Une fois ses enfants élevés et envolés du nid, Carole s’est sentie face à un vide immense. «J’avais l’impression qu’une grande partie de moi venait de disparaître, se souvient la quinquagénaire. Je me demandais avec inquiétude comment j’allais passer au travers.»
On peut certes être déstabilisé par tout changement important dans notre vie, explique Christine Grou, psychologue et présidente de l’Ordre des psychologues du Québec. «Et plus on a investi dans ce qu’on perd, ou ce qu’on a l’impression de perdre, plus le sentiment de vide sera grand.» Si ce dernier persiste dans le temps, notre bien-être pourrait alors en souffrir. D’où l’importance de se convaincre qu’on a encore beaucoup à offrir. Voici comment remettre la machine en route et sentir qu’on peut encore rendre service grâce à huit incitatifs concrets.
1 On se rassure: «Ce que j’éprouve est tout à fait normal.»
Ressentir un vide après la perte d’un emploi, le passage à la retraite ou le départ des enfants est tout à fait naturel et sain, affirme la psychologue. En discuter avec des amis ou d’anciens collègues ayant vécu une situation semblable permet de constater qu’on n’est pas seule à éprouver ce sentiment. C’est rassurant aussi de savoir qu’en plus d’être normale, dans bien des cas, cette impression est passagère. «Il faut faire confiance au temps, qui finit par arranger les choses, et profiter de cette période pour se demander comment on a envie de meubler notre horaire devenu plus souple.»
2 On se motive: «Oui, je sers à quelque chose!»
Ne plus avoir à se rendre au bureau ou à faire le lunch de nos oisillons ne signifie aucunement qu’on se retrouve désormais sans vocation. «Une fois le choc passé, j’ai compris qu’il y a une vie après le départ des enfants», confie Carole. Relativiser la situation a fait disparaître cette impression de ne servir à rien. «Ce n’est pas parce qu’on se sent inutile que c’est vrai, souligne Christine Grou. On ne perd pas de valeur parce que nos fonctions changent. Même si les enfants ont quitté la maison, ça ne veut pas dire qu’ils n’ont plus besoin de nous. La sécurité affective qu’on leur apporte, ça compte aussi!»
Carole, qui a commencé à se sentir mieux après avoir changé sa façon de voir les choses, est d’accord: «Je peux désormais prolonger mes grasses matinées ou planifier des soupers d’amoureux avec mon conjoint. Et je continue d’être la mère de mes enfants en demeurant à leur écoute s’ils ont des ennuis ou en leur offrant mon soutien dans leurs projets. J’ai même apprivoisé Skype afin d’échanger tous les jours avec ma cadette, qui étudie à l’étranger.»
3 On se demande: «Qu’est-ce qui me ferait plaisir?»
On veut exploiter des talents cachés, aider notre entourage, faire profiter des gens de notre expérience? Excellente idée, pourvu qu’on le fasse pour de bonnes raisons et pas seulement pour chercher l’approbation d’autrui ou satisfaire les besoins d’autres que nous-même. «Soyons utile sans être utilisé!» recommande Marie-Paule Dessaint, docteure en sciences de l’éducation et accompagnatrice du changement. Rien ne presse pour trouver chaussure à son pied: «Ce qui compte, c’est de prendre le temps de réfléchir à notre situation et de trouver une formule qui correspond à nos envies.»
Pour y arriver, elle nous encourage à nous poser la question suivante: «Être utile, qu’est-ce que ça veut dire pour moi?» En plus de nous orienter dans la bonne direction, la réponse risque fort de nous aider à donner un sens à notre vie. Par exemple, en plus de tromper l’ennui, devenir brigadier et veiller à la sécurité des petits écoliers a procuré un fort sentiment d’accomplissement à Normand, un veuf dans la soixantaine. Françoise, une sexagénaire alerte, adore «se mêler des affaires municipales» pour faire avancer la cause des aînés de sa communauté. Et Carole, dont le petit-fils éprouve des difficultés à l’école, est contente de l’assister dans ses devoirs, les mardis et les jeudis.
4 On se le répète, au besoin: «Je suis capable, moi aussi!»
Faire une croisière autour du monde, mettre sur pied un projet humanitaire, devenir bénévole à temps plein ou entreprendre des études: si le cœur nous en dit et qu’on en a les capacités, rien de tout cela n’est impossible! Et même si certains problèmes (physiques, financiers, psychiques ou autres) nous imposent des limites, on ne se décourage pas pour autant! Des actions plus modestes – comme proposer nos services de couturière dans un CHSLD, faire de petites réparations dans la maison d’un ami, offrir de déblayer l’entrée de garage d’une voisine, sourire aux gens ou adresser un compliment – sont tout aussi valables et bénéfiques. «Les petites choses accomplies sur une base quotidienne font qu’on se sent apprécié et valorisé», assure Marie-Paule Dessaint.
