de nous affirmer comme un être humain ayant une valeur et une identité propre. C’est une question de respect de soi.

 

 

Pour bien établir nos limites, nous pouvons:

-> Exprimer des éléments qui nous rendront plus confortables.

-> Ne pas minimser nos sentiments.

-> Renforcer les comportements positifs.

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