Comment dénicher LE bon conseiller financier?

Comment dénicher LE bon conseiller financier?

Par Sophie Stival

Crédit photo: iStock

Bonifier ses rendements, revoir ses stratégies d’investissement et planifier sa retraite: quelle est la meilleure façon de trouver la perle qui nous guidera dans ces démarches? Pistes de réponse.

Le conjoint de Jany Renaud prendra sa retraite l’an prochain. Elle aimerait bien faire de même. La comptable de 59 ans ignore si elle en a les moyens. Ses placements sont dispersés dans plusieurs institutions financières et elle traite avec plusieurs experts.

À l’approche de la retraite et quand on prévoit décaisser des placements dans les prochaines années, il est généralement avisé de regrouper ses actifs au même endroit – avec un seul conseiller. «Ce sera plus simple lorsqu’il faudra choisir quels titres ou fonds vendre dans un REER ou un autre type de compte. On ne doit pas confondre la notion de diversification avec le fait de détenir des actifs dans cinq institutions financières, par exemple. Dans un tel cas, ce serait plutôt de l’éparpillement», remarque Mélanie Beauvais, actuaire et planificatrice financière chez Bachand Lafleur, groupe conseil.

En rapatriant tous ses avoirs sous un même toit, Jany pourrait profiter de frais de gestion moindres en raison d’un montant d’actif plus élevé. Elle aura une vue d’ensemble de sa situation financière. Son conseiller pourra s’assurer qu’elle tire le meilleur parti de tous les régimes à sa disposition – par exemple, si elle a des placements dans un compte non enregistré, mais que son CELI n’est pas maximisé. Même chose si elle a des cotisations inutilisées au REER alors qu’elle est en fin de carrière et que son salaire est plus élevé.

Par ailleurs, il sera important pour Jany de faire son budget afin d’établir son coût de vie. Une planification financière complète lui permettra de déterminer si, une fois à la retraite, ce coût de vie est supportable considérant l’épargne accumulée et selon diverses stratégies de décaissement. « On pourrait avoir à couper dans les dépenses ou à retirer des épargnes plus rapidement afin de reporter certaines rentes et, ainsi, de les bonifier. Si le scénario ne tient pas la route, Jany devra possiblement travailler quelques années de plus», ajoute Mélanie Beauvais.

Quel expert choisir?

En matière de conseil financier, il existe plusieurs types d’experts pour nous accompagner dans nos projets d’investissement et la planification de notre retraite. À nous de choisir celui qui correspond le plus à nos besoins.

Planificateur financier: il donne une vue d’en- semble de notre situation financière et peut offrir des conseils dans sept domaines: aspects légaux, assurance, finance, fiscalité, placement, retraite et suc- cession. C’est un peu l’omnipraticien des finances personnelles. Pour vendre des produits financiers, il doit détenir un permis supplémentaire.

Représentant en épargne collective: il analyse nos besoins et nos objectifs financiers et propose des produits adaptés à notre profil d’investisseur. Il vend essentiellement des fonds communs de placement.

Courtier en placement ou gestionnaire de portefeuille: à l’emploi d’une firme de courtage de plein exer- cice, ce professionnel doit comprendre les objectifs de ses clients et leur profil d’investissement, en plus d’émettre des recommandations sur la répartition des actifs. Il peut acheter et vendre des titres individuels, des fonds communs de placement et des fonds négociés en Bourse (FNB).

Conseiller en sécurité financière: cet expert, également appelé représentant en assurance de per- sonnes, examine notre situation financière et suggère des moyens de protéger et de faire fructifier notre patrimoine. Il peut vendre des produits d’assurance-vie, d’assurance contre les maladies graves et d’assurance-invalidité, des rentes individuelles d’un assureur ainsi que des fonds distincts.

Comment cibler la personne idéale?

Si les références d’amis ou de membres de la famille s’avèrent une bonne façon de trouver la perle rare, il faut se montrer vigilant. «Le conseiller du voisin n’est pas nécessairement le bon pour nous», mentionne Michel Gariépy, analyste à la direction de l’éducation financière à l’Autorité des marchés financiers.

L’expert suggère d’abord d’en rencontrer quelques-uns et de poser des questions. Comment pourra-t-il nous aider à atteindre nos objectifs ? Quels sont les produits et services qu’il offre, ses permis et ses qualifications? Quel est le profil de sa clientèle? Comment est-il rémunéré? Faut-il détenir un actif minimum pour traiter avec ce professionnel? Quelle sera la fréquence des suivis pour notre portefeuille? Un bon conseiller posera également des questions. Il voudra connaître nos objectifs personnels et financiers, ainsi que nos connaissances et notre expérience des placements. Cela dit, il ne peut prédire les mouvements du marché ni recommander des placements à haut rendement sans risque. «Il faut donc gérer nos attentes et rester réaliste», souligne Michel Gariépy.

