Robots-conseillers financiers: mode d’emploi en 10 questions

Robots-conseillers financiers: mode d’emploi en 10 questions

Par Dominique Lamy

Crédit photo: iStock

Le terme «robot-conseiller» vous laisse perplexe? Vous n’êtes pas seul! Voici ce qu’il faut savoir sur ces gestionnaires de portefeuille 2.0.

Contrairement au représentant en épargne collective ou au conseiller en placement qu’on rencontre à intervalles réguliers, on n’aura jamais la chance de serrer la main à un robot-conseiller. Inutile de chercher R2-D2 non plus: l’algorithme est invisible. Derrière cette technologie logicielle en ligne se cache néanmoins une équipe «humanoïde» qui veille au grain. 

Quels sont les services offerts par le robot-conseiller ? 

Sa mission première est d’assurer le placement automatisé des sommes qui lui sont confiées, en adéquation avec notre profil d’investisseur. Plusieurs caractéristiques du robot-conseiller sont susceptibles d’intéresser les investisseurs. «La grande sélection de portefeuilles modèles, le fait que ces solutions d’investissement soient gérées par des professionnels et l’accès en ligne à faible coût en sont quelques exemples», souligne Sabrina Della Fazia, chef nationale des équipes spécialisées pour BMO Ligne d’action. 

De manière générale, l’actif confié au robot-conseiller est investi dans des fonds négociés en Bourse (FNB). Certains fournisseurs permettent d’investir selon une stratégie passive ou active, ou une combinaison des deux. D’autres proposent la possibilité d’investir dans un portefeuille d’investissement responsable. Les actifs privés, dits « alternatifs », se sont aussi immiscés auprès de certains robots-conseillers. Des placements non traditionnels peuvent donc être intégrés à la répartition d’actifs, pour diminuer la volatilité associée aux marchés financiers.  

La gamme des fonctionnalités proposées varie aussi d’un fournisseur à l’autre. Le rééquilibrage automatique est l’une des fonctionnalités courantes. Par celle-ci, le robot-conseiller effectue à intervalles réguliers les modifications requises au portefeuille, selon l’évolution des marchés, pour maintenir la répartition d’actifs visée au départ.  

Quels sont ses avantages? 

Pour investir à intervalles réguliers, le robot-conseiller n’a pas d’égal. Nul besoin d’un rendez-vous avec un représentant de notre succursale bancaire: l’expérience se passe plutôt en ligne, au moment qui nous convient. Une fois le processus enclenché, nos investissements sont sur le pilote automatique!  

«Il s’agit d’un bon point de départ pour épargner avec un accompagnement minimal», explique Frédéric Désilets, conseiller en sécurité financière à la Sun Life. Il y a de l’espace pour plusieurs acteurs dans l’industrie financière. «Les robots-conseillers ont leur place: il y a trop peu de conseillers en chair et en os actuellement. C’est impossible de répondre à la demande», constate-t-il. 

Et comme le rappelle Sabrina Della Fazia, les frais d’utilisation des robots-conseillers sont en général inférieurs aux frais d’investissement traditionnels. «En économisant sur les frais, les investisseurs gardent plus d’argent dans leurs poches.» 

Y a-t-il des bémols à considérer avant de choisir un robot-conseiller ? 

L’un des inconvénients découle de l’avantage précédent. Un coût moindre entraîne généralement un service plus limité. Une situation plus complexe, dans laquelle plusieurs champs de la planification financière personnelle interviennent, requiert probablement une consultation personnalisée avec un humain.  

«Le conseiller en placement est en mesure de vous donner une vision à 360 degrés de votre situation financière. Il apprend à vous connaître et devient le complice tout désigné pour vous aider à prendre la meilleure décision possible en toutes circonstances. Le robot-conseiller ne possède pas nécessairement cette habileté», nuance ainsi Frédéric Désilets. 

De plus, si on détient une forte somme d’argent à faire fructifier, il est possible que les choix de placements proposés nous semblent limités. Certains robots-conseillers n’utilisent que des fonds communs ou des FNB offerts par l’institution à laquelle ils sont rattachés. 

 Comment s’y lancer ? 

«Les investisseurs doivent d’abord répondre à une série de questions pour évaluer leurs objectifs de placement, leurs connaissances en matière d’investissements, leur situation financière actuelle, leur tolérance au risque et leur horizon de placement. Ils seront ensuite jumelés au portefeuille modèle qui leur convient le mieux», explique Sabrina Della Fazia. 

Ce profil d’investisseur n’est pas statique. «Cette évaluation peut être faite à tout moment. Si les besoins et les objectifs changent avec le temps, l’option de passer à un autre modèle de portefeuille peut se faire en toute simplicité», précise-t-elle. Plusieurs modèles de portefeuille préétablis sont habituellement proposés, et leur typologie se décline en plusieurs niveaux : agressif, croissance, revenu, équilibré ou conservateur, à titre d’exemple. 

