À la croisée des univers

À la croisée des univers

Par Linda Priestley

Crédit photo: Collaboration spéciale

Pour se remettre du décès de son épouse bien-aimée, le Lévisien Clément Gravel, qui à 91 ans s’était mis à peindre des toiles pour ensuite les montrer à sa douce hospitalisée, a continué depuis à manier le pinceau, guidé par l’amour.

Au fil des années, cette dévotion à sa femme s’est étendue aux autres. Jusqu’à sa mort, à l’âge de 100 ans, celui qu’on surnommait Papy le peintre amoureux est demeuré fidèle à son chevalet, pratiquant l’art-thérapie afin d’inspirer les autres personnes âgées et de les encourager à ne pas se laisser abattre, ni par le deuil ni par les obstacles qui surviennent avec la vieillesse. À la fin de ses jours, il avait peint un tableau qui représentait pour lui la douleur que vivent les Palestiniens et les Ukrainiens en temps de guerre.

S’il y a une leçon à retenir de cet ancien forestier, c’est de ne pas hésiter à aller vers les autres. L’autrui est un chasse-ennui. Chaque passant croisé par hasard porte en soi un univers. Cette prise de conscience que les individus autour de nous sont les héros de leur propre histoire et mènent une vie aussi complexe et vivante que la nôtre – appelée sonder par l’auteur John Koenig – nous incite à développer notre curiosité face à eux.

Bien entendu, c’est sur la pointe des pieds (et non avec ses gros sabots !) qu’il faut fouler ces univers vibrants. S’interroger sur le vécu des personnes rencontrées au quotidien, reconnaître la richesse de leurs expériences, réaliser que chacun a ses défis (et ses succès !), comprendre que nous faisons partie d’un vaste réseau d’histoires humaines, bref, tout cela favorise une connexion positive et nous permet de brosser un portrait de la réalité des gens, un peu comme Papy et ses gouaches. Cette ouverture nous aide aussi à faire preuve d’empathie – associée au bien-être personnel –, nous motive à persévérer dans nos projets et à accueillir les hauts et les bas de la vie avec gratitude et résilience. En plus de donner du pep au soulier!

Et la vitalité, on le sait grâce à notre cover girl de ce mois-ci, Élise Guilbault, est une qualité essentielle pour murir en beauté.

Vous n’avez pas la graine d’explorateur? Dans ce cas, faites les premiers pas à votre rythme et selon vos capacités. Ça peut être aussi simple que d’aller emprunter une tasse de farine chez la voisine. Vous en repartirez avec l’ingrédient qui vous manquait pour faire votre gâteau, un sourire et des mots gentils de sa part et, plus tard, en dégustant votre pâtisserie, le souvenir de sa générosité. Petit à petit, vous pouvez pousser l’exploration en faisant connaissance avec des personnes en dehors de votre cercle habituel de contacts (les partys de quartier, c’est génial pour ça). L’important, c’est de rester curieux – mais sans devenir la commère du quartier! S’intéresser aux autres de manière saine, c’est bon pour le cerveau et le moral.

Dépêchez-vous de salir vos souliers, chantait Félix Leclerc; le paradis n’est pas la place pour les souliers vernis!

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