Tout ce qu’il faut savoir avant de choisir son futur chez-soi

Tout ce qu’il faut savoir avant de choisir son futur chez-soi

Par Isabelle Bergeron

Crédit photo: iStock

Le Québec compte environ 2600 hébergements privés et publics destinés aux 65 ans et plus. Voici un guide complet pour s’y retrouver et faire un choix éclairé.

Les différents types de résidences

Au public
Les CHSLD On recense plus de 300 CHSLD publics au Québec et une soixantaine de CHSLD privés, mais conventionnés (aussi financés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, mais gérés par des particuliers). L’état de santé des personnes qui s’y trouvent nécessite plus de trois heures de soins quotidiens (services infirmiers et médicaux, psychosociaux, de réadaptation, etc.).

Les Ressources intermédiaires (RI) Ce sont souvent des lieux de transition vers un CHSLD, bien que l’on puisse y demeurer un plus long moment si notre situation est stable. Ce sont des hébergements qui bénéficient de soutien à domicile offert par un Centre de santé et de services sociaux (CSSS) dont ils sont en quelque sorte partenaires. Les résidents des RI sont en perte d’autonomie, mais ils n’ont pas besoin d’autant de soins que ce qui est offert en CHSLD. Une RI peut aussi se présenter sous la forme d’un étage loué par le gouvernement dans une résidence privée pour personnes âgées. On parlera alors d’unité de soins.

Les Ressources de type familial (RTF) Il s’agit de personnes qui accueillent chez elles quelques pensionnaires à la fois, neuf au maximum, et qui, comme les RI, reçoivent le soutien d’un Centre de services sociaux.

Un mot sur les Maisons des aînés: les 33 maisons qui devaient être livrées en 2022, assurant ainsi quelque 2600 places supplémentaires, ne le seront finalement pas avant, possiblement, ce printemps. Comme dans un CHSLD, ces maisons offriront les soins nécessaires aux gens en perte d’autonomie, mais dans un environnement censé reproduire un peu celui d’une véritable maison.

Au privé
Les CHSLD privés Il en existe une quarantaine au Québec. Ils appartiennent entièrement au secteur privé. Les tarifs, le fonctionnement ainsi que les critères d’admission sont déterminés par leurs propriétaires. Ils doivent toutefois répondre aux normes du ministère de la Santé et des Services sociaux et être détenteurs d’un permis délivré par ce dernier. La clientèle est constituée de personnes âgées en perte d’autonomie qui ont aussi besoin de plus de trois heures de soins chaque jour.

Les Résidences pour personnes âgées (RPA) Ces dernières représentent un large éventail de possibilités, depuis les grandes bannières comme le Groupe Maurice et les Résidences Soleil jusqu’aux chambres situées dans une maison familiale de style tout inclus. Pour pouvoir exister, les RPA doivent détenir un certificat de conformité d’un CIUSSS ou d’un CISSS et, en tout temps, une inspection peut être faite sans préavis par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Au Québec, ce sont 17 % des 70 ans et plus qui vivent en résidence, alors que la moyenne canadienne est d’environ 5 %.

Les bonnes questions à se poser

Comment trouver la résidence adaptée à… nos besoins
A-t-on simplement envie de briser la solitude? De profiter d’activités organisées? Un logement est-il nécessaire, ou une simple chambre ferait-elle l’affaire? Un grand complexe est-il la bonne option ou une petite résidence plus familiale serait-elle préférable?

Souvent, on souhaitera demeurer dans notre communauté, près de nos amis et de l’environnement qu’on connaît bien, et c’est tout à fait normal. Mais pourquoi aussi ne pas envisager un autre quartier ou encore se rapprocher de nos enfants? Ouvrir nos perspectives, aller visiter différents endroits, poser des questions et ensuite réévaluer nos besoins, si nécessaire.

Comment trouver la résidence adaptée à… notre état de santé
On se sent bien, mais on a envie de vivre à proximité d’autres personnes? Cela nous rassurerait? On a besoin d’aide pour certaines tâches ? Notre santé est fragile? On sait qu’elle risque de se détériorer à court ou moyen terme? Dans le cas des RI et des CHSLD, c’est généralement un travailleur social qui référera et transmettra le dossier de la personne. S’il y a perte d’autonomie et que plus de trois heures de soins quotidiens sont nécessaires, fortes sont les chances que ce type d’hébergement soit l’option considérée.

