Hypnose: quand notre subconscient nous soigne

Hypnose: quand notre subconscient nous soigne

Par Lucette Bernier

Crédit photo: istockphoto.com

L’hypnose est un outil de guérison dont la pratique remonterait aux temps anciens; les médecins égyptiens, les shamans amérindiens, les griots africains, parmi tant d’autres, connaissaient cette technique. C’est au XVIIIe siècle, en Occident, que l’on redécouvre l’hypnose à partir des expériences menées par le Dr Mesmer. Après avoir été délaissée à la suite de la découverte des anesthésiants, et aussi à cause de la mauvaise presse engendrée par les spectacles truqués, la pratique de l’hypnose retrouve, depuis une trentaine d’années, sa place parmi les médecines alternatives.

Comment ça fonctionne?

L’hypnose est décrite comme un état modifié de conscience auquel on accède par une profonde relaxation. La sensation serait semblable à celle que l’on connaît le matin, au réveil, alors que le corps est encore lourd de sommeil, mais que les sens sont bien éveillés. Le cerveau de la personne en transe fonctionne alors au rythme des ondes alpha, un rythme plus lent que le mode beta, qui intervient lorsque nous causons avec quelqu’un, par exemple. Parfaitement détendue, la personne en transe reçoit, sans «filtres», les messages formulés par l’hypnothérapeute. Lorsque ce dernier lui dit: «Vous avez de plus en plus confiance en vous», le cerveau, étant en mode réceptif, acceptera volontiers cette suggestion parce que le néocortex ne fait pas la différente entre la réalité et l’imaginaire.

Paradoxalement, bien que la personne en transe soit dans un état altéré, elle conserve un certain contrôle sur ce qui se dit et se fait. Dans cette optique, on ne réussira pas à vous faire mimer Elvis Presley et son déhanchement même si vous en recevez le commandement et, advenant le cas d’une suggestion amorale, la transe s’interromprait immédiatement d’elle-même.

Les applications

Selon le cas à traiter, l’hypnothérapeute utilise une variété de techniques comme la visualisation, l’imagerie guidée, la relaxation et la suggestion. Ces outils serviront, par exemple, à retourner dans le passé pour y dénicher des événements marquants qui peuvent être à la source de problèmes présents, à induire des réflexes positifs pour enrayer certaines mauvaises habitudes (le tabagisme, par exemple), à faire cheminer une personne en deuil, à traiter certains dérèglements sexuels, etc.

L’hypnose connaît aussi de nombreux succès dans le traitement de maladies psychosomatiques, de maladies de peau comme le psoriasis, de tous les types de phobie, de stress grave, de crise de panique et même, par désensibilisation, de certaines allergies comme le rhume des foins.

L’hypnose comme antidouleur

Antidouleur

En dentisterie, on utilise l’hypnose principalement pour traiter les personnes qui sont allergiques aux anesthésiants locaux. C’est le cas de Lucie Granger, dont l’allergie s’est révélée alors qu’elle était en bas âge. Depuis, trois choix s’offrent à elle, selon la gravité du problème: le traitement à froid, l’anesthésie générale ou l’hypnose. Étant un sujet réceptif à l’hypnose, elle a pu choisir cette formule pour subir un traitement de canal sans douleur! Dans un tel cas, l’hypnose permet une réinterprétation de la douleur: disons que la personne s’évade dans un monde imaginaire.

Outre le fait que l’hypnose évite à Lucie Granger de subir une intervention à froid, le recours aux antidouleurs, après l’intervention, n’est pas non plus nécessaire puisqu’il y a suggestion en ce sens au moment de la mise en transe. «J’ai été très impressionnée!, raconte Lucie. Pour moi, c’est mille fois mieux que l’anesthésie, qu’elle soit locale ou générale.»

Pour les personnes qui souffrent d’arthrite, cette technique peut réduire le niveau de douleur; en apprenant à s’autohypnotiser, la personne gère sa douleur chaque fois que celle-ci se présente.

Tout le monde peut-il être hypnotisé?


Tout le monde peut être hypnotisé à la condition, bien sûr, d’être un bon sujet pour l’hypnose. On dit que, en moyenne, 95 % des gens le sont, dont 10 % à 15 % sont même d’excellents sujets; seulement 5 % sont réfractaires à cette pratique. Être un bon sujet ou réfractaire ne dépend pas de la croyance ou non en cette pratique, mais plutôt d’une disposition naturelle à pouvoir s’abandonner.

Des coûts et des séances

Au besoin, une séance dure de 1 h à 1 h 30 et le tarif varie de 60$ à 80$. Chez le dentiste, le prix pour un traitement avec anesthésiant ou sous hypnose est sensiblement le même. Certains hypnologues créent des outils qui permettent aux clients de poursuivre à la maison le travail entrepris en consultation. Ces cd ou cassettes concernent le plus souvent le renforcement du système immunitaire, comment améliorer la mémoire, perdre du poids, cesser de fumer, vaincre le stress, contrer l’insomnie, trouver l’âme sœur.

L’hypnologue traite la personne d’après les symptômes qu’elle décrit; il n’a pas les connaissances pour poser un diagnostic. Dans certains cas, pour une migraine récurrente, par exemple, on recommande de consulter un médecin avant d’entreprendre une thérapie afin de s’assurer que ce mal n’en cache pas un autre, plus grave.

Nous remercions Normand Sévigny, n.d., hypnothérapeute et directeur de l’École de formation professionnelles en hypnose à Montréal (514- 383-1088, www.hypnose-science.com) et Francine Boisvert, hypnologue à Montréal et auteur de nombreux cd sur le sujet (514-721-7118) de leur précieuse collaboration.

mise à jour le 2008-07-21

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