Vérifier les qualifications avant de poser son choix

Comment savoir si l’entreprise ou la personne avec qui on fait affaire a le droit d’exercer des activités liées au conseil ou à la vente des produits financiers qu’elle nous offre? En consultant le Registre des entreprises et des individus autorisés à exercer sur le site de l’AMF. On peut aussi se renseigner au Centre d’information de l’AMF, au 1 877 525-0337.

La valeur du bon conseil

L’équipe de recherche de Placements Vanguard Canada a quantifié la valeur ajoutée associée aux meilleures pratiques en matière de gestion de patrimoine. Il est ici question des compétences et du service offert par le conseiller financier. On estime qu’un professionnel des placements pourrait ajouter environ 3% (300 points de base) de rendement net annuel pour ses clients. La moitié de cette valeur est associée à l’encadrement des comportements du client: «Par exemple, un investisseur qui détenait 60% en actions et 40% en obligations et qui a voulu vendre tous ses titres boursiers après la chute boursière de 2008, mais qui ne l’a pas fait après en avoir discuté avec son conseiller afin de suivre son plan à long terme», illustre Félix Duchaîne, directeur régional pour Montréal, Laval et l’est du Québec à Placements Vanguard Canada.

Faut-il le rappeler? Les Bourses mondiales ont connu des rebonds spectaculaires en 2009. L’étude de Placements Vanguard évalue à environ 75 points de base par année la valeur ajoutée d’une gestion adéquate des frais et du rééquilibrage des portefeuilles. Également importants: une répartition adéquate des actifs au moyen de fonds FNB bien diversifiés, l’emplacement des actifs et la stratégie liée aux retraits (l’ordre des retraits).

L’importance de la diversification

Dans un environnement où l’inflation demeure préoccupante et avec des taux d’intérêt qui ont beaucoup augmenté, diversifier adéquatement ses placements peut aussi s’avérer un défi.

Un portefeuille devrait au minimum générer un rende- ment qui protège contre l’inflation, autrement, l’épargnant perd du pouvoir d’achat. Les retraités qui pigent dans leurs économies sont particulièrement vulnérables, puisqu’ils n’ont plus autant de revenus indexés – dont le salaire – pour les protéger. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir une par- tie de ses investissements dans des actions. En achetant une action ordinaire d’une entreprise, si l’inflation augmente, l’entreprise en question risque d’augmenter le prix de ses produits et, potentiellement, ses bénéfices, ce qui se traduira par une augmentation du prix de l’action.

«Idéalement, on veut construire un portefeuille diversifié à coûts bas, composé d’actions et d’obligations à l’échelle mondiale, et qu’on détiendra à long terme», affirme Félix Duchaîne. Avec une espérance de vie qui dépasse les 85 ans pour une personne de 65 ans, l’horizon de placement des retraités est encore long, sans compter ceux qui veulent laisser un héritage à leur descendance.

La bonne répartition d’actifs

Enfin, il est essentiel d’établir un plan et des objectifs clairs qui vont ancrer l’investisseur à long terme. De tels objectifs permettent de déterminer l’horizon de placement, qui est lui-même intimement lié à la tolérance au risque et à la répartition d’actifs.

«Les recherches montrent que la répartition d’actifs explique environ 90% de la variabilité du rendement espéré d’un portefeuille», précise Félix Duchaîne. Le partage entre les actions et les obligations sera lié aux objectifs de l’investisseur et au temps qu’il lui reste pour les réaliser. «Les investisseurs ont tendance à surestimer leur tolérance au risque lors de marchés haussiers et à la sous-estimer quand ça brasse», constate l’expert. Sa recommandation: rééquilibrer le portefeuille vers ses pondérations cibles lorsque nécessaire, en achetant et en vendant les proportions souhaitées dans chaque catégorie d’actifs. Un spécialiste des placements peut nous aider dans cette tâche de rééquilibrage.

Cela dit, quelles que soient les compétences prétendues du spécialiste qu’on veut consulter, il faut d’abord prendre le temps de vérifier s’il est effectivement inscrit à l’Autorité des marchés financiers (voir ci-contre), en plus d’exiger de bien comprendre ses recommandations. Dans le cas des planificateurs financiers, il est possible de consulter le répertoire en ligne de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).

Signalons enfin qu’un spécialiste peut porter plusieurs titres. Ainsi, un planificateur financier pourrait également être courtier en placement et conseiller en sécurité financière.

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