Le temps des Fêtes vous stresse? Voici pourquoi… et comment mieux le gérer

Le temps des Fêtes vous stresse? Voici pourquoi… et comment mieux le gérer

Par Geneviève Beaulieu-Pelletier, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Crédit photo: iStock

Le temps des Fêtes est une période de festivités empreinte de magie et d’enthousiasme. Un si beau moment de l’année durant lequel on valorise le partage, l’entraide et la joie de retrouver nos cœurs d’enfants.

C’est le discours qu’on entend, celui qu’on prône collectivement et qu’on tente de transmettre d’une génération à l’autre via les traditions.

En tant que psychologue, j’ai la chance d’observer de près notre relation ambivalente avec les Fêtes. Contrairement aux attentes idéalisées, ce qui revient souvent dans les récits de mes patients est loin de la magie escomptée. Il n’est pas rare que plusieurs d’entre nous éprouvent plutôt de l’anxiété.

Pourquoi le temps des Fêtes peut-il susciter autant d’appréhension?

Charge mentale

Les tâches et préparatifs pour les Fêtes se cumulent de façon hallucinante. Par exemple, il faut trouver des idées de cadeaux, les acheter, planifier les réceptions, gérer les invitations, installer les décorations, formuler des cartes de vœux, rendre le moment magique pour les enfants, gérer les «dégâts» des lutins, assister à la parade des Fêtes, cuisiner des biscuits, apporter des denrées pour les gens dans le besoin…

Au sein des familles séparées ou recomposées, il faut en plus s’assurer que les besoins de chaque membre sont pris en compte. Par exemple, on doit concilier les différents horaires familiaux pour les moments de réception.

La charge mentale cumulée peut être un facteur de stress important.

Rapport idéalisé au temps des Fêtes

Ce moment de féérie glorifié met en scène un scénario idéal à atteindre, comme si l’on devrait absolument être heureux dans le temps des Fêtes. C’est la tyrannie du bonheur à tout prix. Cet idéal présuppose que, même si l’on est déprimé, isolé ou épuisé psychologiquement, on devrait momentanément mettre tout cela de côté et s’accrocher un sourire aux lèvres en chantonnant l’air de Vive le vent.

Sinon, on est perçu comme le Grincheux qui mine l’esprit des Fêtes. Si vous saviez combien de personnes je rencontre dans mon bureau (et ailleurs !) qui ne ressentent pas cet appel du bonheur festif, et qui, pire, souffrent de la pression de devoir se montrer heureuses en portant un masque ! C’est épuisant.

Attentes personnelles élevées

Les attentes que l’on se fixe peuvent être stressantes en soi. En cherchant la perfection dans chaque aspect de notre fête, en voulant que nos décorations soient époustouflantes, que nos vêtements soient irréprochables, que nos invités soient ravis, que les enfants soient émerveillés et que notre menu soit mémorable, on s’impose une pression immense. On se compare aux autres, étant témoin notamment de leurs prouesses sur les réseaux sociaux: «Comme son sapin est magnifique!». «Comme ils ont l’air heureux en famille à rire autour du foyer en pyjamas assortis avec un chocolat chaud à la main!»

On s’attriste en voyant ce que nous n’avons pas et on veut faire de même. Lorsque notre motivation est alimentée par l’élan d’impressionner ou de faire les choses parce qu’on ressent de la pression, on s’éloigne de ce qui nous correspond authentiquement et ça diminue inévitablement notre bien-être.

Contexte personnel

Notre contexte de vie influence considérablement notre vision de la période des Fêtes. On pense notamment à des évènements comme les décès et les séparations survenus cette année, qui nous obligent à faire face à des pertes et des deuils. Vivre cette période de supposée allégresse sans la présence d’une personne qui nous était chère ou sans celle de nos enfants pour des moments qui, d’habitude, sont vécus en famille peut être très déstabilisant.

Peut-être nous sentons-nous isolés ces temps-ci; la période des Fêtes risque donc de nous plonger dans cette impression d’une triste solitude. Peut-être sommes nous aux prises avec des enjeux alimentaires qui viennent transformer les repas familiaux en un calvaire. Ou peut-être que le poids financier associé aux Fêtes nous étouffe cette année parce que nous sommes plus serrés.

Souvenirs négatifs

Les souvenirs associés au temps des Fêtes influencent beaucoup la façon dont on vit ces célébrations aujourd’hui. Cela dépend énormément de l’enfance et du passé : si les Fêtes étaient des moments remplis de réjouissance, d’amour, de générosité et de bienveillance en famille, ou si elles étaient plutôt des moments de tension, de morosité, de solitude, de mesquinerie et de conflits.

Tensions et conflits familiaux anticipés

Les préparatifs peuvent s’avérer plus stressants en raison des conflits sous-jacents. Rencontrer à nouveau des personnes avec qui on entretient des relations tendues, qu’elles soient exprimées ou non, peut être très anxiogène. Appréhender les réactions, les mots dits de travers, ou les malaises autour d’un sujet de discussion : tout cela occupe plusieurs réflexions préalables qui versent souvent dans une rumination en pensant en boucle à la manière dont va se passer ladite rencontre.

Souvent on s’oblige à rassembler l’ensemble des proches, soit parce que cela fait partie des attentes familiales ou culturelles, soit par culpabilité, selon mon constat clinique. Ces motivations peuvent nuire au bien-être et ajouter du stress.

Ce tableau de la situation nous aide à redéfinir notre relation au temps des Fêtes. Il est important de comprendre que chaque personne a son propre bagage de souvenirs, sa propre charge émotionnelle, son propre contexte actuel et ses propres idéaux, qui influencent tous sa propre attitude face aux Fêtes.

Il est crucial de garder à l’esprit que beaucoup de bien peut émerger de ces moments de rencontres festives, mais que chaque personne est unique et que son vécu lui est propre. C’est le moment de l’année où la bienveillance est à l’honneur. Profitons-en pour cultiver une profonde considération pour la manière dont chacun la vit, y compris pour notre bien-être.

Il n’est pas obligatoire d’apprécier les fêtes de fin d’année. Nous n’avons pas non plus besoin de nous imposer une pression supplémentaire en acceptant des tâches qui nous épuisent mentalement avant l’arrivée du Nouvel An.

De même, il est inutile de se forcer à rencontrer certaines personnes ou d’accepter toutes les invitations. Enfin, il est important de ne pas se sentir obligé de tout faire pour que les Fêtes soient parfaites. Qui sont les personnes que nous avons réellement envie de voir cette année? Qu’est-ce que nous avons envie de vivre? Quelles activités pouvons-nous décliner pour avoir un rythme plus lent pour mieux en profiter? Quelles traditions avons-nous le goût de perpétuer et lesquelles choisissons-nous de mettre de côté ?

Et comment pouvons-nous nous reposer à travers cette frénésie festive?

Créer un temps des Fêtes qui nous ressemble et qui nous comble émotionnellement, c’est ce que je nous souhaite en cette fin d’année!La Conversation Canada

 

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. 

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