En revanche, on peut encore être parfaitement autonome ou semi-autonome (besoin d’assistance dans les déplacements ou la réalisation de certaines tâches, par exemple) et considérer une RPA. Si notre état le requiert (par exemple, une personne atteinte d'Alzheimer au tout début de la maladie sera souvent considérée comme semi-autonome), il vaudra peut-être la peine de se diriger vers une RPA pourvue d’une unité de soins.

Comment trouver la résidence adaptée à… notre budget
Quels sont mes revenus? Sont-ils fixes? S’il y a lieu, combien la vente de mon domicile me rapportera-t-elle? Y a-t-il des dépenses dont je pourrais me passer? D’autres qui sont essentielles et non incluses dans le loyer mensuel ? Quels sont les services inclus?

En ce qui concerne les CHSLD publics et les RI, le coût mensuel sera établi par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) en fonction des capacités financières de la personne, pour un maximum d’environ 2000$ par mois. (En comparaison, le coût pour un CHSLD privé se situe entre 5000$ et 8000$.)

Pour l’ensemble du Québec, le coût d’un loyer moyen d’une place standard est passé de 1844$ en 2020 à 1922$ en 2021 (Société canadienne d’hypothèque et de logement). Pour ce qui est du prix moyen des loyers avec soins assidus, celui-ci est de 3653 $ pour l’ensemble du Québec. Il varie selon les régions, atteignant 4012$ pour la région de Gatineau.

Bien sûr, plusieurs frais sont inclus dans ces sommes, comme l’électricité, le câble, le chauffage, les assurances, etc. Pour faire un choix éclairé, le mieux est d’en discuter avec un conseiller financier.

Le meilleur moment

Il arrive fréquemment qu’une perte soudaine d’autonomie force les gens à se diriger vers une RI ou un CHSLD (souvent avec un passage plus ou moins long à l’hôpital). Cela dit, si on envisage de quitter notre maison ou notre appartement un jour, même si ce n’est pas bientôt, on peut déjà faire un peu de prospection, question de faire le plein de renseignements utiles et, peut-être, d’apprivoiser l’idée d’aller un jour en RPA, que ce soit pour nous ou pour nos parents. Il n’y a pas d’âge pour commencer notre quête d’information.

Les délais: en CHSLD public, le délai d’attente moyen au Québec est d’environ 10 mois. Dans les RPA, les délais sont souvent moins longs. Selon des données issues du rapport du Commissaire à la santé et au bien-être (2019-2020), il y avait au Québec 116 000 places disponibles dans les RPS (sans unité de soins) versus 31 600 dans les CHSLD publics.

Ville, campagne ou banlieue?

Souvent, une personne souhaitera demeurer à proximité de l’environnement qu’elle connaît déjà ou encore se rapprocher de ses enfants, si possible. Cela dit, considérer d’autres facteurs liés à l’environnement ne peut être que bénéfique. Aimerait-on être proche de magasins, de restaurants ou d’autres services ? Veut-on pouvoir profiter du transport en commun ? Ou penche-t-on plutôt vers les grands espaces, les sentiers, la tranquillité et la nature ? L’environnement dans lequel se trouve la résidence est tout aussi important que la résidence comme telle. À noter : les résidences étant moins nombreuses en région, les temps d’attente y sont souvent plus importants.

Faire appel à une agence de conseillers en hébergement?

Pourquoi pas ! Cela peut être d’une grande aide et le service est gratuit (l’agence facture à la résidence choisie). Il faut s’assurer que l’agence est inscrite à l’Association des conseillers en hébergement du Québec, mais les critères suivants sont aussi un gage de la qualité des services offerts:

• une prise de contact rapide avec la famille;
• des discussions quant aux désirs et besoins des futurs résidents;
• la discrétion;
• un accompagnement lors des visites de résidences;
• un suivi de satisfaction.
Info : achq.quebec

Bon à savoir

Il est possible de résilier un bail à deux mois d’avis pour les personnes de plus de 70 ans pour des raisons de santé et de bien-être.


Merci à Mme Fatima Coullerez, directrice de l’agence Accès résidences, et à M. Marc Fortin, président-directeur général du Regroupement des résidences pour aînés, pour leur collaboration.

Vidéos