Achat d’une voiture: évitez les pièges!

Achat d’une voiture: évitez les pièges!

Par Sophie Stival

Crédit photo: iStock Photo

Vous pensez changer de voiture? Avant d’arrêter votre choix, prenez le temps de magasiner et de trouver le meilleur financement. C’est la clé pour réaliser une bonne affaire!

Déjà, on ne signe jamais de contrat d’achat avec le concessionnaire lors de sa première visite: on n’aurait plus la possibilité de revenir en arrière. Le fameux délai d’annulation de 10 jours ne s’applique d’ordinaire que si la transaction est faite auprès d’un vendeur itinérant (si on vous sollicite à domicile ou dans un kiosque au centre commercial, par exemple). «Si on n’a pas encore pris possession du véhicule et qu’on a demandé un financement auprès du marchand, on aura deux jours pour annuler le contrat. C’est le seul contexte dans lequel l’annulation sera possible», indique Jesse Caron, expert automobile au CAA-Québec. L’organisme a notamment comme mission de protéger et de défendre les intérêts des automobilistes. 

Essayer avant tout

Il est primordial avant toute chose de faire un essai routier pour vérifier la suspension, la visibilité, l’emplacement des commandes et le confort des sièges. Faire un contrôle technique. «La nouvelle Honda Civic, par exemple, est un très bon véhicule, mais la voiture est basse, ce qui pourrait rendre la sortie du véhicule difficile pour des personnes avec un problème de hanche. La Toyota Corolla, autre véhicule populaire, pourrait mieux convenir dans ce cas», remarque Jesse Caron. Il est également recommandé de se faire accompagner et de tester le véhicule sur différents types de routes. 

Ensuite seulement, on discute du prix et des termes du financement avec le conseiller, ainsi que des différentes options ou de l’échange d’une voiture usagée. «Cette feuille de travail, qu’on peut appeler une entente préalable et que l’on signe afin de réserver le véhicule, ne nous engage à rien», précise aussi l’expert. Si un dépôt a été fait et qu’on change d’idée, le vendeur devra nous rembourser. «Le vrai contrat est celui en format légal et en plusieurs copies contenant de nombreuses clauses qu’on devrait signer seulement au moment de la prise de possession du véhicule.»

Choisir son financement

Si on doit financer notre achat, entièrement ou en partie, il faut bien évaluer les différentes options qui s’offrent à nous. «La plupart du temps, les taux offerts par les concessionnaires sont plus avantageux puisqu’ils détiennent une filiale financière, comme Honda Canada Finance et Crédit Ford Canada, ou qu’ils ont des ententes avec des institutions bancaires. Le volume de transactions leur permet alors d’offrir des conditions de financement plus intéressantes», explique Jesse Caron. 

Mieux vaut, en revanche, faire attention à certaines conditions. Si on nous propose du 0 % ou 0,9 %, mais qu’en retour on n’a plus droit au rabais de quelques milliers de dollars du constructeur, il faut en tenir compte. «Parfois, il peut s’avérer judicieux de financer soi-même le véhicule à même sa marge de crédit afin de profiter du rabais, si celle-ci nous coûte un faible taux. On devra toutefois rembourser sa marge de manière disciplinée, en établissant un calendrier de paiements.»

Les taux de financement en vigueur chez les concessionnaires oscillent entre 0 et 3 %, alors qu'à la banque, on se verra offrir du 5, 6, voire 7 %. Ceux qui ont un bon dossier de crédit pourraient néanmoins tirer leur épingle du jeu. Notre décision dépendra des taux de financement obtenus par rapport aux rendements de nos placements. Si on a quelques milliers de dollars dans un compte d’épargne courant qui ne génère presque aucun rendement, il pourrait être intéressant de donner un acompte, qui réduira ensuite nos mensualités.

Et si on loue?

«Dans le cas d’une location, il n’est pas souhaitable de verser un acompte. Si on a un accident et que le véhicule est une perte totale, cet argent sera en effet perdu», prévient Jesse Caron. Certains manufacturiers présenteront aussi des mensualités très alléchantes, souvent pour des véhicules plus luxueux, mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte qu’il faudrait débourser des milliers de dollars pour avoir droit à ce traitement favorable. «La vraie mensualité doit donc être majorée du montant de l’acompte divisé par le nombre de mois de la location.» Par exemple, si Alain songe à troquer sa Toyota Camry contre une berline Lexus avec une mensualité de 399 $ pendant 40 mois, mais qu’il lui faut verser 5 000 $ d’acompte, il lui en coûtera 125 $ de plus pour une mensualité gonflée de 524 $ (5 000 $ divisé par 40 mois). 

La location demeure populaire auprès de ceux qui aiment changer de voiture souvent, qui souhaitent éviter des réparations dispendieuses ou qui veulent conduire des modèles haut de gamme tout en maintenant des paiements raisonnables. «On voudra alors éviter de dépasser la garantie de base qui couvre toutes les composantes du véhicule», indique notre expert. Celle-ci variera d’un constructeur à l’autre. D’ailleurs, CAA-Québec effectue chaque année une étude sur les garanties des véhicules neufs qu’elle met en ligne sur son site (caaquebec.com, onglets «Sur la route», puis «Conseils» et «Outils et références»). Si cette garantie est de 3, 4 ou 5 ans, mieux vaut louer sa voiture pour un terme équivalent.

