Moteur à combustion, électrique ou hybride, véhicule utilitaire sport ou berline, quatre roues motrices ou non, sans compter le choix déchirant de la couleur : pas facile de magasiner une voiture neuve! Et surtout, on ne veut pas se faire avoir ou dépasser son budget. Voici des conseils pour faire un achat intelligent sans se ruiner.
Après les années de pandémie, où les inventaires de voitures neuves et d’occasion étaient à leur plus bas niveau, exerçant une pression à la hausse sur les prix, le marché automobile a fait cette année un atterrissage en douceur. Ce retour à la normalité se traduit par une diminution du prix de vente des voitures au Québec de 2,1% en septembre 2024 (par rapport à la même période en 2023), selon les chiffres compilés par AutoHebdo.net, un site de petites annonces en ligne. Enfin, on souffle un peu!
«Les stocks chez les concessionnaires font un grand retour. Les consommateurs n’ont plus, sauf exception, à attendre des semaines avant de prendre possession de leur véhicule. La même tendance s’observe dans le créneau des voitures électriques, historiquement plombé par d’importantes pénuries d’inventaires», explique Jesse Caron, expert automobile chez CAA-Québec.
Autre bonne nouvelle pour les consommateurs: après des sommets, les taux d’intérêt redescendent sur terre, donnant de l’oxygène au budget des ménages.
Cependant, tout n’est pas rose pour autant. Les voitures abordables, comme les sous-compactes et les compactes, disparaissent des catalogues pour cause de manque de rentabilité. Les géants de l’automobile les remplacent par des véhicules plus massifs qui se vendent plus cher. Signe de cette tendance, le prix moyen des véhicules frôlait les 65 000$ en septembre 2024, indique AutoHebdo.net.
Du coup, l’achat d’une voiture représente un sacrifice financier important. Il faut donc bien réfléchir avant de signer un contrat de vente, au risque de dépasser sa capacité budgétaire.
Bien s’informer et magasiner
Premier conseil des experts: avant d’entamer une tournée des concessionnaires, il faut faire ses devoirs. «Consultez les articles de la presse automobile afin de déterminer les véhicules qui répondent à vos besoins. Par la suite, faites le tour des sites de vente afin de vous renseigner sur les prix et les options offertes. Vous arriverez ainsi mieux outillés chez le concessionnaire», soutient Jodi Lai, rédactrice en chef d’AutoHebdo.net.
Face au marketing agressif des manufacturiers, qui vendent des véhicules de plus en plus spacieux et luxueux, difficile de résister à la tentation du «tant qu’à y être». Avant de visiter les salles d’exposition, rappelez-vous la fameuse question de Pierre-Yves McSween: «En avez-vous vraiment besoin?» Ce luxe ostentatoire, que vous allez rembourser pendant 96 mois aux deux semaines, vous rendra-t-il plus heureux? Sûrement pas. «Le danger est de devenir prisonnier d’un contrat de financement à long terme où le solde du prêt sur le véhicule sera supérieur à sa valeur sur le marché», dit Jodi Lai.
Dans le jargon du métier, c’est ce qu’on appelle le capital négatif. Comme le souligne Daniel Breton, président de Mobilité Électrique Canada, auteur de plusieurs guides sur les voitures électriques: «N’achetez pas le véhicule de rêve, achetez le véhicule qui répond à vos besoins réels.»
Erreur commune : de nombreux automobilistes recherchent un véhicule en fonction des mensualités qu’ils veulent débourser. «Or, si vous révélez les mensualités souhaitées au concessionnaire, le vendeur s’arrangera pour que ça marche, quitte à prolonger indûment le prêt. Il est préférable de garder cette informa tion confidentielle et de tenter tout d’abord d’obtenir le meilleur prix de vente possible. Par la suite, on négocie les termes du financement», dit Jesse Caron.
Attention, les mensualités ne disent pas tout sur le coût d’un véhicule. Les versements mensuels d’une voiture sans pot d’échappement pourraient dépasser ceux de son comparable à essence. «Par contre, son coût d’utilisation reviendra beaucoup moins cher en raison du prix moins élevé de l’électricité», soutient Daniel Breton. D’où l’importance de ne pas sous-estimer, dans son budget, le coût de possession. Et puisqu’il est question ici de modèles électriques, malgré une mort annoncée du programme Roulez vert en 2027, les Québécois profitent toujours en 2025 d’une subvention à l’achat de 4000$ pour un véhicule 100% électrique et de 1000 à 2000$ pour un véhicule hybride rechargeable.
Augmenter son pouvoir (limité) de négociation
Les baby-boomers se souviennent des économies qu’ils pouvaient faire auparavant en argumentant avec le directeur des ventes. Mais le contexte a changé. Les marges bénéficiaires des concessionnaires, dit-on, rapetissent comme peau de chagrin. Les aubaines se raréfient.
«On constate un retour timide de la négociation depuis peu, mais il faut avoir des attentes réalistes», disent à l’unisson Jodi Lai et Jesse Caron.
Une certaine marge de négociation s’avère possible pour les modèles dispendieux et si le modèle convoité est en stock. «Pour une voiture à 40 000$, la marge de négociation est mince, voire inexistante», prévient l’expert de CAA-Québec. Il est possible de tirer son épingle du jeu du côté des accessoires: tapis, pneus d’hiver, attache-remorque, barres de toit, alouette, en obtenant rabais ou gratuités.
«Prenez garde, il arrive régulièrement que les pneus d’hiver soient finalement facturés, bien qu’ils aient été supposément inclus. Relisez bien le contrat de réservation avant de le signer», conseille Jesse Caron.
Les accessoires des fabricants séduisent. Cependant, ils font grimper la facture à une vitesse incroyable.
«Avant de dire oui à tous les gadgets et au système antivol proposé par le concessionnaire, vous devez savoir que tous ces produits se vendent chez les fournisseurs indépendants à moindre prix», avertit Jesse Caron.
Votre portefeuille vous en remerciera.
Obtenir la meilleure valeur d’échange
Important: on s’entend sur le prix de vente du véhicule convoité AVANT de discuter de la valeur d’échange de son véhicule d’occasion, et non l’inverse. «Sinon, le vendeur pourrait donner un bon prix pour le véhicule d’échange, mais récupérera ce montant en vendant le véhicule neuf plus cher», met en garde Jesse Caron.
Note: les concessionnaires paient les voitures usagées en dessous du prix qu’on obtient auprès des particuliers. Donc, on maximisera la valeur de son bazou en l’offrant sur les sites des petites annonces.
Contrairement à la croyance populaire, il serait moins profitable de vendre sa voiture chez le concessionnaire de la même marque que celle-ci plutôt que chez un concessionnaire d’une autre marque. «Le concessionnaire X connaît à fond les modèles X. Il sera en général plus pointilleux et offrira moins», constate Lorraine Lévesque, courtière en automobile chez CherchAuto. Et on n’oublie jamais qu’avant d’acheter, un essai routier s’impose. Sinon, gare aux mauvaises surprises, comme une position de conduite inconfortable.