De minuscules particules de plastique sont omniprésentes dans l’environnement. Elles font d’ailleurs souvent les manchettes en raison de leurs effets méconnus sur la santé. On en discute avec Daniel G. Cyr, expert en toxicologie et professeur au Centre Armand Frappier Santé Biotechnologie de l’Institut national de la recherche scientifique.
Que sont les microplastiques et d’où proviennent-ils?
Les microplastiques sont des particules dont la taille varie entre 1 micromètre et 5 millimètres. Il y a aussi les nanoplastiques, qui sont des particules d’une taille inférieure à 1 micromètre. La majorité d’entre eux proviennent de la dégradation des plastiques dans l’environnement, mais on en trouve aussi dans d’autres produits, comme les cosmétiques.
De quelle façon y sommes-nous exposés?
Ils pénètrent dans notre organisme par ingestion et par inhalation. Les nanoplastiques peuvent être absorbés par la peau. On en trouve beaucoup dans la nourriture qu’on mange, mais aussi dans l’air qu’on respire et sur les objets qu’on touche. Dans un cours d’eau, par exemple, les invertébrés absorbent des microplastiques en se nourrissant, ils sont ensuite mangés par les poissons, qui sont eux-mêmes pêchés et consommés par les humains. Les microplastiques remontent la chaîne alimentaire de cette façon.
Quels sont leurs effets sur notre santé?
D’abord, on a observé que les microplastiques se retrouvaient partout dans l’organisme humain: dans le cerveau, dans les testicules, dans le placenta, dans les organes reproducteurs des femmes, dans les intestins… Des chercheurs au Nouveau-Mexique ont récemment publié une étude qui démontrait que les personnes atteintes d’Alzheimer avaient dans le cerveau un taux de microplastiques plus élevé que les autres. On rapporte aussi des effets des microplastiques sur les hormones: les perturbateurs endocriniens peuvent s’allier aux nanoplastiques et être relâchés dans des organes reproducteurs, affectant ainsi le fonctionnement hormonal. On commence tranquillement à voir apparaître ce type de lien.
Comment pouvons-nous contribuer à limiter la quantité de microplastiques dans l’environnement?
L’idée, c’est vraiment d’essayer de diminuer la quantité de matières plastiques qui se retrouve dans les déchets. On gagne à recycler et à opter pour d’autres matériaux lorsque c’est possible. En se dégradant, le plastique abandonné dans l’environnement devient plus toxique, puisque ses molécules sont très réactives.