5 On se rappelle qu’on n’a pas fini de donner
On doute de ce qu’on peut offrir après un certain âge? C’est le moment de se remémorer les bons coups qu’on a réalisés dans le passé. Coucher ceux-ci sur papier est aussi une manière de se rendre compte de notre contribution, de nos habiletés, ainsi que des valeurs et du savoir-faire que nous avons transmis à la génération suivante, ajoute Mme Dessaint: «On pourra relire cette liste par la suite pour nous convaincre de nos compétences et de notre utilité.» Une excellente idée quand on traverse des moments de remise en question…
6 On calme notre hamster intérieur
Des idées noires du genre «Les gens ne veulent pas de moi», «Je ne suis pas capable» ou encore «Je ne suis bon à rien» nous empêchent de plonger dans l’action? «Cette impression d’inutilité n’est pas forcément due aux autres, on a aussi notre part de responsabilité là-dedans, fait remarquer Marie-Paule Dessaint. On devrait alors se demander ce qui nous empêche d’atteindre nos objectifs, d’être bien avec autrui, de revendiquer notre place.» À nous de développer notre intelligence émotionnelle, d’améliorer notre façon d’entrer en relation avec les autres et d’entretenir un discours plus positif à notre sujet.
Malgré nos efforts, notre sentiment d’inutilité persiste au point de générer une détresse profonde? Dans ce cas, il est important d’admettre qu’on n’est pas obligé de vivre ça tout seul et qu’on peut recourir à une aide professionnelle. «En étant accompagné, on se donne les moyens nécessaires pour traverser cette période de transition qui s’avère difficile pour nous», mentionne Christine Grou.
7 On se répète: «Je suis dans la force de l’âge!»
Pour être en mesure de suivre nos petits-enfants, de retourner sur les bancs d’école ou encore de nettoyer les berges d’un lac avec les scouts de notre région, ça prend de la motivation, mais aussi une santé de fer! En adoptant une saine alimentation et en faisant de l’exercice sur une base régulière, on est déjà sur la bonne voie. Si, par-dessus le marché, on stimule nos neurones en apprenant de nouvelles matières, en lisant ou en exerçant notre mémoire, on s’assure d’être en forme encore longtemps. «Tous ces efforts font en sorte qu’on pense à soi tout en demeurant utile aux autres, ajoute Marie-Paule Dessaint. En prime, on projette l’image d’une personne âgée active, de belle humeur et en bonne santé au lieu d’être grognon et mal en point.» Parfait pour nous rendre encore plus populaire!
8 On pratique l’art de l’inutilité
En voilà une idée saugrenue! Pourtant, ne servir parfois à rien peut nous faire le plus grand bien. «S’accorder des moments pour se détendre ou réfléchir à notre situation, c’est bénéfique pour nous et, éventuellement, pour les autres aussi», ajoute Mme Dessaint. Il suffit alors de prévenir l’entourage: “Je suis temporairement hors de service et serai de retour sous peu… en pleine forme!”»
Femme de 65 ans, divorcée depuis 11 ans, retraitée depuis 3 ans…je me sens très seule intérieurement…Ma fille de 39 ans, sans enfants, s’est éloignée au bout du monde…je suis allée la voir mais ça c’est très mal passé car elle a sa vie et ne veut plus de cette relation fusionnelle (et certainement devenue toxique) que nous avions et a coupé les ponts….Mon fils 25ans, qui vit avec moi depuis 3ans, s’est envolé lui aussi vers son nouvel avenir.
Je me retrouve avec un sentiment d’inutilité, dépressive et souvent encombrante…je suis suivie par un psy depuis 3ans…mais les idées noires reviennent régulièrement…
Pour pallier à tout ça, j’ai décidé de retourner en Bretagne où j’ai vécu et travailler quelques années… l’échéance arrive… et j’ai très peur que cette distance de 900 kms de lui coupent les peux de liens que nous avions…lui est très heureux pour moi car il pense que je vais retrouver d’anciens amis..et un nouveau départ qui va m’éloigner de la dépression…
J’ai peur que cette nouvelle vie m’apporte encore plus ce sentiment de solitude qui me ronge…
J’ai besoin dans parler…avec des inconnus qui vivent et ont vécu cette situation…pour trouver la force de continuer,, de chasser ces idées noires qui me rongent…arrêter de ressasser les souvenirs d’une famille éclatée..et avancer loin d’eux pour les soulager et les laisser s’envoler.
Merci pour votre écoute