Au fil du temps, la société change. Des sujets disparaissent, de nouveaux émergent, d’autres encore évoluent. En voici cinq qui s’inscrivent de façon marquée dans l’air de notre temps.
1. Nourrir l’autonomie alimentaire
La pandémie et la guerre en Ukraine, notamment, ont révélé que notre sécurité alimentaire ne peut pas être tenue pour acquise. Un état de fait qui pousse la réflexion des gouvernements quant à l’importance d’avoir des services d’approvisionnement locaux en nourriture.
«Pas seulement au Québec, mais partout au Canada, on voit depuis deux ou trois ans une augmentation des initiatives pour favoriser l’autonomie alimentaire», affirme Sylvain Charlebois, professeur et directeur scientifique du Laboratoire en science analytique agroalimentaire à l’Université Dalhousie. Toutefois, le Québec est la seule province au pays à avoir adopté une politique sur la question qui implique, entre autres, d’importants investissements à Aliments du Québec (2,5 M$ à 7,5 M $ entre 2020 et 2023) et dont le plan d’action 2018-2023 donnera lieu à un bilan cette année.
«Je suis optimiste, poursuit M. Charlebois. Le Québec et les Québécois sont très soucieux d’acheter local, et ça va se poursuivre et même prendre de la force.» Avec l’inflation importante qu’on vit en 2023, l’achat de produits locaux tendra-t-il à la baisse? Peut-être pas quand on réalise que plus de 70 % des produits Aliments du Québec sont aussi sinon plus compétitifs que ceux venant d’ailleurs.
2. Écoanxiété et solidarité
Si les trois quarts des 18-35 ans sont particulièrement touchés par cette forme d’anxiété selon un sondage Léger paru en 2021, les générations précédentes ne sont pas à l’abri. Et la tendance est lourde. «On est tous touchés par les changements climatiques, car on constate désormais leurs effets de façon claire», dit Annie Chaloux, directrice du Climatoscope, une revue de vulgarisation scientifique sur les changements climatiques: phénomènes climatiques extrêmes, écarts importants de température, etc. De plus, les connaissances scientifiques sont plus nombreuses et on est mieux informés.
Bref, les changements climatiques demeurent un sujet phare en 2023. «Cette année sera particulièrement importante, souligne Mme Chaloux, puisque c’est celle du bilan mondial suite à l’Accord de Paris. On évaluera ce qui a été fait, ce qui n’a pas été fait, tout le travail à venir…» De plus en plus d’actions collectives visant à améliorer la situation pourraient aussi apparaître. «Si on peut voir un potentiel de positif par rapport aux changements climatiques, dit Mme Chaloux, c’est ce resserrement des communautés pour trouver des solutions.» Le chercheur finlandais en écoanxiété Panu Pihkala tend au même constat.
Dans un article paru en 2022 dans la revue Frontiers in Climate, l’expert révèle que, chez plusieurs, l’écoanxiété entraîne l’envie de se sentir utile, d’adopter un comportement pro-environnemental comme s’engager dans une association ou entamer une transition écologique à la maison. Bonne nouvelle: 86 % des Québécois sont persuadés de l’urgence d’agir (Baromètre de l’action climatique 2022).
3. Santé mentale: on en parle plus que jamais!
En plus des dommages physiques qu’elle a laissés derrière elle, la pandémie a aussi causé bien du tort à la santé mentale des gens. En février 2022, seulement 58 % des Canadiens de 12 ans et plus estimaient avoir une excellente santé mentale (68 % chez les 65 ans et plus). Toutefois, le côté positif de tout cela: on parle plus que jamais de santé mentale et de maladies mentales.
«Comme société, on avance, dit Renée Ouimet, directrice du Mouvement Santé mentale Québec. Plus de gens en parlent ouvertement, des personnalités publiques témoignent, et c’est une très bonne chose.» Dans les sphères publiques et politiques, des engagements sont pris, comme le plan interministériel du ministère de la Santé et des Services sociaux 2022-2026 visant à mettre en place différentes actions de sensibilisation, de prévention et d’accessibilité aux soins.
4. Voyages: la revanche des vacanciers
Un grand nombre de personnes ont vu leurs plans de voyage démantelés par la pandémie. C’est pourquoi les experts parlent de revenge travel, soit la volonté d’en profiter maintenant que les bornes de sécurité pandémiques sont presque entièrement tombées. Et ce, même si le prix des billets d’avion a beaucoup augmenté.
Selon le Consumer Trends Report 2023, à la question «qu’est-ce qui leur apporterait de la joie dans le futur?», 55 % des répondants ont mentionné les voyages, au deuxième rang après passer du temps en famille. La génération X et les baby-boomers faisaient du voyage l’une de leurs trois priorités, même si ça signifiait couper ailleurs.
