Écrire aux gens en résidence est une belle façon d’illuminer leur quotidien et de leur faire savoir qu’ils comptent à nos yeux. Un geste doublement important en ce temps des Fêtes particulier!
Une chaîne de solidarité
Au début de décembre, peu de temps après que l’interdiction des rassemblements à Noël ait été annoncée, Sylvie Chevrier, infirmière en soins à domicile dans la région de Gatineau, émue par les gens d’une résidence qui s’étaient tristement résignés à ne pas voir leurs proches pendant les Fêtes, a pris la photo de l’un d’entre eux, tenant une pancarte qui disait: «Voudriez-vous m’écrire pour Noël?» Un élan de solidarité s’est aussitôt emparé des réseaux sociaux, d’autres résidences ayant émulé l’initiative, et a même fait le tour de la planète! «Ç’a fait boule de neige, raconte Mme Chevrier, ravie. Les résidents ont reçu de lettres et de petits cadeaux de gens d’ici et d’ailleurs, de la France, de la Malaise, de l’Afrique…!»
Facteurs de bonheur
Déjà au printemps, d’autres initiatives du même genre avaient vu le jour. Ainsi, la Fondation Sunny D. Extrême, à Shawinigan, a lancé son projet Pour garder les liens, de loin!, qui invite les jeunes à prendre des photos, des selfies, à écrire une lettre, à faire un dessin, ou encore à faire des vidéos de leur spectacle de marionnettes ou de danse, en direct ou enregistrées. Le tout est ensuite envoyé aux résidents dans des centres d’hébergement. «Ils les regardent pendant leur période de loisirs, dit Alain Desbiens fondateur de l’organisme. Ça les fait énormément sourire.»
Par ailleurs, la médiation culturelle à l’arrondissement de Montréal-Nord a mis sur pied un projet de soutien par l’écriture. «Des lettres, écrites en grand nombre par des adolescents, contribuent à réconforter nos aînés en résidence», dit Wilmann Edouard, coach de basket. Ce dernier avait participé, il y a deux ans, à une initiative similaire, Les belles lettres, lancée par Amarande Rivière, chargée de projets. L’objectif était d’aider des jeunes basketteurs à rédiger des lettres à des résidents du CHSLD Angelica. «La récréologue de l’endroit, Julie Nolet, nous a parlé des larmes de joie qui déferlaient sur leurs joues, raconte M. Edouard. La plupart n’avaient pas reçu de courrier depuis fort longtemps.»
Bref, on le constate, rédiger à une personne seule ou isolée sert à créer des ponts entre les générations et à forger des amitiés inattendues. Un baume pour nos aînés, surtout en cette période des Fêtes, où rien n’est plus pareil, mais où nous sommes tous, malgré tout, fièrement solidaires.
À vos plumes!
Ça vous tente d’écrire à une personne en résidence? Sylvie Chevrier vous indique la marche à suivre.
• Par où commencer? Vous pouvez appeler la résidence de votre coin (le numéro de téléphone se trouve sur le site internet de l’établissement) pendant les heures d’ouverture de l’endroit, et demander de parler à la personne responsable du marketing. Celle-ci vous fournira le nom d’une personne à qui écrire ou vous redirigera vers la personne-ressource (cela change dune résidence à l’autre).
• Que mettre dans une première lettre? Présentez-vous d’abord: nom, lieu de résidence, occupation, etc. «Mentionnez ce qui vous distingue, par exemple, si vous êtes originaire de la Malaisie ou musicien d’orchestre», conseille Mme Chevrier. Ensuite, annoncez clairement vos intentions: «Je vous écris parce que je pense à vous, j’aimerais savoir comment vous allez.» Terminez en invitant la personne à poursuivre la correspondance, si elle le veut bien.
• Quelle longueur? Une première lettre devrait tenir sur une page et contenir environ 250 mots. Les prochaines lettres peuvent s’ajouter d’une centaine de mots. Mais pas plus, pour garder leur attention et ne pas fatiguer leurs yeux.
• Manuscrite ou écrite à l’ordi? La première méthode est plus personnelle. Dans ce cas, adoptez une écriture plus large que fine. Si vous préférez le clavier, choisissez une fonte de 14 points ou plus.
• Quels sujets aborder, si la correspondance se poursuit? Encouragez votre correspondant à décrire sa vie, ses envies, ses goûts, ses passions, sa famille, ses enfants, ses voyages.
• Quel ton? Privilégiez le vouvoiement. Ayant appris à ne pas tutoyer un aîné quand ils étaient jeunes, ils apprécieront cette marque de politesse. Si vous supervisez le travail de rédaction d’un jeune, songez à lui rappeler la consigne.
• Les sujets à éviter? La mort et la maladie. «On peut écrire: “Vous me faites penser à ma grand-mère”, mais sans préciser qu’elle est morte, si c’est le cas», recommande l’infirmière.
• Dans l’ensemble Écrivez-leur en gardant votre grand-mère ou votre grand-père en tête (si vous entretenez ou entreteniez un lien d’affection avec eux, bien sûr). Cette image vous accompagnera tout au long de la rédaction. Cela dit, laissez-vous inspirer par ce que la personne vous écrira à son sujet. «Chaque personne aînée est différente, rappelle Mme Chevrier. Comme tout le monde, quoi!»
À regarder: la vidéo de remerciement à ceux ayant participé au projet lancé par Mme Chevrier, où on voit des réactions touchantes de gens ayant reçu une lettre.
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