Que faire en cas de besoin ? 

L’investisseur a la possibilité de parler à un conseiller en placement, par téléphone ou clavardage, si nécessaire. L’expertise de celui-ci ne nous sera cependant jamais exclusivement dédiée et l’accompagnement proposé varie évidemment d’une firme à l’autre. 

Le robot-conseiller prend-il vraiment des décisions d’investissement ? 

Il investit plutôt selon les modalités déterminées par le profil d’investisseur du client. L’algorithme alloue ensuite efficacement les sommes dans différents FNB, selon le portefeuille modèle sélectionné. Au Canada, les conseils ne sont pas complètement automatisés. Le conseiller en ligne doit notamment exercer ses activités par le biais d’une personne physique que l’on nomme « représentant-conseil ». À titre d’exemple, celui-ci doit s’assurer qu’un investisseur au profil prudent n’investit pas dans un portefeuille de placements risqué.  

Donc, robot ou humain, le conseiller a l’obligation de bien connaître son client ! En fait, les obligations légales d’un conseiller demeurent les mêmes, que le client agisse en ligne ou en personne. Rien à craindre aussi concernant leur pérennité : les robots-conseillers (ou leurs fiduciaires) sont membres du Fonds canadien de protection des investisseurs (FCPI). L’Autorité des marchés financiers (AMF) se fait aussi rassurante. «Nous n’avons pas reçu de plaintes concernant cette technologie financière», confirme Sylvain Théberge, directeur des relations médias pour l’organisme.  

Peut-on se fier aux recommandations du robot-conseiller ?  

Oui, à condition de répondre honnêtement aux questions posées au moment de compléter le profil d’investisseur. «Les investisseurs bénéficient de l’expertise de professionnels dévoués qui surveillent le portefeuille et le rééquilibrent au besoin. Les clients peuvent ainsi avoir l’esprit tranquille, sachant que leurs investissements resteront sur la bonne voie pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs financiers», explique Sabrina Della Fazia. 

Les Canadiens ont l’embarras du choix lorsque vient le moment de choisir un robot-conseiller. «Il s’agit d’un segment d’affaires en pleine croissance. Évaluez toutes les offres disponibles et comparez les différentes propositions pour dénicher celle qui correspond le mieux à vos besoins d’investissement», recommande Sabrina Della Fazia. 

Doit-on lui confier l’ensemble de nos économies ? 

Pas nécessairement. Certains investisseurs choisissent d’utiliser cette technologie pour gérer une fraction de leur patrimoine, confiant l’essentiel de leurs épargnes à un conseiller traditionnel. Mieux vaut adopter d’abord l’approche des petits pas pour valider notre appréciation, ou simplement diriger notre nouvelle épargne vers l’un de ces outils.  

Quels sont les frais à assumer ? 

Le recours aux robots-conseillers est économique. Mais ce n’est pas gratuit! Avant d’ouvrir un compte, il faut s’informer des modalités à respecter et de la grille tarifaire en vigueur. C’est le meilleur moyen de ne pas avoir de surprises. 

Le premier coût à assumer, c’est celui pour l’utilisation du robot-conseiller, afin de bénéficier de la gestion professionnelle de portefeuille qui s’effectue en arrière-plan. Ces frais de gestion (ou frais de tenue de compte, ou commissions annuelles de consultation) ne représentent qu’une fraction des honoraires à débourser pour un conseiller en placement.  

Finalement, tous les FNB comportent des frais de gestion et des dépenses réunies sous l’appellation de «ratio des frais de gestion» (RFG). Mais que l’achat ou la détention du FNB se fasse par l’entremise d’un robot-conseiller ou de manière individuelle dans un compte de courtage en ligne, le RFG s’applique! 

Le coût est-il le seul critère à soupeser avant de choisir ? 

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte avant d’arrêter notre choix sur un robot-conseiller. Est-on à l’aise avec la technologie? En quoi consiste la proposition de valeur de notre institution bancaire actuelle à ce chapitre? Même rengaine lorsqu’on se magasine un conseiller en placement en chair et en os: il faut s’informer et poser des questions! 

«Je suis un passionné de ski alpin. J’achète donc mon équipement auprès d’un marchand spécialisé. À l’inverse, je déteste le golf, mais j’ai eu besoin d’équipement pour participer à certains tournois. Cet équipement a donc été acheté en vitesse, dans un magasin à grande surface. Il n’y a donc pas qu’une seule façon de planifier votre retraite, non plus : tout dépend de ce qui est important à vos yeux», conclut Frédéric Désilets. 

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