L’Allemagne en mode bien-être

L’Allemagne en mode bien-être

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: Alex Bertha via Unsplash

Envie d’une cure thermale authentique? Cap sur Wiesbaden et Baden-Baden, en Allemagne, pour plonger avec délice dans des sources bienfaisantes au cœur de parcs élégants, tout près du Rhin. 

C’est par accident que les Romains ont découvert les «bains dans les prairies»: ils y ont envoyé leurs chevaux et soldats blessés, qui en sont revenus complètement transformés! Depuis, les 26 sources thermales de Wiesbaden n’ont jamais cessé de faire du bien, soulageant notamment les rhumatismes. Située le long du Rhin, non loin de Francfort, Wiesbaden est devenue le siège du duché de Nassau en 1806 et, surtout, l’une des villes thermales les plus en vogue du monde à la fin du XIXe siècle. Elle attirait nobles et millionnaires de l’époque, qui soignaient leurs maux dans ses bains, avant de se divertir dans son théâtre, ses parcs ou son casino, en dégustant des vins du Rheingau. Un programme plutôt agréable... qu’on peut s’offrir à notre tour aujourd’hui! 

Certes, les deux guerres mondiales ont freiné cet âge d’or, mais Wiesbaden possède encore plusieurs joyaux de sa Belle Époque, dont plus de 800 villas, un superbe établissement thermal et une vieille ville presque intacte (elle fut peu touchée par les bombardements alliés en 1945). Commençons notre périple là, dans les charmantes rues piétonnes autour de la place du Château. Le plus vieux bâtiment et premier hôtel de ville y côtoie le second, avec ses tourelles Renaissance et ses briques rouges, qui ornent aussi l’église du marché, juste à côté. Les jours de marché (mercredi et samedi), on en profite pour goûter quelques produits régionaux, avant de déguster une pâtisserie ou un copieux déjeuner allemand (fromages, pains, œufs à la coque et charcuteries) au Café Maldaner (sur la Marktstrasse).

Ensuite, allons découvrir le superbe établissement thermal Kaiser-Friedrich, entièrement conçu dans le style Art déco. Attention: il s’agit de bains mixtes (6 jours sur 7), où le maillot de bain est interdit (comme dans plusieurs autres spas allemands, d’ailleurs). On peut y louer une serviette ou un peignoir pour circuler dans les couloirs, mais dans les bains et les saunas, oublions la pudeur! Au début, c’est un peu intimidant, bien sûr, mais les curistes allemands semblent tellement à l’aise (et vraiment pas voyeurs!) qu’on finit par lancer la serviette… dans tous les sens du terme. On commence alors à apprécier vraiment le silence et l’ambiance feutrée, les saunas secs et à vapeur, les bains à remous, la piscine ou les jets rafraîchissants, puis les salles de repos, décorées de faïences ou de lumières bleutées. Très relaxant… On peut également s’offrir un massage (assez tonique!), un enveloppement de boue ou une séance de détente dans le sable (il faut demander la brochure en anglais pour suivre les consignes).

Champagne!

Le lendemain, on se balade sous les platanes ou devant les boutiques chics de la Wilhelmstrasse, avant d’emprunter les sentiers ombragés du Warmer Damm, qui mènent au théâtre national, bordé par sa longue colonnade couverte. En longeant les parterres et les fontaines du parc Bowling Green, on arrive devant l’imposant Kurhaus, qui abrite le casino. On y admire les fresques et les vitraux du foyer principal, avant de sortir dans les jardins derrière. Un buste de Dostoïevski rappelle que l’auteur russe y a perdu une petite fortune (ainsi qu’à Baden-Baden), ce qui lui aurait d’ailleurs inspiré son roman Le joueur. 

Ensuite, rendons-nous sur la montagne, pour y emprunter le sympathique funiculaire Neroberg, qui fonctionne encore grâce à son système hydraulique complètement original. De là-haut, on aperçoit le vignoble Neroberg (appartenant à l’abbaye d’Eberbach), les nombreuses villas du XIXe siècle et les cinq bulbes dorés de l’église orthodoxe que le duc Adolphe de Nassau fit construire pour sa jeune épouse russe, morte à 19 ans. Pour terminer la journée sur une touche pétillante, on passe voir la superbe collection d’Art nouveau au Musée de Wiesbaden (meubles, peintures, lampes, etc.) ou on déguste quelques bulles au siège social de Henkell Freixenet, un des plus grands producteurs mondiaux de vins mousseux. En soirée, on pourra revenir tenter notre chance à la roulette, au baccara ou au poker dans les magnifiques salles du casino!  

