Combien de temps?

Combien de temps?

Par Aline Pinxteren, Rédactrice en chef

Crédit photo: Laurence Labat; maquillage-coiffure: Sylvy Plourde.

Et que notre journaliste financière, Sophie, souligne dans son dossier de ce numéro que trop peu de retraités se posent justement cette fameuse question au moment d’évaluer leur épargne. On n’a jamais vécu aussi longtemps de toute l’histoire de l’humanité! L’espérance de vie dans les pays développés grimperait même de deux à trois ans chaque décennie, ce qui permettrait en théorie aux nouveau-nés d’aujourd’hui de vivre 135 ans. Certains visent même plus haut, misant sur une longévité prochaine de… 1 000 ans! Ces partisans du «transhumanisme» travaillent déjà présentement sur l’intelligence artificielle, les robots microscopiques ou les machines qui remplaceront nos terminaisons nerveuses et nos organes faiblissants.

Reste à savoir si on aura tous le goût de vivre emplis de nanorobots de la tête aux pieds… On nous insère déjà des vis dans les os cassés, des prothèses au lieu de membres perdus et des organes pour remplacer ceux déficients, et c’est une chance. Mais de là à n’être plus qu’un corps étranger, rafistolé par des pièces électroniques jusqu’au dernier des neurones? D’autres scientifiques visent plus raisonnablement un ralentissement majeur du passage du temps, qui nous permettrait à 70 ans d’afficher la santé, le physique et l’énergie de quelqu’un de 50 ans. Irréaliste? Pas tant que ça: avant la découverte de la pénicilline, quand la moitié des pneumonies s’avéraient mortelles, personne n’imaginait non plus qu’une avancée aussi majeure changerait radicalement la donne.

En attendant, qu’on approche un jour de la barrière physiologique actuelle des 125 ans ou non, ce qui compte surtout, c’est de l’atteindre dans de bonnes conditions (et sans poursuite des coupures dans les soins de santé!). Le quatrième âge, voire bientôt le cinquième, est encore trop souvent associé à la tristesse de la perte, tant de ses proches que de ses facultés. Je me souviendrai toujours de la phrase prononcée par ma grand-mère que j’adorais, aujourd’hui disparue, après la messe de funérailles de son frère aîné Victor, alors qu’elle avait 87 ans: «Nous étions cinq enfants dans la famille, il ne reste plus que moi, je suis toute seule maintenant avec mes souvenirs, je voudrais partir aussi.»

Une si riche expérience de vie est pourtant un atout majeur pour notre société, qui ferait bien, dans tant de cas, de s’appuyer davantage sur ses grands sages au pic de leur existence. Car même la science l’affirme en plus désormais: c’est le meilleur âge. Selon une étude récente, effectivement, si 7 ans est le bon moment pour apprendre une langue, qu’à 18 ans, notre cerveau atteint sa puissance maximale et qu’à 25 ans, on est le plus fort physiquement, c’est bien à 50 ans qu’on comprendrait mieux les émotions de nos proches, à 70 ans qu’on accepterait pleinement son corps comme il est… et à 82 ans qu’on parviendrait au sommet du bien-être psychologique!

Savourer ce stade d’apaisement du corps et de l’esprit ensuite 30 ou 40 ans encore grâce aux progrès de la médecine, bien entourée, avec une vraie place dans la société et en pleine possession de mes moyens? Je signe des deux mains! Et vous?

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Aline Pinxteren, rédactrice en chef

aline.pinxteren@lebelage.ca

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