Cherchez l’erreur! Ça fait grandir

Cherchez l’erreur! Ça fait grandir

Drôle de manière de titrer le dernier billet de 2023, direz-vous. Mais, comme la parution de ce numéro précède de quelques semaines le Nouvel An et qu’on se reverra ensuite en janvier, cette invitation à assumer nos erreurs cache en vérité un cadeau de Noël bienveillant. Seul indice : il pourrait bien vous aider à passer d’une année à l’autre avec positivisme et résolution.

On le dit de plus en plus haut et fièrement: rater sa cible, c’est gagnant. Au-delà du droit à l’erreur, accordé par les professionnels (et les non- professionnels) du mieux-être dans moult livres et articles écrits sur le sujet au fil des années, faire fausse route non seulement n’est pas grave, mais serait également salutaire. Tomber, se relever et repartir, la leçon bien apprise (ou non, parce qu’une bévue, ça se répète parfois) est la meilleure façon de viser juste et d’atteindre éventuellement le succès.

Ce n’est pas Gaston Lagaffe qui le dit, mais bien Amy Edmondson, pionnière de la sécurité psychologique, concept qui désigne un contexte de confiance où l’on se sent libre de se tromper, de poser des questions et d’exprimer ses opinions sans crainte d’être jugé. L’auteure du livre Right Kind of Wrong: The Science of Failing Well* résume ainsi l’affaire : un échec, c’est final, mais trouver le bon pivot (autrement dit : se r’virer de bord sur un moyen temps) permet d’avancer et d’évoluer. Ce qui suit habituellement un échec : une infinité de possibilités.

L’idée est loin d’être bête puisqu’elle se trouve à la base même de la recherche scientifique : un chercheur émet une hypothèse et la teste; quand elle s’avère inexacte, il l’élimine et passe à la suivante. C’est d’ailleurs en voulant démontrer que des équipes de médecins et d’infirmiers soudées faisaient moins d’erreurs que des équipes divisées dans le cadre d’un projet de recherche sur l’efficacité au travail qu’Amy Edmondson a constaté l’inexactitude de ses observations. En fait, c’était tout le contraire! Les coéquipiers fusionnels semblaient en effet davantage fautifs que leurs collègues moins complices. Après avoir admis, le feu aux joues, sa méprise aux dirigeants du groupe de recherche, elle s’est ensuite remise à la tâche, en revoyant ses statistiques et ses notes. Cette deuxième analyse lui a permis de finalement comprendre que les équipes de la première catégorie ne faisaient pas plus d’erreurs que celles de la seconde, mais qu’elles étaient plus capables de les admettre et d’en discuter ouvertement.

De sa mésaventure, qu’elle a qualifiée d’«échec intelligent», la chercheuse a tiré d’importantes découvertes qui l’ont ensuite servie dans son travail de for- matrice de gestionnaires d’entreprises.

Si la leçon est utile dans le cadre de nos fonctions professionnelles, elle l’est tout autant dans notre vie personnelle, explique-t-elle dans son livre. Divorce, chicane de famille, faillite personnelle, examen raté, tous les oups ! et les j’aurais donc dû! qu’on peut se dire au cours d’une existence comptent surtout pour la manière qu’on a de rebondir. Si on fait le bye-bye 2023 de nos défaites, soyons d’abord cléments envers nous-mêmes. On en sortira plus victorieux!

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