À cette tendance à court terme se joignent, selon le CAA Québec, celles du slow travel et du conscious travel. Soit: voyager en prenant son temps et en demeurant plus longtemps aux mêmes endroits, et voyager en prenant particulièrement soin de laisser le moins de traces possible, et parfois même en s’engageant dans des causes communautaires, environnementales ou sociales.
5. Consommation réfléchie
Qualité, coût, confiance en l’entreprise et la bonne réputation de celle-ci sont les premiers critères des consommateurs quand ils choisissent où faire leurs achats, selon le Consumer Trends Report 2023. Des critères qui se retrouvent dans le document La Covid changera de façon permanente le comportement des consommateurs, produit par la grande firme mondiale de conseil Accenture. Faire des achats plus réfléchis, plus durables, locaux, auprès d’entreprises engagées socialement… toutes des considérations qui ont été accentuées au cours des dernières années et qui seront encore, voire davantage, présentes cette année.
Détail intéressant: la pandémie a fait augmenter les achats en ligne dans la population en général, mais c’est chez les 55 ans et plus que cette croissance est le plus marquée! (Académie de la transformation numérique de l’Université Laval, 2021)
Autre fait notable: de plus de plus de gens utilisent le réseau social TikTok, non seulement pour se divertir, mais aussi pour orienter leurs achats. Et non, cette plateforme réputée pour ses courtes vidéos souvent ludiques n’est pas la propriété exclusive des jeunes! Les 60 ans et plus y seraient de plus en plus représentés.
Selon le professeur Reuben Ng, de l’Université de Singapour, expert en gérontologie sociale, ils représentent des créateurs de contenu ayant un impact social important, notamment pour démanteler quelques préjugés liés au vieillissement.
Qu’est-ce qui préoccupe les Québécois aujourd’hui?
En septembre 2022, le baromètre CIRANO, qui analyse les préoccupations des Québécois, a établi que les deux principales préoccupations des Québécois étaient leurs finances et le système de santé. Les 55 et plus particulièrement semblent inquiets quant à la manière dont ils seront pris en charge en cas de maladie. L’environnement et les ressources énergétiques prennent la troisième et la quatrième places.
Je pense que vous avez oublié de mentionner la recrudescence du culte de la minceur chez les plus jeunes en particulier, mais également chez leurs aînés. Le bien paraître est omniprésent et on ne voit que cela à la télévision, les TIK TOK et autres.
Les interventions esthétiques sous toutes les formes, partant de la légère à la chirurgie plus importante sont devenues très courantes à tous les âges, autant chez les hommes que les femmes. On y va à petites doses pour commencer et on répète régulièrement. C’est la jeunesse à tout prix.
Moi, je me teignais les cheveux avec mèches jusqu’en 2020. Sans aucune intervention esthétique, je paraissais 20 ans plus jeune que mon âge, d’après tous les commentaires reçus y compris ceux de mon médecin, de mon dermatologue et des approches masculines. J’ai cessé la coloration durant la pandémie parce que mon gris était luisant et de plus en plus uniforme. J’ai donc assumé mon âge ouvertement et j’ai tout de suite senti un changement en société. On ne me regardait plus de la même façon, on me parlait plus fort, on ne prêtait plus une attention aussi objective à mes propos, mes demandes d’interventions en général, bref, on me faisait sentir vieille et moins importante, alors que j’avais autant de choses intéressantes à dire, d’expériences à partager.
Ici, au Québec, on considère très peu les personnes âgées contrairement à ce que j’ai vu ailleurs partout dans le monde et, croyez-moi, j’en ai fait le tour au moins une fois dans ma vie, en plus d’avoir récidivé à certains endroits qui me plaisaient davantage.
À partir de maintenant, je ne m’éloignerai plus beaucoup parce que les conditions dans les aéroports et le peu de respect des engagements des compagnies aériennes me déplaisent au plus haut point. Je ferai des voyages terrestres moins loin et de plus courte durée, tout simplement.
Merci de me lire.
Merci pour ce témoignage tellement pertinent!
Comme vous, mais pour des raisons différentes, j’ai cessé de teindre mes cheveux
et je m’en porte très bien, affranchie de tous ces diktats d’une mode qui n’en veut qu’à notre argent. Dommage pour les conséquences sociales qui en découlent
mais je choisis d’assumer, un peu plus libre…
Très intéressant. Merci
LE CÔTÉ HUMAIN N’EXSISTE PLUS
Seuls les cellulaires et l’argent comptent. Une personne avec beaucoup d’arthrite les mains croches ne peut ramasser ses achats. C’est moi qui lui ai aidé. Une personne voit un accident et elle filme au lieu d’aider. Que c’est triste cette réalité! Où s’en va-t-on?