Quant à la décision d’acheter ou non l’automobile à la fin du terme de la location, c’est du cas par cas. «Si après quatre ans de location, on doit refinancer le solde parce qu’on n’a pas la capacité financière de faire l’acquisition au comptant, c’est un pensez-y-bien. Le véhicule n’est plus neuf et ne donne plus accès à un taux de financement aussi intéressant.» Par contre, si on apprécie sa voiture, qu’on l’a bien entretenue et qu’on a les moyens de l’acheter, cela peut valoir le coup. À noter que les membres de CAA-Québec ont accès gratuitement à des services-conseils afin de comparer divers scénarios de financement. Il existe également de nombreuses calculettes en ligne fiables, comme celles du planificateur financier Éric Brassard (sur son site ericbrassard.com). 

Aller voir ailleurs

Autre recommandation: magasiner plusieurs concessionnaires de marques concurrentes, ou quelques franchises de la même bannière si on lorgne un modèle d’une marque en particulier. «Dans un rayon de 10 ou 15 km dans les grands centres par exemple, on pourrait obtenir des prix différents, dépendamment des quotas de vente et des bonis offerts aux concessionnaires par les constructeurs, souligne Jesse Caron. Quand les prix s’équivalent, on pourra parfois négocier selon la couleur des véhicules disponibles, les options désirées et les stocks existants.» Il est possible aussi de marchander certains accessoires, comme des tapis en caoutchouc ou des pneus d’hiver. On veille toutefois à bien négocier le prix du véhicule avant, pour éviter tout ajout du coût de ces bonbons dans ses mensualités! 

Pendant vos démarches, le concessionnaire vous fera également rencontrer un directeur financier (ou directeur commercial). «On vous offrira certains produits financiers, comme de l’assurance-vie ou de l’assurance-invalidité, parfois plus chers que si on les magasine ailleurs.» Or, quand vous avez déjà une bonne assurance-vie, vous n’avez pas besoin d’en prendre une autre pour régler le solde de la voiture s’il devait vous arriver quelque chose. Et si on est retraité et qu’on a des revenus de pension suffisants, l’assurance-invalidité n’est peut-être pas nécessaire. 

En cas de perte totale, l’assurance de remplacement permet, quant à elle, de remplacer son véhicule chez le marchand d’origine ou d’obtenir une indemnité pour le remplacer ailleurs, selon l’option choisie lors de la souscription. Selon des données de la Chambre de l’assurance de dommages, en 2015, la prime moyenne payée pour une durée de cinq ans était de 1 762 $ lorsque la couverture était vendue par un concessionnaire; dans le cas d’un agent ou d'un courtier d’assurances, elle était plutôt de 1 117 $ en moyenne, soit un écart de près de 650 $. Sachez que l’avenant “valeur à neuf” quant à lui est généralement moins coûteux, bien qu’il augmente chaque année particulièrement après 24 mois. Il est offert seulement par un courtier ou un agent en assurance de dommages qui vous expliquera les modalités et l’étendue de cette protection et de l’assurance de remplacement et pourra vous conseiller le produit le mieux adapté à vos besoins. Il faut donc bien faire la distinction quand on demande un prix à son concessionnaire ou son assureur, et peser le pour et le contre. Dans le cas d’une location, l’assurance de remplacement est jugée superflue par CAA-Québec, les contrats de location ayant une clause de garantie d’écart de prix. «Cela oblige la compagnie de financement ou celle qui loue le véhicule à se contenter, en cas de perte totale ou de vol, de l’indemnité de l’assureur comme paiement final», précise Jesse Caron. 

Le danger avec toutes ces options, c’est de les financer en gonflant ses paiements jusqu’ici âprement négociés. Ou pire, d’étirer le remboursement sur 7, 8 ou même 9 ans pour s’offrir plus de luxe. On alourdirait alors notre dette, de même que le paiement des intérêts, et notre véhicule nous coûterait au final beaucoup plus cher.

Attention aux mensualités

Dans l’industrie automobile, tout le marketing et la négociation se font sur le principe de paiements mensuels, hebdomadaires ou bimensuels. Ce qui peut cacher des pièges, comme un acompte à verser. «Pour les paiements à la semaine, on a tendance à multiplier le montant par quatre, alors qu’il y a 4,3 semaines par mois en moyenne», rappelle Jesse Caron. Un déboursé hebdomadaire de 50 $ n’équivaut pas à une mensualité de 200 $, mais de 217 $, auxquels s’ajoutent les taxes.

Plusieurs consommateurs joueront cartes sur table avec leur vendeur en lui annonçant d’emblée le montant mensuel maximum qu’ils sont prêts à payer pour leur véhicule. On met alors fin à la négociation avant même qu’elle commence! «Mieux vaut trouver d’abord le prix de détail du constructeur, incluant les frais de transport et de préparation, qui est affiché sur les sites des manufacturiers. On peut généralement négocier ce prix, puisque le constructeur offre parfois des rabais et que le concessionnaire pourrait également réduire sa marge de profit au-dessus du prix coûtant.»

Ce prix coûtant est également disponible sur Internet, notamment pour les membres de l’Association pour la protection des automobilistes (APA, sur le site apa.ca). Contre 25 $ (+ taxes), les non-membres obtiendront cette information selon la marque et l’année du véhicule. L’organisme offre à ses membres des conseils d’achat ou de location, ainsi que des listes de commerçants recommandés. 

Les bonnes étapes

1 Magasinez plusieurs concessionnaires ou franchises d’une même bannière.

2 Cherchez en ligne le prix de détail et le prix coûtant du véhicule qui vous intéresse.

3 Faites un essai routier accompagné, en prenant votre temps.

4 Ne signez pas le contrat d’achat lors du premier rendez-vous.

5 Négociez le prix d’achat et les accessoires.

6 Évaluez vos besoins en assurances et magasinez-les.

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