Baden-Baden la luxueuse

Si Baden-Baden est probablement la station thermale la plus connue du pays, voire le Monte-Carlo de l’Allemagne, elle le doit au prestige de son casino. De nombreux souverains et célébrités, dont la reine Victoria, l’impératrice Élisabeth d’Autriche (Sissi) ou Marlene Dietrich, ont été séduits par l’élégance de l’endroit et ses sources thermales, très riches en minéraux. Bien qu’ils aient délaissé les carrioles pour des voitures de luxe, les visiteurs actuels (beaucoup en provenance de Russie et des pays du golfe Persique) apprécient plus que jamais ses spas, ses hôtels et les nombreuses boutiques haut de gamme des rues piétonnes du centre-ville.

Ici aussi, les vertus des sources sont connues depuis l’Antiquité, comme en témoignent les vestiges des anciens thermes encore visibles à l’intérieur du Friedrichsbad. Construit en 1877, celui-ci était considéré à l’époque comme l’établissement thermal le plus moderne d’Europe. Ce véritable temple du bien-être propose aujourd’hui un parcours de 17 stations, réparties en plusieurs espaces, généralement mixtes (sauf les lundis, jeudis et samedis). Après une succession de bains chauds, on peut s’offrir un massage (au savon et à la brosse) avant de s’engager dans les nombreux saunas vapeur, les bains à remous et le bassin d’exercice chaud, puis de passer au bain froid et aux salles de détente ou de lecture. Une alternance particulièrement bénéfique pour la circulation sanguine et la peau.

Flâneries chics

Juste à côté, les thermes de Caracalla affichent une décoration et un style plus modernes. Les maillots de bain étant acceptés (au rez-de-chaussée), l’ambiance y est plus cosmopolite, plus familiale et moins silencieuse. On y apprécie le bain de vapeur aromatique et les nombreux jets de la piscine intérieure. L’étage supérieur (réservé aux nudistes) compte aussi des saunas et de belles terrasses ensoleillées.

Le lendemain, on va marcher le long de l’élégante Lichtentaler Allee, qui suit la rivière Oos sur plusieurs kilomètres. On passe devant le théâtre, le Kurhaus (qui abrite le casino), et l’ancienne buvette d’eau thermale (Trinkhalle), dont les nombreuses colonnes cachent des fresques sur l’histoire de la région. Cette «allée des flâneries» (son surnom) longe aussi de magnifiques jardins, plusieurs musées (dont deux d’art contemporain) et le chic hôtel Brenners Park & Spa (un des meilleurs d’Allemagne), dont la terrasse ensoleillée est toute désignée pour goûter le fameux gâteau forêt-noire. Là encore, on termine la journée au célèbre casino, ne serait-ce que pour en admirer le somptueux espace, la clientèle et le décorum, tous impressionnants.

Wiesbaden et Baden-Baden offrent toutes deux un heureux mélange de culture, de détente et d’effervescence. Une belle invitation à y plonger… corps et âme! 

En pratique

S’y rendre Lufthansa et Air Canada proposent de nombreux vols hebdomadaires vers Francfort (lufthansa.com ou aircanada.com). Des trains rapides (lignes S8 ou S9) relient l’aéroport de Francfort à Wiesbaden en 40 min. D’autres relient aussi Wiesbaden à Baden-Baden (env. 2 h). Info: bahn.com.

Où manger À Wiesbaden: le restaurant Uhrturm propose d’excellentes spécialités allemandes, et la chocolaterie Kunder est réputée pour ses pralines et tartelettes aux ananas. À Baden-Baden: le très élégant café König est idéal pour les repas du midi ou une pâtisserie, tandis que le Weinstube im Baldreit propose des spécialités allemandes, servies notamment sur sa charmante terrasse. 

À voir aussi L’abbaye d’Eberbach et le château de Biebrich (tout près de Wiesbaden). 

Pour plus d’info On consulte les sites wiesbaden.de, baden-baden.com et germany.travel. 

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